Dans le cadre de sa tournée dans les pays scandinaves, nous avons rencontré Alexandre Holroyd député sortant de la circonscription des Français de l’étranger d’Europe du Nord en campagne pour sa réélection aux élections législatives de juin.
Pourriez-vous vous présenter pour ceux qui ne vous connaissent et nous rappeler vos liens avec la circonscription ?
Je suis député, membre de la Commission des finances et je travaille notamment sur les questions européennes.
Cela fait 5 ans que je suis élu à l’Assemblée nationale. Je ne viens pas du tout du monde politique. J’ai grandi dans la circonscription et y ai vécu la plus large partie de ma vie : j’y ai été scolarisé, j’y ai étudié, j’y ai travaillé.
En 2016, Emmanuel Macron a lancé un mouvement qui avait pour vocation à moderniser notre pays ; il proposait une politique pro- européenne et résolument progressiste avec une croyance dans la pérénité et la force du modèle social tout en renforçant l’économie française. Je me suis reconnu dans cette offre politique qui dépassait les clivages que l’on avait connus jusque-là !
Emmanuel Macron a été élu président de la République et il m’a demandé de porter les couleurs du projet à l’étranger dans cette circonscription. J’ai dit "oui" car c’est un immense honneur de pouvoir contribuer au bien commun et de porter ce projet que me tenait à cœur. Je suis en particulier persuadé qu’une bonne partie de la philosophie du projet politique que je porte trouve ses racines dans cette circonscription.
Quel est le rôle d’un député des Francais de l’étranger ?
Un député des Francais de l’étranger c’est exactement la même chose qu’un député en France ou un député d’un autre pays. Il légifère, il contrôle l’activité du gouvernement et il représente sa circonscription et porte la voix des citoyens de sa circonscription.
Pourquoi avez-vous souhaité vous représenter aux prochaines élections législatives ?
Pour une première raison assez simple qui est la nécessité absolue de donner une majorité au président de la République. Nous avons eu une élection présidentielle après cinq années de réforme mais aussi marquées par des crises très graves ; nous entrons dans une période d’instabilité considérable et il faut donc absolument que la France garde le dynamisme qu’elle a retrouvé, que la France reste motrice du projet européen. Dans ces élections à venir c’est bien cela qui se joue et il faut que la France reste une grande voix de la scène internationale notamment au vue de la crise en Ukraine.
Dans les législatives à venir, il y a trois blocs: l’extrême droite que l’on connait malheureusement tous trop bien, un nouveau bloc d’extrême gauche et il faut être conscient que ce n’est pas un bloc de gauche mais un bloc où la gauche s’est pliée derrière le programme et la direction de l’extrême gauche. Tous les candidats de ce nouveau bloc s’engagent à soutenir Jean-Luc Mélenchon comme Premier ministre. Je connais Jean-Luc Mélenchon pour l’avoir côtoyé pendant cinq ans à l’Assemblée nationale, il a de très grandes qualités d’orateur mais il faut être très clair, c’est un anti-européen absolument féroce et ce choix de Premier ministre conduirait la France à prendre une position anti-européenne ce qui n’est pas conforme au fonctionnement de notre union. C’est quelqu’un qui a des positions très ambivalentes sur un certain nombre de sujets, notamment sur la Russie, et je pense qu’aujourd’hui ce n’est pas ce qu’il faut à notre pays, sans compter que son programme économique serait une catastrophe pour la France et pour notre modèle social.
Aujourd’hui, il reste le bloc que je veux porter, car c’est un combat auquel je crois ; il s’agit d’un mouvement progressiste, pro-européen qui doit renforcer le modèle social tout en maintenant un économie forte. C’est un bloc que les Français ont choisi il y a quelques semaines. Je veux me battre pour être en mesure de mettre en place le choix des Français car l’élection législative n’est pas le 3e tour de l’élection présidentielle mais la condition de la mise en oeuvre du programme présidentiel. Il fait savoir que les pouvoirs conférés au Premier ministre sont considérables, pour ne pas dire décisifs dans le cadre d’une cohabitation.
La deuxième raison de ma candidature est que je reste convaincu que notre circonscription a beaucoup à apporter aux débats et que j’ai envie de continuer les projets initiés, les engagements que j’ai tenus et ceux que l’on a pris, comme le service national universel par exemple. Je veux aussi porter des sujets comme l’accès aux jeunes de la circonscription au pass-culture.
Quel bilan faites-vous de votre mandat et quels sont, selon vous, les défis qui attendent les Français de votre circonscription ?
Si je regarde ma circonscription, je vois typiquement deux types de problèmes. Des problèmes transversaux qui concernent à peu près tous les Francais de l’étranger. Ce sont souvent des problèmes liés aux services consulaires : par exemple des difficultés pour le renouvellement des titres d’identité avec des délais très importants. On a commencé un travail de modernisation de notre action publique qui est très lent, c’est quelque fois frustrant, mais cela commence à porter ses fruits.
Depuis 2021, à titre d’exemple, l’état civil a été entièrement numérisé et l’engagement que je prends devant les Français de la circonscription est que le renouvellement des cartes d’identité et des passeports soit entièrement dématérialisé d’ici la fin du mandat. C’est extrêmement important pour ceux qui habitent loin des consulats et pour lesquels c’est un exercice coûteux et chronophage. Un Français n’aura ainsi plus besoin de se déplacer au consulat pour réaliser sa démarche. Mais nous souhaitons aller encore plus loin pour plus d’efficacité des services publics.
Il y a aussi des problèmes spécifiques à certains pays de la circonscription. Par exemple, sous ce mandat, il n’y avait pas encore de convention fiscale bilatérale entre le Danemark et la France ; j’avais pris l’engagement en 2017 de tout faire pour en ratifier une nouvelle et j’ai eu l’honneur d’être aux cotés de Bruno Lemaire et de son homologue danois pour la ratifier il y a quelques mois (NDLR : le 4 février 2022) et je suis satisfait de pouvoir dire que cet engagement a été rempli.
Il y a des sujets comme la fiscalité où l’on a beaucoup progressé également. J’avais pris l’engagement en 2017 de faire cesser la fiscalisation sur certains revenus français aux cotisations sociales (CSG, CRDS). En 2018, j’ai fait porter un amendement qui en a fait une réalité en 2019.
Il reste, enfin, encore des soucis plus particuliers: des lycées dans certains pays de la circonscription qui ont besoin d’assistance, un réseau FLAM (Français Langue Maternelle) qui a besoin de soutien, des accompagnements d’initiatives de soutien social. Je pense que dans les cinq 5 années qui viennent, ce sont les défis que nous devons relever collectivement.