Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

À la découverte de Chang Moi, nouveau quartier branché de Chiang Mai

Rue Chang Moi, nouveau quartier branché de Chiang MaiRue Chang Moi, nouveau quartier branché de Chiang Mai
Catherine Vanesse - La rue Chang Moi est particulièrement connue pour ses meubles et objets de décoration en rotin
Écrit par Catherine Vanesse
Publié le 25 février 2022, mis à jour le 25 février 2022

Connu des anciens comme étant un quartier lié à la prostitution et à l’opium, Chang Moi est aujourd’hui un quartier en plein boom qui attire une jeunesse branchée en quête de traditions et d’art.

 

Autrefois connu comme étant l’un des principaux centres d’échanges commerciaux du nord de la Thaïlande ou pour ses fumeries d’opium, le quartier de Chang Moi n’a cessé de connaître des phases de déclin et de réveil. Aujourd’hui, le quartier attire une jeunesse branchée qui vient flâner dans les bars, cafés, galeries ou les boutiques d’artisanats et de tissus. 

Situé à l’est des enceintes de la vieille ville de Chiang Mai, Chang Moi est délimité par la rue Thapae au sud, le marché de fruits et légumes Mueang Market au nord ainsi que par le marché Kad Luang (Warorot) et la rivière Ping à l’est. 

À Lire : Warorot : Les trésors cachés du quartier chinois de Chiang Mai

Dans les nombreuses petites allées, on trouve tout autant des marchands de meubles et objets de décorations en rotin que des guesthouses, des restaurants présents depuis plusieurs générations ou encore des cafés instagrammables, des bars à cocktails ou des galeries d’art.

L’art s’est en effet créé une place de choix depuis l’ouverture du Thailand Culture and Design Center (TCDC) en 2013. Le TCDC est à la fois une galerie d’art et un centre de ressource avec une riche bibliothèque proposant plus de 1.000 ouvrages sur l’art, l’artisanat et le design. Ils sont également à la tête de l’organisation de la Chiang Mai Design Week (CMDW), un rendez-vous annuel créé en 2015 pour mettre en avant l’artisanat et le design du nord de la Thaïlande. 

 

boutique d'artisanats rue Chang Moi
La rue Chang Moi est prisée par les amateurs d'artisanat local. Photo Catherine Vanesse

En 2020, le TCDC a d’ailleurs inclus le quartier de Chang Moi dans la Chiang Mai Design Week. “La CMDW a pour but d’être durable. Nous discutons beaucoup avec les communautés, comme celle de Chang Moi, pour voir ce que l’on peut créer, comment les anciennes générations peuvent se mêler aux nouvelles, comment dynamiser un quartier sur le long terme et quel impact cela peut avoir”, explique Imhathai Kanjina, la directrice de la succursale à Chiang Mai du TCDC (Thailand Culture and Design Center) et de la CMDW. 

 

Communauté très éclectique

L’aspect communautaire du quartier est souvent mis en avant par les habitants. “Il y a une communauté très éclectique due à l’histoire, avec des personnes d’origines chinoises, indiennes, des tribus. Autant de personnes qui sont arrivées au fil du temps et se sont intégrées à la population locale”, détaille Annette Kunigagon, consule honoraire d’Irlande.

Au début du 20ème siècle, avec le développement du marché de Kad Luang (Warorot), Chang Moi s’impose comme l’un des principaux centres d’échanges commerciaux du nord de la Thaïlande. Ici se croisent des commerçants de passage tandis que d’autres s’installent et ouvrent des échoppes de tissus, de meubles ou des restaurants.

En parallèle, le quartier attire très tôt les Occidentaux grâce à la présence dès la fin du 19ème siècle de la première église de Chiang Mai de l’autre côté de la rivière à côté du pont Nawarat. Puis l’ouverture en 1968 du Kasem Store, toute première épicerie à vendre des produits d’importation à Chiang Mai, attire un public plus large d’expatriés. Située dans la rue Ratchawong, à deux pas du marché Kad Luang, on y trouve alors fromages, olives, pesto, thé, etc. Cinquante plus tard, la boutique est toujours une institution dans le quartier et n’a presque pas changé si ce n’est qu’elle est désormais tenue par les enfants du fondateur M. Kasem, aujourd’hui décédé, et de son épouse Ghee. 

Kasem Store
Première épicerie de produits importés, Kasem Store est une institution à Chiang mai. Photo Catherine Vanesse

 

Si le Kasem Store fait face à une concurrence de plus en plus difficile des supermarchés, nombreux sont les locaux et les expatriés à y venir pour faire leurs achats. “Le charme d’une épicerie familiale où l’on papote à la caisse et l'on s’échange les potins du quartier”, plaisante Ghee. Régulièrement présente à la boutique, la propriétaire Ghee âgée de 85 ans aime discuter avec les clients, histoire de continuer à pratiquer son anglais et son français, elle n’hésite pas non plus à raconter quelques histoires sur Chiang Mai et le quartier de Warorot.

