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« La silla vacía » : une pièce de théâtre contre l'oubli

L’association mutuelle Israélite Argentine accueille pour la deuxième année consécutive en son siège « La silla vacía ». La pièce de théâtre en hommage aux victimes de l’attentat du bâtiment le 18 juillet 1994 se déroulait ce dimanche 15 juin et une seconde représentation est confirmée le 22 juin prochain.

théâtre théâtre
Écrit par Lepetitjournal Buenos Aires
Publié le 16 juin 2025, mis à jour le 18 juin 2025

Un article écrit par Lauriane Charrier.

 

En 2024, pour le trentième anniversaire des faits, l’association proposait une nouvelle manière de faire mémoire, à travers les arts scéniques. Quatre membres de la famille des victimes ont été invités à participer en tant que "non acteurs", comme ils se définissent. Adrien Furman, Alejandra Terranova, Jennifer Dubín et Hugo Basiglio tandis que la voix off est celle de l’acteur Ricardo Darín. "L’année dernière était une proposition, on ne savait pas comment ils allaient le vivre" partage Elio Kapszuk, directeur artistique de la AMIA. "Quand on s’est réuni cette année pour éventuellement donner une continuité, ils ont accepté car cet espace n’a pas changé que le public mais cela les a changés eux aussi". Ainsi cette année la pièce est jouée à nouveau par les mêmes comédiens amateurs. La salle n’est pas pleine. La direction affirme que "247 réservations ont été enregistrées même si visiblement tous n’ont pas pu répondre présent". "C’est la fête des père", justifie un des membres de la sécurité. L’entrée, gratuite, est disponible sous réservation sur le site EventBrite et le DNI est demandé en arrivant sur les lieux.

31 ans qu’ils demandent justice

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La chaise, vide, est la métaphore du membre manquant. L’attentat a eu lieu à 9:53 du matin. Il a causé en tout 85 morts, juifs et non juifs comme c’est le cas d’Alejandra. Cette dernière explique avoir garder pendant longtemps une rancœur envers la communauté, l’impression d’être invisibilisée dans les cérémonies d’hommage. Adrien, quant à lui, raconte que quelques minutes avant les faits il était dans le bureau de son frère et collègue Fabian pour le saluer comme il en avait l’habitude. Il ne survivra pas. "Il est mort... Il a été tué" se reprend Hugo. L’homme de 44 ans a perdu son père quand celui-ci avait 47 ans. Jennifer et Alejandra ont également perdu un parent. "La veille c’était un dimanche et c’était asado", "il aimait bien manger et le reflétaient ces 140kg" raconte Jennifer. Sur scène ils nous partagent tour à tour leur intimité, leurs souvenirs heureux mais aussi la douleur et la violence de l’absence, 31 ans qu’ils continuent de demander justice. Ils n’hésitent pas non plus à faire de l’humour. "J’ai été mariée mais maintenant je suis célibataire, s’il y a des candidats voici mon numéro..." ; "Moi aussi...". "Bien qu’on voudrait que ce ne se soit jamais déroulé, j’apprécie aujourd’hui le soutien mutuel entre survivants et familles des victimes" s’exprime Adrien Furman. Sur scène, on les voit se prendre la main lorsque raconter le récit de l’un d’eux amènent aux larmes.

"Qu’on se souvienne de ces 85 personnes et que cela ne recommence plus"

Adrien Furman explique que pendant 20 ans il n’a pas voulu parler. Mais après avoir perdu son père il y a deux ans qui était très engagé il veut "qu’on se souvienne de ces 85 personnes et que cela ne recommence plus". "Je suis une personne introvertie mais même timide je n’ai pas voulu laisser passer l’opportunité" raconte-t-il à propos du fait de participer à cette pièce de théâtre. Il raconte revivre les événements chaque mois de juillet mais faire son possible pour participer aux cérémonies. La pièce dirigée par Sol Levinton termine sous les applaudissements et elle est invitée sur scène ainsi que toute l’équipe de production. Des bouquets sont offerts aux acteurs. Le nouveau directeur de l’AMIA, Osvaldo Armoza, échange quelques mots et, avocat de profession, se lamente que justice ne soit pas faite.

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