

A l'occasion de la visite d'Etat de François Hollande au Maroc, nous avons rencontré Eric Vaillant, l'un des coordinateurs des voyages officiels nationaux et internationaux du président de la République et du premier ministre pour la télévision française afin qu'il nous explique comment s'organise et s'exploite un déplacement officiel.
Suivez-nous dans les coulisses de la visite d'Etat du 3 et 4 avril 2013...
(Crédits photo: AFP)
La visite d'Etat est très codifiée
Elle est la visite la plus importante dans l'ordre protocolaire, supérieure à la visite de travail ou la visite privée et répond à un code particulier.
"Une visite d'Etat commence toujours par l'accueil à l'aéroport par le chef d'Etat qui reçoit la visite. Elle se poursuit par un accueil populaire puis un accueil officiel au palais. Durant ces différences étapes de l'accueil, François Hollande ne fera ni déclaration, ni interview, ce n'est pas le lieu", nous dit Eric Vaillant. C'est donc pourquoi, dans ce cas précis, François Hollande a fait une déclaration à la presse concernant l'affaire Cahuzac avant son départ en avion, ce qui a retardé d'une heure la cérémonie au Maroc. Cependant, malgré ce retard et la pluie, le public était nombreux à venir saluer les chefs d'états. C'est au palais royal que se sont joués les hymnes nationaux, en commençant bien évidemment par l'hymne du pays accueilli.
Dans l'après-midi, les deux chefs d'Etats se sont entretenus au palais royal, hors la présence du Premier ministre et autres ministres afin de respecter la hiérarchie. Ils ont signé certains des accords.
Lors du dîner d'Etat, les deux chefs ont pu réaffirmer les liens étroits qui unissent leurs deux pays dans leurs allocutions, à la suite de quoi François Hollande et Valérie Trierweiler ont dormi au palais tandis que les ministres et autres personnalités ont dormi à l'hôtel.
Le lendemain, l'une des grandes marques de respect de la France pour le Maroc a été la cérémonie de dépôt de gerbes de fleurs au mausolée Mohammed V. Les ministres ont rencontré le président de la République ce deuxième jour et ont signé le reste des accords. Eric Vaillant nous précise que "le protocole veut qu'il y ait équilibre sur le nombre de ministres marocains et français présents".
Sur l'ensemble de ces deux journées, peu de caméras ont pu filmer l'évènement, ce qui était voulu.
Centralisation des images
L'Élysée ne désirant pas avoir trop de caméras pendant les déplacements du président de la République ou du Premier ministre, il a souhaité la création d'un "pool" c'est-à-dire une chaîne de télévision ou un groupe de chaînes chargé de travailler pour tout le monde.
France Télévision et TF1 se sont alors associés pour créer le pool des chaînes françaises. En cela, les deux chaînes de télévision s'engagent à couvrir tout ce qui peut être filmé à l'Élysée, à Matignon et lors des déplacements à l'étranger sur le président de la République et/ou le Premier ministre. Cette couverture télévisée est ensuite mise intégralement à disposition des autres chaînes qui, par à coups ou par abonnement, y auront accès. Le but de ce partenariat est "d'avoir une qualité d'images qui nous convient car toutes les chaînes de télévision ne disposent pas des mêmes moyens techniques." Par ailleurs, certains reportages sont très institutionnels et les chaînes veulent montrer les mêmes moments forts donc "il n'est pas utile d'avoir 25 chaînes pour montrer la même chose. Comme de toute façon, nous désirons être présents sur chaque évènement, autant en faire profiter les autres chaînes". Cela explique pourquoi les téléspectateurs visionnent souvent les mêmes images d'une chaîne à l'autre. Mais, selon E. Vaillant, "la différence se fera sur le texte et le montage" car chaque média a son propre rédacteur et son propre monteur.
Organisation technique de la visite
Avant le déplacement du président de la République ou du Premier ministre à l'étranger, une équipe doit venir quelques semaines auparavant sur le terrain pour visiter les lieux, décider du nombre d'entrevues, préciser le timing et le déroulement du programme. Elle est constituée entre autres du chef de la sécurité, du directeur de la communication, du directeur du cabinet et du coordinateur télévision. Le rôle de ce dernier est de déterminer le nombre d'équipes de télévision (constituées d'un caméraman, d'un preneur de son, d'une à trois personnes pour la diffusion des images, un camion, une parabole et un coordinateur pour l'ensemble) et la quantité de matériel nécessaires pour couvrir l'évènement. Ainsi, Eric Vaillant a décidé que pour la visite d'Etat de François Hollande au Maroc, il fallait trois équipes car le programme était dense.
Indépendance financière et absence de censure
Eric Vaillant nous explique que "Le but de ce pool n'est pas de se faire de l'argent. Nous prenons en charge le coût de tous nos déplacements et autres frais qui se montent à environ deux millions d'euros par an, partagés entre France Télévision et TF1. Le prix que verse les autres chaînes pour obtenir les images est loin de couvrir nos propres dépenses". Par ailleurs, le pool ne reçoit aucun financement de la part de l'Élysée et ce, afin de garantir son indépendance.
Concernant la liberté d'images, Eric Vaillant nous affirme qu'il n'y a pas de censure de la part du gouvernement. "Le service de presse de l'Élysée est là pour la communication et cherche à mettre en valeur le président de la République et son action. Nous, la presse, nous faisons de l'information et nous ne sommes soumis à aucune censure".
Lorraine Pincemail (www.lepetitjournal.com/casablanca) Lundi 8 avril 2013



