Le 7 novembre 2021, tous les Français résidant en Inde et inscrits sur les listes électorales sont appelés à voter pour élire les conseillers des Français de l'étranger pour une durée de cinq ans. Pendant la campagne électorale, la rédaction présente chaque jour le candidat en tête d'une des cinq listes pour lesquelles les Français pourront voter dans la deuxième circonscription Inde. L'ordre d'apparition des candidats est celui du tirage au sort effectué par l'Ambassade de France en Inde le 5 octobre 2021.
Aujourd'hui, voici la liste Unis pour le changement menée par Mme Chantal Samuel-David.
La candidature de Chantal Samuel-David
Pouvez-vous vous présenter brièvement et expliquer la raison de votre candidature ? Vous présentez-vous pour un parti ou en indépendant ?
Originaire de Pondichéry, j’ai fait une partie de mes études à l’école Française de New-Delhi, puis au Lycée Français de Pondichéry, avant de partir en France pour les études supérieures. Mon premier rêve était d’être traductrice-interprète, ce que j’ai fait un certain temps, mais très vite, je me suis orientée vers le journalisme, auquel j’ai consacré la majeure partie de ma carrière professionnelle. A Paris, j’ai toujours été très engagée dans la vie associative au sein d’une grande association de parents d’élèves. A travers les relations avec les familles, j’ai eu à faire avancer des grands dossiers : mixité sociale portée avec la Mairie de Paris, handicap, harcèlement, portés par la Ministre de l’éducation.
Revenue vivre à Pondichéry il y un peu plus de 4 ans, je me suis investie dans la vie associative avec les parents d’élèves du Lycée français où étudiaient mes enfants. Je m’y suis toujours attachée à défendre l’intérêt général par rapport aux intérêts particuliers, Ces années d’engagement sur le terrain ont dans un premier temps permis de rassembler un groupe de personnes volontaristes, désireux d’améliorer la vie de nos concitoyens, chacun dans son domaine. Mais aussi de me rendre compte de l’énorme besoin en termes de conseils et d’accompagnement, qu’il s’agisse de questions liées à l’éducation, à la protection sociale, ou à la citoyenneté. Mon adhésion à l’ADFE relève aussi de cette volonté d’aider nos concitoyens. C’est donc tout naturellement que je me propose d’élargir et de prolonger cette action en sollicitant le suffrage de nos concitoyens pour le scrutin consulaire à venir. L’ADFE m’apporte son soutien, et je l’en remercie.
La mission d'un conseiller des Français de l'étranger
Que représente pour vous la mission principale d’un conseiller des Français de l'étranger ?
Les attributions des conseillers des Français de l’étranger sont fixées par la loi : ils participent de plein droit aux conseils consulaires relatifs à l’action sociale qui est centré sur l’aide à apporter à nos concitoyens en difficulté, l’aide à l’éducation pour nos enfants suivant une scolarité dans l’enseignement français par l’attribution de bourses scolaires, le suivi en matière économique (travail, emploi, formation professionnelle…) et enfin en matière de sécurité pour accompagner nos concitoyens en cas de crise majeure. Toutes ces missions sont de nature largement consultatives, au-delà, ils sont consultés sur toutes les questions intéressant la circonscription.
Le rôle d’un conseiller des Français à l’étranger est donc avant tout d’être une force de proposition pour avancer sur tous les sujets d’importance. En donnant une impulsion, et surtout en apportant notre connaissance du terrain et des familles, nous pouvons aider les instances décisionnaires à prendre des décisions informées dans le sens de l’intérêt général.
La liste Unis pour le changement
Comment avez-vous constitué votre liste ?
Notre liste est constituée de femmes et d’hommes venant d’horizon divers, qui apportent leur savoir-faire dans des domaines très différents (art et culture, vie associative, affaires militaires, petite enfance, questions sociales). Tous ont été actifs dans la vie locale, chacun dans ses domaines d’intérêt propre et ont souhaité mettre leur expérience au service de nos concitoyens.
La composition de la liste a été discutée de manière ouverte et transparente au sein du groupe de militants et arrêtée dans le consensus. Si dans notre groupe, le fait d’être une femme en tête de liste ne posait aucun problème, cela n’a pas toujours été le cas, dans une partie de la communauté, lorsque j’ai présenté ma liste, il y a un an. Mais voilà, avec ce report d’un an, les lignes ont déjà bougé et c’est très encourageant.
Les besoins des Français résidant en Inde
Quel est selon vous le plus grand défi auquel font face les Français résidant en Inde aujourd’hui ?
Il est difficile d’en cerner un seul : je citerais l’accès à l’assurance santé, l’environnement changeant concernant les titres de séjours et l’accès à des services publics de qualité.
Le programme de Unis pour le changement
Pouvez-vous nous détailler les grands axes de votre programme pour ces élections ?
Comme nous l’avons rappelé, la mission première d’un conseiller des français de l’étranger est de faire des propositions en tirant profit de sa connaissance du terrain. Contrairement à une idée reçue, on peut faire bouger les lignes en portant sans relâche les dossiers d’importance, c’est ce que nous ferons avec détermination:
- La protection santé : l’immense majorité de nos concitoyens ont des revenus annuels ne leur permettant pas d’adhérer à la CFE. Nous avons vécu des drames dans notre chair durant le pic pandémique. Une solution pérenne et surtout opérationnelle doit être trouvée. Au moins un de nos concitoyens est décédé cette année, faute de pouvoir avancer les fonds. Il avait pourtant une assurance santé financée par l’action sociale du poste, mais cette dernière ne prévoyait pas le tiers payant. Le problème est complexe, il n’y a pas de solutions simples, il faudra explorer toutes les pistes en coordination avec les autorités.
