Par une décision historique, la chambre haute du parlement indien a approuvé l’annulation du statut spécial qui avait été accordé à l’état du Jammu & Kashmir lors de son rattachement à l’Inde en 1947.
L’état du Jammu & Kashmir regroupe trois régions de l’Himalaya : le Jammu, majoritairement hindou, la vallée du Cachemire majoritairement musulmane et le Laddakh, majoritairement bouddhiste. Lors de l’indépendance et de la partition Inde - Pakistan, en 1947, ces régions sont restées autonomes et étaient gouvernées par le Maharaja du Cachemire. Cependant, peu après, celui-ci décida de demander son rattachement à l’Inde pour se protéger et le nouvel état indien du Jammu & Kashmir obtint un statut spécial gouverné par l’article 370 de la constitution indienne qui stipule que l’état du J&K dispose de sa propre constitution, d’un drapeau et de ses lois hormis dans le cadre de la défense et des affaires internationales. D’autre part, seuls les Cashmiris peuvent être propriétaires d’un terrain ou d’un immeuble.
Lundi 5 août, le gouvernement de Narendra Modi a enclenché le processus pour annuler l’autonomie du J&K et pour le diviser en deux territoires de l’Union Indienne qui seront gouvernées directement par Delhi : le Jammu et Cachemire d’un côté et le Laddakh de l’autre. Le président indien a signé les deux lois lundi soir. Cela faisait partie du programme de campagne du BJP (le parti de Narendra Modi) depuis longtemps.
Malgré des mouvements de protestation forts lors de l’annonce de l’ordonnance à la chambre haute du parlement (le Rajya Sabah), une majorité des membres du Rajya Sabah ont voté pour.
Le Pakistan s’est insurgé contre ce qu’il qualifie de l’annexion pure et simple du Cachemire par l’Inde, la région étant disputée par les deux pays depuis 1948.
Le gouvernement indien a convoqué les ambassadeurs de plusieurs pays dont les membres du G5 (Chine, France, Russie, UK et USA) pour, en particulier, leur indiquer que la réorganisation de la région était un sujet interne à l’Inde et que cela était fait pour assurer le développement économique du Jammu & Kashmir.
Avant l’annonce, de nombreuses mesures ont été prises pour isoler la région : interruption du pèlerinage annuel vers le temple hindou d’Amarnath et rapatriement des touristes et des pèlerins, envoi de troupes supplémentaires alors que la zone est déjà sur-militarisée, assignation à résidence des principaux leaders locaux et coupure des communications mobile et téléphone fixe et de l’accès à Internet.