La gare ferroviaire de Chiang Mai a repris du service mercredi, après avoir été inondée par la crue historique de rivière Ping, mais la ville, meurtrie dans une mer de boue, panse encore ses plaies
Les trains vers le nord de la Thaïlande pouvaient de nouveau atteindre Chiang Mai mercredi, après la remise en service de la gare inondée par la crue de la rivière Ping, qui avait atteint quatre jours plus tôt la hauteur historique de 5,30 mètres au pont Nawarat, sortant très largement de son lit, situé à 3,70 m, et dépassant d’un peu plus d’un mètre la cote d’alerte.
En fait, cela faisait plus de deux semaines que la ligne de chemins de fer entre Lampang et Chiang Mai était fermée, la voie ayant d’abord été recouverte fin septembre par un glissement de terrain survenu dans les montagnes, avant que les inondations de ces derniers jours ne submergent la voie à l’approche de la ville ainsi que la gare.
Cette crue exceptionnellement forte de la Ping, entamée jeudi, a inondé la moitié Est de la ville entre vendredi et dimanche, et plusieurs secteurs étaient encore sous l’eau mardi.
La décrue a, sans surprise, laissé apparaître un spectacle de dévastation, avec des débris en tous genre un peu partout, et les rues, les habitations et les commerces recouverts de plusieurs centimètres de boue.
Une boue souvent nauséabonde que beaucoup n’ont pas tout de suite complètement pu nettoyer car l’électricité était coupée dans certains secteurs et l’eau courante n’était disponible que par intermittence d’un quartier à l’autre. Certains ont attendu deux voire trois jours avant d’avoir de l’eau au robinet, tandis que d’autres, qui avaient commencé à nettoyer, ont dû interrompre les opérations en attendant que l’eau revienne. Mercredi, au restaurant Krusty's, dans le quartier sévèrement touché de Chang Khlan, on nettoyait le gros de la boue avec de l'eau de crue... Même des quartiers qui n’étaient pas directement touchés par les inondations ont subi des coupures d’eau durant le week-end.
L'une des raisons à cela est qu’une station de pompage de la compagnie des eaux a elle-même été affectée par les inondations, réduisant la capacité de distribution à un moment où la demande est évidemment particulièrement forte. Finalement, mercredi soir, un message des autorités locales annonçait le total rétablissement de la distribution d’eau.
Il faudra encore plusieurs jours à la ville et ses habitants pour effacer les traces les plus visibles de cette catastrophe qui est intervenue moins de dix jours seulement après une première crue de même intensité que celle de 2011, annus horribilis pour la Thaïlande en termes d’inondations.
Deux inondations monstres coup sur coup, cela est difficile à avaler pour les habitants dont beaucoup ne comprennent pas comment, malgré les enseignements du passé, on arrive encore aujourd’hui à un tel désastre.
Dans des rues proches du "carré", à plusieurs centaines de mètres de la rivière, des habitants étaient ébahies dans la nuit de vendredi à samedi, en voyant l'eau arriver à leur porte. Du jamais vu, même pour les plus âgés. Près du Night Bazar, sur Tha Pae road, des commerçants parlent d’une vague survenue dans la nuit de vendredi à samedi par deux côtés de la rue depuis le quartier de Kad Luang juste derrière.
Barrages, murs de soutènement, stations de pompage, etc. Un certain nombre d’infrastructures n’ont manifestement pas fait leur œuvre et il est fort à parier qu’une polémique va s’ensuivre.