Suite de notre série d'articles sur l'accès à la propriété au Danemark : après Devenir propriétaire au Danemark : 10 choses à savoir où Anne Mette Toft-Vibe, spécialiste en droit immobilier a évoqué le processus d'acquisition au Danemark, trois familles partagent leurs récentes expériences d'achat immobilier. Aujourd'hui Justine B. (nom d’emprunt), son mari et ses 3 enfants arrivés à Copenhague à l’été 2018 qui ont acheté une maison non loin du Lycée français.
Quelle a été la genèse de votre projet ?
Nous avons rapidement constaté en arrivant qu’il y avait très peu de biens à louer dans le quartier de l’école française et surtout peu de biens disponibles dans le budget alloué (25 000 DKK). Arrivant d’un pays où les logements étaient très spacieux et hyper équipés (en salles de bain notamment), le niveau des loyers demandés pour les biens proposés nous a poussés à chercher une autre solution. Nous avons rapidement compris qu’en tant qu’européens, avec une perspective de séjour à plus de cinq ans, acheter notre logement était envisageable. On s’est aperçu aussi que les biens qui nous intéressaient étaient souvent plus à vendre qu’à louer.
Qu’en est-il finalement du coût de votre logement ?
En tant que propriétaire, le coût de notre logement est de l’ordre de 40% moins cher par rapport à un loyer pour un bien équivalent et ce pour 2 raisons : les taux sont très bas et la flexibilité des prêts hypothécaires nous a permis de réduire nos remboursements dans un contexte où nous n’avions qu’un seul revenu ce qui est très confortable.
Combien de temps vous a-t-il fallu pour réaliser ce projet ?
Huit mois en tout. Nous étions pressés puisqu’en logement meublé sans nos affaires personnelles. Pourtant nous n’avons pas osé franchir le pas lors de la première maison visitée qui nous a plu. Rétrospectivement cela n’aurait pas été un mauvais choix et le délai de réalisation de notre projet aurait été encore plus court. Dans l’intervalle, nous avons eu 2 désistements pour des maisons pour lesquelles nous nous étions décidés : l’une parce que le vendeur a annulé la vente (son propre achat ayant été annulé) et l’autre parce que les vendeurs souhaitaient décaler la vente à une date qui n'était pas acceptable pour nous.
De bonnes surprises et de moins bonnes ?
Les bonnes surprises sont l’économie réalisée sur notre logement bien sûr mais aussi les frais d’acquisition qui se sont révélés beaucoup moins élevés qu’en France. Notre avocat nous a coûté 10 000 DKK et il s’est occupé de toutes les négociations. Les formalités ont été très rapides et très simples, nous avons signé le contrat de manière électronique en quelques clics (pas de rendez-vous physique chez le notaire pour signatures).
Un bon plan sans doute : La découverte du site Boligsiden qui répertorie tous les biens à vendre dans un périmètre donné, l’historique des ventes, les prix des biens vendus dans le quartier, depuis quand le bien est en vente, ainsi que des détails techniques comme le nombre de m2, la date de construction,... Cela nous a permis de gagner beaucoup de temps.
Une mise en garde : les biens sont mis en valeur pour la vente (le fameux home staging), et il faut se méfier de la première impression car le coup de peinture en surface peut se révéler fissuré quelques mois après. Il y a souvent une réelle mise en scène des biens qui les rend très attractifs sur les photos et lors des visites mais qui n’est que cosmétique.
Nous avons d’ailleurs visité une seconde fois les biens qui nous intéressaient vraiment accompagnés d’un entrepreneur capable de repérer et d’évaluer les éventuels problèmes techniques et structurels. Son rapport diagnostic classifiant les problèmes soulevés en 4 catégories (de K0 à K3) suivant leur degré de gravité ce qui donne aussi une idée du coût des travaux à prévoir. L’entrepreneur nous avait été recommandé par l’avocat mais ses évaluations de coût de travaux se sont révélées sous estimées. Il faut donc être vigilant sur cet aspect quitte à faire intervenir 2 professionnels du bâtiment. La difficulté reste qu’il faut être très réactif car si le bien est au juste prix, il part très vite.
Quel conseil donnerais-tu à ceux qui souhaitent se lancer dans cette aventure ?
Contacter les agences qui opèrent dans le quartier qui vous intéresse pour être inscrit sur leur liste mais ne pas se contenter d’attendre et les rappeler très régulièrement (je les appelais presque chaque semaine) car finalement les biens très recherchés sont proposés directement par l’agence à quelques contacts et se vendent sans apparaître sur le marché. La maison que nous avons achetée n’a d'ailleurs pas été proposée sur le marché, nous l’avons visitée et négociée “en avant-première”.
Avec le recul, qu’aurais-tu fait différemment ?
Acheter plus rapidement, en se décidant par exemple pour la première maison visitée. Peut-être également mener les négociations moi-même car s’il était confortable de s’en remettre à l'avocat, la chaîne de communication s’allonge autour des négociations entre vendeurs / agent immobilier / avocat / acheteurs. Je pense que l’on y perd en réactivité et en efficacité.