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INTERVIEW – Alain Gomis, réalisateur de Félicité, Ours d’argent à la

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Écrit par Magali Hamon
Publié le 2 octobre 2017, mis à jour le 11 janvier 2021

Le réalisateur franco-sénégalais Alain Gomis est venu samedi dernier présenter son film Félicité, qui a remporté l'Ours d’argent à la Berlinale et l’Etalon d’or au Fespaco de Ouagadougou. Rencontre avec un cinéaste humble et engagé

 

Lepetitjournal.com/cologne : Félicité dresse le portrait d’une chanteuse de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, qui se bat pour faire soigner son fils. Quel est le point de départ du film ?

Alain Gomis : Sur mon film précédent, Aujourd’hui, le personnage principal était un homme et il y avait deux personnages féminins importants. Quand j’ai tourné ces scènes, j’ai eu envie de faire un film avec un personnage féminin principal. Ces femmes fortes, qui restent droites et ne plient pas sous les coups, j’en connais plein. Félicité apprend à vivre, elle vit sur la force de sa volonté et revit quand elle l’abandonne. Ce n’était pas seulement une femme mais quelqu’un qui me faisait avancer.

Comment avez-vous choisi l’acteur qui joue Tabu, un client du bar où elle se produit, avec qui elle va vivre une histoire d’amour ?

J’ai eu du mal à trouver chez les acteurs professionnels ce mélange entre la force et la tendresse. On est allés dans les garages et je suis assez vite tombé sur lui, il était à la fois très timide et en même temps une espèce de masse impressionnante.

Comment avez-vous découvert le groupe Kasaï Allstars qui joue dans votre film ?

Je connaissais leur musique que j’écoutais depuis quelques années. Ils font partie de cette mouvance qui a été appelée "tradi-moderne". Ce mélange d’instruments et de musique traditionnelle avec des amplis et des nouvelles sonorités est assez spécifique à Kinshasa. J’ai commencé à écrire et tout à coup, Félicité est devenue chanteuse.

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Pourquoi Kinshasa ? Et est-ce que cela n’a pas été trop dur de tourner dans une des villes parmi les plus dangereuses au monde ?

Quand on y est, on se demande d’où  vient cette réputation dont elle souffre. On dit que les gens ne sont pas fiables, etc. Cela n’a pas été si difficile de tourner parce que l’on tournait avec des Congolais. Le plus difficile a été la lourdeur administrative. J’ai choisi Kinshasa pour la musique et quel plaisir de tourner dans un pays que l’on ne connait pas ! D’un coup, le moindre détail est perçu, il y a cette force de l’étrangeté.

Comment le film a-t-il été reçu à Kinshasa ?

C’était magnifique. Il n’y a pas eu autant de projections qu’on voulait car des projections en plein air ont dû être annulées à cause de la situation politique désastreuse. Le pouvoir ne veut pas trop de réunions publiques. Mais la réception était vraiment belle, les gens réagissaient, supportaient les uns, insultaient les autres. C’était très mouvementé !

Que représentent pour vous les prix obtenus pour Félicité, notamment le Grand Prix à Berlin et l’Etalon d’Or au Fespaco de Ouagadougou ?

D’abord, cela donne un visa au film, il circule beaucoup plus facilement. Cela me permet de respirer et préparer un prochain film. C’est un outil pour pouvoir continuer de travailler. A titre personnel, c’est plus gênant qu’autre chose mais cela me réjouit que cela fasse plaisir à autant de gens.

La musique occupe une grande place dans vos films. Quel est votre rapport à la musique ?

Ce que je jalouse de la musique, c’est cette façon de toucher les gens directement sans passer par la compréhension, de vous amener dans une temporalité qui est autre et qui fait qu’on peut se mettre à pleurer et à rire.

Un prochain film en perspective ?

C’est encore une espèce de nuage, mais je pense que ce film se passera à New York.

"Félicité" sort dans les salles allemandes le 5 octobre

 

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