Ce 4 octobre des milliers de pèlerins sont allés à Lujan. Ce pèlerinage marial, qui peut faire penser à celui de Lourdes en France, est né en 1975. Il s’agit alors de l’initiative d’un groupe de jeunes réunissant plus de 30 000 personnes et aujourd'hui encore il réunit des milliers de personnes. La vierge de Luján est la sainte patronne de l’Argentine, symbole religieux mais aussi culturel.


Un article écrit par Lauriane Charrier.
Il est huit heures passées ce premier samedi du mois d’octobre. Dans la ville de Buenos Aires, il fait déjà 21 degrés. Des centaines de milliers de pèlerins s’apprêtent à rejoindre la Basilique Notre Dame de Luján en province depuis le sanctuaire San Cayetano. Certains viennent de La Pampa, dans deux mini bus réunissant trente-deux personnes comme c’est le cas de la ville de Catriló. D’autres ont déjà commencé à marcher depuis leur propre paroisse dans le centre-ville, notamment l’église de Jesus Sacramentado dans le quartier d’Almagro. Le bus vert numéro 106 conduit directement depuis Córdoba et Mario Bravo au point de rencontre commun à tous les fidèles dans le quartier de Liniers. Là où, au moment de descendre à l’arrêt, s’aperçoit déjà un groupe de marcheurs avec des dossards jaunes. D’autres seront rouges. Au lieu de culte, point de départ, les hauts parleurs diffusent différents genres musicaux argentins. Le son va du rythme du chamamé à celui de la cumbia. En simultané, certains prient la Vierge de Luján, d’autres entonnent un sapucay, cri typique de la culture guaraní au nord-est du pays.
Une organisation titanesque
Les chariots des paroisses sont prêts. Il n’est pas loin de 10 heures et la température ne cesse d’augmenter. Un groupe d’amies assises sur le trottoir se recouvrent de crème solaire. Lunettes, casquettes ou chapeaux sont de mise. Nahuel de la zone sud de Buenos Aires explique avoir dans son sac des vêtements plus chauds au cas où le temps se rafraîchirait dans la nuit : près de 60 km l’attendent. L’homme qui est dans la file pour aller dans les toilettes mises à disposition explique avoir croisé à l’arrivée l’année dernière des françaises en short pendant que lui avait froid. Il commence seul mais dit connaître des gens qui sont partis un peu plus tôt. L’heure de départ varie pour ne pas créer une trop forte agglomération. Peu à peu la rue Cuzco se vide et l’avenue Rivadavia se remplit. La circulation est coupée à l’occasion et les patrouilles de police présentes. Les postes de santé et de ravitaillement jonchent le chemin. Une comparse, au rythme des percussions, entonne "Dónde vamos ? A Luján". Des milliers de pèlerins sont prévus : c’est la manifestation religieuse la plus massive d’Argentine. L’an passé ils étaient plus de deux millions.

Pourquoi marcher ?
Ce pèlerinage marial, qui peut faire penser à celui de Lourdes en France, est né en 1975. Il s’agit alors de l’initiative d’un groupe de jeunes réunissant plus de 30 000 personnes : dans un climat politique tendu, il est autogéré avec pour slogan "La jeunesse pèlerine à Luján pour la Patrie". La vierge de Luján est la sainte patronne de l’Argentine, symbole religieux mais aussi culturel. Un autre emblème national se joint à elle sur un des charriots : celui du Gauchito Gil, Robin des Bois Argentin et Saint populaire.
"Pourquoi vous marchez aujourd’hui" ? La réponse va de l’acte de foi à celui de remerciement, en passant par une promesse à réaliser. Nahuel marche pour la quatrième fois consécutive, notamment pour demander pardon. Comme à son origine, la jeunesse est présente. Pilar Jimenez a participé les trois années antérieures avec la paroisse de son école, San Tarcisio, catholique. Elle est toujours partie à sept heures du matin. Avec diverses pauses d’une heure son groupe arrivait aux alentours de minuit. Elle se remémore sa toute première expérience douloureuse physiquement mais qu’elle décrit avec émotion comme unique : "non seulement l’aspect religieux, mais aussi pouvoir le partager avec ses amis".
"J’ai souffert parce que c’était la première fois que je marchais autant. À la messe, j’ai dû aller communier en fauteuil roulant"
Cette année, elle a laissé la place à sa petite sœur pour accomplir le pèlerinage.
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