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Cyriac de Reynies : Mon voyage au Ladakh restera à jamais dans mon esprit

Cyriac au LadakhCyriac au Ladakh
Écrit par Lycée Français International Mumbai
Publié le 2 août 2022, mis à jour le 31 mars 2024

Cyriac de Reynies, élève du Lycée Français International de Mumbai partage ses souvenirs inoubliables du Ladakh et le circuit réalisé avec ses professeurs au mois d'octobre 2020 entre deux confinements indiens.

 

Je suis arrivé il y a près de deux ans à Mumbai. Après une semaine de cours à écouter mon prof d’histoire, passionné d’Inde, j’y suis allé au culot et je lui ai demandé s’il pouvait m’emmener avec lui dans ses visites de la ville. Il a pris un an pour se décider… mais au lieu de m’emmener en ville, il m’a embarqué dans un périple de 15 jours, à pied et en moto, au Ladakh à plus de 3500 m d’altitude ! Nous sommes partis à trois avec mon prof de maths également.

 

Le Ladakh, une région aride dans l’Himalaya

Le Ladakh est une région aride du Nord de l’Inde, dans l’Himalaya. Comme nous sommes partis fin octobre, la saison froide avait commencé et les températures sont souvent tombées très bas ! Après deux jours d’acclimatation à Leh, la capitale de la région, nous avons commencé une trek dans la vallée de la Markha. Nous sommes partis avec toute une équipe : un guide, un cuisinier, un palefrenier et ses six petits chevaux pour transporter le barda. 

 

Un périple de six jours qui nous a menés jusqu’à 5400 mètres d’altitude ! Et ça n’a pas été facile !

 

6 jours d’ascension dans la vallée de la Markha

Après une première journée de marche, nous dressons notre camp : une tente pour la cuisine, une autre pour les repas et trois tentes individuelles pour dormir. Le soir, lorsque le soleil se couche, il fait un froid glacial. Dans une vallée comme celle-ci, les montagnes cachent très vite les rayons du soleil et nous nous retrouvons très vite dans l’ombre. Le thermomètre descend toutes les nuits en dessous de 0 degré et nous dormons avec deux sacs de couchage.

 

Le campement au Ladakh

 

Tous les jours, nous marchons entre 6 et 8 heures dans les montagnes avant de nous arrêter au lieu du campement. Étant perdus au beau milieu de la chaîne de l'Himalaya, sans réseau, nous devons essayer de nous occuper comme on peut.

On va visiter le village du coin, blotti dans un creux de montagne. On monte jusqu’à un monastère perché sur un sommet. On se baigne - pour se laver une fois au moins ! - dans un cours d’eau gelé. Le matin, nos shorts, que nous avions laissé sécher, étaient durs comme des pierres, gelés par la nuit !

Un autre soir, nous avons organisé une partie de pétanque avec de beaux galets plus ou moins ronds ! Le même soir, nous avons visité un moulin à grain activé par l'eau d’un torrent. Ou encore cette dame qui fabriquait une “bière” locale avec des graines des montagnes !

 

Partie de pétanque

 

 

Les deux derniers jours sont parmi les moments les plus intenses de ma vie. L’expérience la plus folle, quand j’ai senti mon corps m’échapper lors de l’ascension du dernier col.

 

Cela fait maintenant 5 jours que nous marchons et je souffre beaucoup du manque d'oxygène. Trois nuits que je n’ai pas dormi et que mon mal de tête ne cesse de grandir. Après une journée de marche, l’avant dernier jour, nous arrivons à un lac sacré. Au milieu de celui-ci se trouve une statue du dieu local. Nous sommes alors à plus de 4800 mètres d’altitude, aussi haut que le Mont Blanc ! Je commence à me sentir très faible. Je marche, mais mes jambes se dérobent. 

 

Je ne peux plus continuer. Je n’ai plus de force ! Mais nous ne pouvons pas faire demi-tour, ni appeler les secours !

 

Les chevaux sont loin devant, ce sont Gurmat, Rémy et JB qui vont m’épauler à tour de rôle pour atteindre le camp. Les 30 dernières minutes de marche ont finalement duré 2 heures !

 

Le lac sacré dans la vallée de la Markha

 

La nuit, j’espérais pouvoir dormir, exténué, sans force, mais ce fut la pire de toute ! Pas de sommeil, un froid à glacer les os. 

 

Un sentiment tellement étrange m’envahit : entre vivre l'expérience de ma vie la plus douloureuse physiquement, mais conscient de vivre un moment unique et inoubliable.

 

 Et au petit matin, à 5h30, entendre une horde de loups hurler et voir tout le monde se précipiter hors de sa tente, inquiets !

C’est notre dernier jour de marche. Il faut passer le col à 5600 m, descendre et rentrer à Leh et se reposer ! 