“Le quartier a bien changé, mais il y règne toujours une bonne ambiance, même si, sans les touristes, c’est vraiment très calme. À la base, nos clients étaient surtout des missionnaires et des militaires américains, nous étions les seuls à vendre des produits d’importations. Aujourd’hui, c’est plus difficile, mais les gens continuent de venir, plus pour discuter et pour l’accueil à l’ancienne et pour nos pains, quiches et pâtisseries réalisées sur place”, ajoute Ghee. 

 

canal chang moi
Une balade le long du canal de Chang Moi invite à une plongée dans le passée avec ses maisons anciennes et ses fresques murales retraçant l'histoire de la ville. Photo Catherine Vanesse

 

Un temps ancien bien différent : “Il y a 30 ans, il n’y avait que des routes de terres, pas d’éclairage public, les gens se déplaçaient presque uniquement à pied, à vélo ou en samlor. Dans certaines ruelles, on pouvait sentir les volutes d’opium s’échapper de fumeries clandestines”, se souvient Annette Kunigagon, ancienne propriétaire d’Eagle House, une guesthouse tournée vers le développement durable et le tourisme responsable.

Résidente à Chiang Mai depuis de nombreuses années, Annette Kunigagon avait ouvert Eagle House en 1988 dans une petite ruelle perpendiculaire à la rue Chang Moi. Trente ans plus tard, Annette a cédé sa guesthouse. 

 

Renaissance et bonnes adresses

“Depuis 2015, le quartier est de plus en plus populaire, avec pour conséquence une inflation des prix de l’immobilier et des terrains”, ajoute Annette Kunigagon. Dès lors, certains habitants n’ont pas d’autres choix que de partir, tandis que d’autres profitent de l’intérêt des investisseurs pour le quartier pour revendre à bon prix, mais il y a aussi les jeunes générations. Certains sont nés à Chang Moi, mais reviennent après avoir étudié ou travaillé pendant plusieurs années à Bangkok ou à l’étranger. 

C’est ainsi que le café Mitte Mitte a ouvert ses portes juste au milieu de l’épidémie du coronavirus en décembre 2020. Weerapa et Weeratouch Pongruengkiat ont pris le temps de rénover la maison familiale rue Sitthiwongse pour en faire un espace inspiré de leurs expériences universitaires à Berlin. Loin de juste servir du café, la fratrie sert aussi une petite restauration, organise des événements ou des expositions. “Il y a 15 ans, c’était un quartier très pauvre, aujourd’hui ça change. En tant que jeune, nous avons une sorte de responsabilité de développer le quartier”, commente Weerapa. 

 

Brewginning Café
Galerie d'art et café, Brewginning est l'un des nouveaux spots incontournables lors d'une balade dans le quartier de Chang Moi. Photo Catherine Vanesse

 

Dans la rue Chang Moi, Brewginning est devenu le lieu idéal pour une séance de photos, que ce soit avec en arrière-plan les meubles en rotin de la boutique voisine ou dans le décor brut du café. Installés dans une ancienne maison construite dans les années 1960, les propriétaires n’ont pas modifié le bâtiment original. De plus, ils organisent régulièrement des expositions ou des concerts. 

Ouvert en 2019, Still.Coffee&Life se situe au quatrième étage d’un centre commercial construit dans les années 1970, le Worawat Development Company Limited Mai. De l’extérieur, rien n’indique qu’un café tendance s’y trouve, il faut d’abord traverser le premier étage où l’on trouve des vêtements de la vie de tous les jours avant de prendre l’escalier. Le deuxième étage est principalement consacré aux vêtements pour enfants et aux uniformes scolaires. Centre commercial de plus en plus déserté, le fils du propriétaire confie avoir voulu ouvrir un café afin d’attirer un nouveau public, une manière pour lui de préserver l’endroit.

En 2020, Goodsouls Kitchen ouvrait un deuxième restaurant rue Chang Moi avec l’idée d’en faire un lieu à multi-usages avec un espace galerie au deuxième étage et un bar sur le toit. Les restrictions liées à l’épidémie du coronavirus ont forcé plusieurs fois le restaurant à fermer ses portes. Aujourd’hui, il est de nouveau ouvert et compte bien organiser de plus en plus d’événements. 

 

Kodang Ratchawang
Situé dans une allée coupée de la circulation, Kodang Ratchawang est une sorte de petit village au sein du quartier de Chang Moi avec ses cafés, restaurants, galeries et boutiques vintage. Photo Catherine Vanesse

 

Kodang Rachawong est à lui seul un mini-quartier au sein de Chang Moi. Ouvert depuis 2018 dans d’anciens entrepôts, Kodang Ratchawang est un lieu à multi-usage qui comprend un bar à peinture pour s’initier à manier le pinceau, un restaurant, des boutiques d’objets et vêtements vintage, une galerie d’art, deux cafés, dont Looper&Co. Ce dernier ravira les amateurs de boissons raffinées, cafés en journée et bar à cocktails le soir, Looper&Co séduit par l’originalité de ses boissons. Des événements, concerts ou marchés pop-up se tiennent régulièrement dans cette allée interdite au trafic, pour le plus grand plaisir des visiteurs. 

Flash infos