Usha Mehta est née en 1920 dans le Gujarat et a vu Gandhi pour la première fois à 5 ans dans son ashram à Ahmedabad. Puis, à 8 ans, elle participe à une marche contre le Raj britannique (ndlr : l’empire britannique). Et ce n’est que le début de la lutte d’Usha pour la liberté … Toutefois, son père, juge pour l’empire britannique, coupe court aux idées révolutionnaires de sa fille. Usha doit calmer ses ardeurs, mais la chance tourne quand sa famille s’installe à Bombay en 1932.
Adolescente, Usha distribue des tracts et porte des messages aux indépendantistes en prison. Rien ne l’arrête et elle participe à toutes les actions de désobéissance civile sous les injonctions de Gandhi.
Puis, le 8 Août 1942, Gandhi annonce le mouvement “ Quit India”. Les Anglais sont paniqués car ils sont en pleine deuxième guerre mondiale et n’ont pas les moyens ni l’énergie pour gérer ce conflit. Dans un geste désespéré, ils jettent tous les dirigeants du mouvement de libération indienne en prison. L’Inde est muette, tout un chacun est totalement choqué, les Indiens sont comme orphelins pendant ces heures noires.
C’était sans compter sur Usha et les combattants encore en liberté. Ils émettent clandestinement pour la première fois le 14 Août 1942 en hindi et en anglais. Par leur voix, ils soutiennent la révolution en marche et redonnent foi à tous. La voix d’Usha flotte sur les ondes et pour la première fois, ce sont des nouvelles indiennes pour et par les Indiens ! En effet, la radio, outil de propagande vital, était jusque là réservée au Raj qui était le seul à avoir droit de parole, toute information était filtrée et les radios locales se cantonnaient à la musique et aux faits divers.
Tous les soirs, à 19h30, malgré une traque sans fin des soldats britanniques, la radio clandestine émet avec une introduction devenue célèbre : “Ceci est la Radio du Congrès sur 42.34 de quelque part en Inde”.
Chaque jour de quelque part à Bombay, Radio Congrès émet et les Indiens écoutent Usha Mehta portant haut et fort le message de Gandhi, les nouvelles des violences locales et la stratégie à suivre pour soutenir les indépendantistes.
Toute l’équipe de la jeune radio a joué un rôle déterminant soit par leur soutien technique, logistique ou encore en cachant Usha et sa radio portable. Hélas, trahie par un technicien indien mi-Novembre 1942, Usha est arrêtée et emprisonnée pendant quatre ans à Pune où elle n’a jamais trahi les siens.
Suite à son emprisonnement, la santé d’Usha devient très fragile. Après sa libération, elle reprend ses études pour devenir professeur en philosophie gandhienne. Usha avait fait le vœu de ne jamais se marier pour servir Gandhi et son pays. Elle lui est restée fidèle jusqu'à la fin.
En 1998, le gouvernement indien lui a décerné le Padma Vibhushan, la deuxième plus haute distinction civile du pays. Usha est morte en 2000 en n’ayant jamais abandonné la lutte, critiquant lors de ses dernières années la politique et la corruption des gouvernements.
Pendant 80 jours environ, d’Août à Novembre 1942, Radio Congrès a transmis le message d’unité, de fraternité, de liberté et a soutenu l’esprit de chaque combattant, de chaque Indien pour avancer dans la lutte pour libérer leur nation.
La voix d’Usha résonne à jamais dans le cœur de l’Inde indépendante.
Pour ceux qui comprennent l'hindi, voici un hommage à Usha Mehta dans une émission de la télévision nationale Doordashan entre 1998-1999 :