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Chabada Bada, une femme et le théâtre, rencontre avec Martine Frecon

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Théâtre sans animaux par la troupe Chabada Bada
Écrit par Joëlle Borgida
Publié le 12 mars 2020, mis à jour le 22 mars 2022

- Lorsque nous avons préparé cet article, les mesures de confinement n'avaient pas encore été annoncées mais depuis les représentations ont été annulées. Toutes nos pensées à la troupe Chabada Bada et à Martine en particulier. - 

 

La troupe Chabada Bada jouera la pièce de Jean-Michel Ribes, Théâtre sans animaux, les 28 et 29 mars prochains, au Théâtre Ved Sorte Hes, Martine Frecon à l'initiative de ce projet nous en parle. 

 

Comment est né ce projet d’atelier théâtre à Copenhague ?

Martine : Je suis arrivée à Copenhague en novembre 2018 avec l’envie d’intégrer une troupe de théâtre. J’arrivais directement du Qatar où j’avais eu la chance de participer en tant que comédienne à un atelier de théâtre amateur qui préparait deux projets de spectacle.

 

A Doha, j’ai aussi eu l’occasion d’animer une chronique hebdomadaire sur Oryx fm, la radio francophone du Moyen-Orient, Un autre reg’Art, une invitation à voir autrement des lieux singuliers du Qatar. J’ai vraiment adoré cette expérience qui n’était pas si éloignée du théâtre et pour laquelle je me suis formée à l’INA (Institut National de l’Audiovisuel).

 

Malheureusement, en arrivant au Danemark, je n’ai pas retrouvé d’atelier théâtre francophone, en revanche je me suis vite rendu compte que, comme moi, beaucoup de gens s’intéressaient au théâtre. Encouragée par l’association Copenhague Accueil j’ai donc proposé en mars 2019 de créer un atelier.

Cet atelier est basé sur les fondamentaux du théâtre : espace, corps, voix, concentration, travail de construction de personnages et aussi improvisation. Il s’adresse à tous, à ceux qui ont déjà une expérience théâtrale mais aussi aux débutants. Ma priorité est la bienveillance, le respect et la bonne humeur.

Une quinzaine de personnes ont rejoint l’atelier ; pour la plupart d’entre elles, c’est une première expérience théâtrale. J’ai beaucoup insisté sur l’idée que ce travail que nous ferions ensemble n’impliquait pas forcément de monter sur les planches, on pouvait juste y participer pour gagner en aisance à l’oral ou développer son imagination.

 

Néanmoins en juin 2019, quand j’ai commencé à parler d’un projet de spectacle, la plupart des élèves ont souhaité y participer. C’est donc en septembre que s’est constituée la troupe CHABADA BADA, petit hommage nostalgique au film de Lelouch et petit clin d’œil à une troupe pas encore complètement « chabada bada » !  17 comédiens : 13 femmes, 4 hommes !!!!!!

 

Comment le choix s’est-il porté sur Théâtre sans animaux  de Jean-Michel RIBES ?

 

Martine : L’atelier comptait une quinzaine de comédiens, je souhaitais que tout le monde puisse monter sur scène. L’idée d’un spectacle avec des saynètes s’est donc vite imposée. Chacun pourrait avoir son propre rôle !

J’avais eu la chance de voir Théâtre sans animaux de Jean Michel Ribes à Paris dans les années 2000. J’avais adoré ! Cette pièce correspondait parfaitement à ce que je recherchais !

Jouée pour la première fois à Paris au Théâtre Tristan Bernard en 2001 puis reprise en 2013 au théâtre du rond-point, cette pièce a eu un gros succès et a été récompensée en 2002 par le Molière de la meilleure pièce comique et du meilleur auteur francophone. 

 

Sur les 8 saynètes qui constituent la pièce initiale, j’en ai sélectionné 7. C’est une pièce de théâtre qui relève du genre absurde. Mais je vous rassure, elle est très accessible ! Les scènes débutent toujours par des situations banales, chez un coiffeur, dans un musée, dans un théâtre ou au fin fond de la Creuse mais rapidement, tout dérape. On y rit franchement, les situations sont cocasses, mais attention, derrière chaque histoire, Ribes dénonce tous nos petits travers. Ça n’est rien de moins qu’une critique de notre condition humaine !   Orgueil, conventions, hypocrisie, bêtise. Tout y est !

 

Serez-vous sur scène ?

Martine : Non, je préfère rester concentrée sur la mise en scène et la logistique du projet.  En revanche, j’ai nourri mon besoin d’être sur scène par un passage au Cours Florent l’été dernier. Cette expérience a été au-delà de mes espérances. On y travaillait du matin au soir dans un petit théâtre. J’y ai beaucoup appris sur la technique théâtrale mais aussi sur moi-même. J’ai pris un vrai plaisir à être sur scène. Je venais y chercher un regard sans complaisance sur mon travail. Cette expérience au Cours Florent m’a aussi permis d’aborder différemment le théâtre et m’a donné plus de libertés, contrairement à ce qu’on apprend dans les cours de théâtre, on peut se permettre beaucoup de choses sur scène et sortir des conventions. J’ai transposé tout cela dans mon travail à Copenhague. Et puis j’y ai rencontré des gens absolument formidables, nourris par la même passion !