- La nouvelle loi sur la sécurité sociale supprime essentiellement la notion d’ayant droit et instaure un délai de carence de trois mois pour être couvert en France. Cette disposition est peut-être opportune au niveau global, mais elle a des conséquences dramatiques dans la circonscription. Nous avons vu dans notre permanence des veuves souvent âgées, avec des pensions de reversion si faibles qu’elles ne peuvent souscrire à la CFE et qui du fait de cette disposition ne peuvent plus passer quelques semaines en France pour voir leur enfants qui y sont installés. C’est une rupture dramatique de la vie familiale. Nous devons chercher une solution adaptée.
- Nous devons revivifier l’enseignement français, en aidant le lycée français de Pondichéry, vaisseau amiral du dispositif à sortir de la mauvaise passe qu’il traverse, développer l’enseignement français à l’aide de partenariats innovants là ou c’est possible, par exemple à Karikal où nous avons hélas perdu notre position durant la mandature précédente et à Yanaon, enfin mutualiser nos forces sur Chennai.
- Nous devons dynamiser notre offre culturelle, c’est la clef de notre attractivité. Seul un réseau culturel fort nous permettra d’augmenter le nombre d’étudiants indiens en France.
- De trop nombreuses administrations françaises remettent en cause l’apostille indienne (de rigueur en matière d’état civil, ou de contrat, civil ou commercial). Cela peut avoir des conséquences dramatiques pour nos concitoyens dont l’état civil peut-être remis en question ou pour nos entreprises. C’est une question purement bilatérale. Il faudra trouver une solution.
- Trouver des solutions innovantes pour permettre l’installation d’artisans et de PME apportant le savoir faire et le goût français. Les formules visa d’affaires ne sont adaptées que pour les grandes entreprises en raison du chiffre d’affaires minimal trop important.
- Favoriser l’émergence de projets entreprenariaux à forte composante environnementale. Nous avons le savoir faire, en particulier à Auroville. De nombreux projets d’envergure ont été proposés dans un passé récent (Smart City …). Nous pousserons pour d’abord aider ces dossiers à aboutir et ensuite nous assurer que la dimension environnementale soit bien prise en compte.
- Aider les postes diplomatiques à assurer un service public digne du troisième réseau diplomatique du monde. Actuellement, les délais d’attentes pour un simple premier rendez-vous dans certains services peuvent être de plusieurs semaines, les réponses de l’administration mettent des mois voire des années à parvenir. C’est tout simplement indigne. Nous demanderons sans relâche à l'administration centrale quel les chefs de poste soient dotés des moyens nécessaire à leur action.
Vous le voyez, et il y a bien d’autres choses à dire, il y a beaucoup à faire !
Bien de ces sujets (y compris les questions environnementales pourtant vitales) portent sur des domaines sur lesquels les conseillers n’ont pas de prise directe du fait de la compétence restreinte qui leur est conférée, mais qu’ils peuvent porter avec imagination et conviction.
Nous prenons un engagement : une permanence ouverte, des visites régulières dans tous les grands lieux de vie des Français de la circonscription. Plus les Français nous feront part de leur difficultés ou de leurs ambitions, mieux nous pourrons cibler notre action. Nous rendrons naturellement régulièrement compte de l’exercice de notre mandat.
L'importance du vote
Pourquoi est-il important pour les Français de l’étranger de prendre part à ces élections consulaires ?
Dans tous les scrutins, c’est la légitimité apportée par le scrutin qui permet aux conseiller de porter avec succès les sujets d’importance pour nos concitoyens. Une forte participation est essentielle à la vie démocratique et à la légitimité de leurs élus.
C'est aussi en ce sens que l'absence du vote électronique pose un vrai problème, surtout dans les circonscriptions très étendues géographiquement, comme la 1ère circonscription de l'Inde. Dans notre circonscription, la suppression du vote électronique affecte aussi nos électeurs, mais pas forcément pour les mêmes raisons et dans les mêmes proportions. Depuis quelques semaines, comme les restrictions au voyage se sont allégées, beaucoup de personnes en profitent pour rentrer en France ou ailleurs et voir leurs familles qu'elles n'ont pas vues parfois depuis plus de deux ans; et là, nous avons découvert un nouveau problème, qu'on n'aurait pas vu si le vote électronique était possible : faire une procuration en France pour des élections françaises qui se tiennent à l'étranger tient du parcours de combattant voire de la mission impossible. Des électeurs nous disent que les commissariats les renvoient vers l'Ambassade de l'Inde (!) disant que ça ne les regarde pas, personne n'est au courant. Même en présentant le décret de convocation des élections, ça ne marche pas. A Pondichéry, nous avions demandé que les procurations puissent être faites sans rdv, pour anticiper cet afflux de départs, comme c'était le cas avant la pandémie. Malheureusement, cela n'a pas été possible.