 

Les 3 randonneurs et l'équipe de randonnée

 

 

La vallée de la Nubra à moto

Après une vraie douche et une journée de sommeil, nous sommes passés à la seconde phase du voyage. Le tour de la vallée de la Nubra puis une visite jusqu’à Alchi, plus à l'ouest. Six jours de moto à traverser des paysages à couper le souffle. Deux ascensions du Khardungla, la route la plus haute du monde, à 5600 m, qui nous mène à la Nubra. 

 

Jamais je n’ai eu aussi froid. Il fallait s’arrêter et se réchauffer les mains contre le moteur de la moto, et la route était complètement gelée.

 

Après un jour plein d’une route spectaculaire à longer des canyons incroyables, nous arrivons enfin dans la Vallée de la Nubra. Cette vallée se présente comme un Y, côté ouest, Diskit, côté est, Sumur. Nous longerons les deux côtés en commençant par Diskit.

Pour nous accueillir, sur la gauche, un monastère en hauteur, qui surplombe une statue immense de Bouddha, la plus grande du Ladakh. Sur la droite, un troupeau de chameaux qui se promènent dans une vallée entièrement recouverte de dunes dont le sable est aussi fin et clair que celui des plages des Maldives !

À Diskit, nous trouvons le seul hôtel encore ouvert dont la patronne nous reçoit dans des chambres non chauffées et sans eau chaude ! Après une nuit sous 3 couches de couettes, nous prenons la direction de Turtuk, le dernier village, au bout de la vallée, avant la frontière pakistanaise. En chemin, en longeant la vallée, nous traversons des ponts couverts de planches branlantes qui surplombent les eaux turquoises de la rivière Shyok.

 

un pont sur la rivière Shyok au Ladakh

 

Arrivés à Turtuk, le village est perché sur un plateau surplombant la vallée. Ce plateau est couvert de champs de blé qui entourent un petit village, un véritable dédale de ruelles étroites et alors que nous le visitons, nous sommes invités au mariage de la fille du chef musulman. Un moment tellement inattendu, une expérience atypique et mémorable. On nous sert une plâtrée de bœuf en sauce, assis au milieu des convives : un souvenir inoubliable. 

 

C’est la seule fois en Inde où on m’a servi du bœuf en me disant que c'était du bœuf !

 

Et pour la route du retour, une quantité incroyable de fruits secs de la vallée : noix, amandes d’abricot et abricots secs.

 

Repas de mariage dans le Ladakh

 

la vallée de la Nubra

 

 

Sur la route, pour revenir pour passer la nuit Diskit, nous nous arrêtons admirer, euphoriques, le coucher de soleil sur les dunes en écoutant “la vie en rose” de Edith Piaf. Quel souvenir encore !

 

Le lendemain matin, nous prenons la route de Sumur, de l’autre côté de la vallée, mais en arrivant, pas d'hôtel, rien ! Nous cherchons désespérément un endroit pour passer la nuit et devons appeler en dernier recours notre ami et guide, Gurmat, qui est originaire de ce village. Il nous trouve un de ses amis qui nous héberge finalement dans sa famille. Une petite maison au milieu des pommiers, encore un endroit magique. Notre hôte est un ancien élève de philosophie de l'université Jammu, un jeune marxiste-léniniste ! Sa famille et lui ont recueilli un jeune trouvé sur un chantier sur la route. Il travaille pour eux en échange du couvert et d’un toit.

De ce côté de la vallée de la Nubra, nous avons visité deux incroyables monastères. L’un est une école pour jeunes moines, l’autre est perché tout en haut d’une falaise. 

 

Dans un de ces monastères, je goûte le fameux thé ladakhi à base de beurre et de sel dans une cuisine aux allures moyenâgeuses, encore un souvenir incroyable !

 

Dans les monastères de la vallée de la Nubra

 

Sur la route du retour vers Leh, nous sommes surpris à plusieurs reprises par des vents glacials qui rendent le voyage très dur. En arrivant enfin au sommet du Khardungla, nous dérapons même sur  une plaque de verglas, à l’arrêt heureusement, et la moto tombe. Mais plus de peur que de mal, nous repartons vers notre prochaine étape : Alchi.

Alchi est le plus ancien monastère du Ladakh, un lieu saint pour les bouddhistes. Le monastère comprend plusieurs salles avec des statues de Bouddha, centenaires et immenses. Les murs sont couverts de peintures anciennes, les encens nous brûlent les yeux. Une ambiance tellement irréelle.

 

Nous rentrons à Bombay avec des souvenirs plein la tête et 1,5 kilos de fromage de yak !

 

Et maintenant, je rentre en France, c’est la fin de l’aventure indienne. Ce voyage restera gravé à jamais dans mon esprit.

 

Le temple de Diskit au Ladakh

 

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