 

Parlez-nous de la mise en scène :

Martine : Tout a commencé par ce joli théâtre Ved Sorte Hest qui nous accueille dans le quartier animé de Vesterbro. L’accueil y a été très chaleureux. J’ai tout de suite adoré ce lieu au charme très français avec son petit bar boudoir et sa jolie salle qui offre 88 places.

Théâtre Ved Sorte Hest Vesterbro Copenhague

 

Il a fallu adapter la mise en scène à l’espace dont nous disposons.  Il me semblait important de garder l’idée de Ribes qui voulait que cette pièce se joue sans ruptures, sans rideau et sans entracte. Les saynètes vont se succéder et les changements de décor se feront donc intentionnellement devant le public.

J’ai aussi choisi de garder la musique de Jean-Claude Camors qui a été composée spécialement pour la pièce. Elle est très singulière et l’accompagne parfaitement.

Je me suis amusée à situer la pièce dans les années 70. Pourquoi ? Peut-être parce que j’ai grandi dans ces années-là…. Bref, cela nous amène à des anachronismes assumés et nous avons beaucoup ri en partant à la recherche de vêtements d’époque. Heureusement, Copenhague regorge de boutiques vintage.

 

Le jeu des acteurs est parti d’un travail « à la table ». Nous avons bien beaucoup étudié le caractère des personnages. Certains comédiens ont délibérément choisi de ne pas visionner la pièce de Ribes. Leur interprétation est très différente de l 'interprétation originelle mais cela fonctionne parfaitement ! ils jouent d’instinct, n’ont donc pas été influencés et ont laissé leur propre ressenti s'exprimer. 

Nous avons la chance de compter un comédien danois francophone et francophile dans notre troupe. C’est une vraie chance, et son petit accent danois apporte un charme indéniable à son jeu !

 

Quel regard portez-vous sur ce projet à 3 semaines de la représentation ?

Martine : Concrétiser ce projet est un vrai challenge pour moi, c’est la première fois que je dirige et que je mets en scène. J’ai considérablement appris ! J’y ai mis toute mon énergie !

La préparation de ce spectacle est aussi une incroyable aventure humaine au-delà du travail théâtral pur ! Le chemin a été semé d’embûches, au départ nous n’avions pas de lieu pour travailler, il a fallu gérer les relations humaines, il y a eu des moments de découragement, de tensions mais aussi beaucoup de bienveillance et de fous rires !

Ce projet m’a offert la satisfaction de voir le chemin parcouru par tous ces comédiens amateurs, depuis leurs débuts, il y a un an jusqu’à aujourd’hui. N’oublions pas que la plupart d’entre eux n’ont que quelques mois d’expérience théâtrale. Le résultat de notre travail se mesurera surtout par l’expérience humaine que nous avons partagée et je suis persuadée qu’ils seront formidables sur scène !

 

Ce projet est un vrai travail d’équipe, il y a 17 comédiens bien sûr, mais aussi de nombreuses personnes qui, dans l’ombre, m’ont apporté leurs compétences : parmi elles, des souffleuses, une couturière (Sophie Hebrard Stub), un photographe (Thomas Mougeolle), un infographiste (Guillaume Da Fonseca), l’Institut Français du Danemark qui relaie notre évènement, et la présence rassurante de Véronique Franz (JUMP coaching professionnel) et de Clarisse Favre.

 

Notre spectacle a pu voir le jour grâce à l’appui de l’association Copenhague Accueil qui m’a fait confiance depuis le début.

Nous avons également eu la grande chance de bénéficier du soutien du groupe TOTAL qui a aidé notre projet. Non seulement TOTAL a participé au financement de ce spectacle mais TOTAL assure aussi la pérennité de notre atelier grâce au financement de la location d’une salle de répétition pour la reprise de l’atelier théâtre en septembre 2020.

 

C’est une véritable chance pour nous de poursuivre ce projet d’atelier théâtre à la rentrée et je souhaite que ces représentations qui auront lieu les 28 et 29 mars ne soient qu’un début dans l’activité théâtrale de la communauté francophone de Copenhague.

 

Informations 

La pièce Théâtre sans animaux sera jouée les 28 et 29 mars 2020, au Théâtre Ved Sorte Hes - Vesterbrogade 150, 1620 à Frederiksberg. 

Il reste encore des places pour la représentation du dimanche 29 mars à 17h. Billets sur billetto.dk.

Au rez-de-chaussée du théâtre se trouve un petit bar où vous êtes bienvenus pour boire un verre 1h avant et après les représentations.

Après les représentations, vous aurez aussi l’occasion d’y retrouver les comédiens qui viendront échanger avec leur public. 

 

Le photographe Thomas Mougeolle expose ses photos “Magic Hands of Copenhagen”, du 12 mars au 4 juin 2020 à l'hôtel SP34, Sankt Peders Straede 34, 1453 Copenhague.

 

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