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Une soixantaine de miliciens anti-armée arrêtés dans le Sagaing

Une milice paramilitaire en BirmanieUne milice paramilitaire en Birmanie
Une milice paramilitaire en Birmanie
Écrit par Rédaction lepetitjournal.com Birmanie
Publié le 2 août 2021, mis à jour le 2 août 2021

Mercredi dernier, l’armée régulière birmane, la Tatmadaw, a interpellé une soixantaine de paramilitaires de la Force de défense du peuple (PDF) de la circonscription de Mingin, dans la région de Sagaing. Les PDF sont des milices combattantes qui déclarent obéir au gouvernement d’unité nationale (Nug) en exil. Dans les faits, chaque milice fonctionne de manière indépendante, les autorités en exil étant incapables de les coordonner ou même de les diriger. Si certaines milices se comportent réellement comme une force de combat respectant les droits humains et ne s’attaquant qu’aux soldats de la Tatmadaw, d’autres ciblent autant ces soldats que les civils qui ne partagent pas leurs idées et leur allégeance, commettant ainsi des meurtres et violations des droits humains à répétition… exactement comme la Tatmadaw qu’elles dénoncent.

Dans l’affaire de Mingin, un troisième groupe paramilitaire, le Phyu Saw Htee, supplétif de l’armée, est impliqué. La plupart des membres de ce groupe, qui a comme les PDF une dimension nationale, se déclarent comme adhérents ou sympathisants du Parti de la solidarité et du développement de l'Union (USDP), le parti fondé par les militaires en 2010 pour porter leur doctrine conservatrice et nationaliste sur les plans politique et électoral. Le Phyu Saw Htee, à l’instar de certaines PDF, pratique les assassinats de civils et d’opposants politiques.

Dans l’affaire de Mingin, les circonstances de cette arrestation massive ne sont pas claires mais elle s’est manifestement opérée sans difficultés et sans beaucoup de combat. En recoupant les éléments fournis par les divers médias birmans qui racontent l’histoire, il semble que l’armée et le Phyu Saw Htee ont piégé les PDF dans le village de Taungbyu, que ceux-ci s’apprêtaient à attaquer et dont la population civile soutient en majorité l’USDP. Maung Myint, ancien député local USDP, se moque sur sa page Facebook : « Les habitants de Taungbyu étaient unis et ont fait preuves des bonnes tactiques militaires pour écraser les PDF. Comme leurs fusils de ces PDF sont des vieux tromblons, nous les avons encerclés pendant qu'ils se préparaient à tirer et nous les avons eu vivants ». Une version peu fiable et certainement romancée.

De l’autre côté, un milicien PDF raconte à Radio Free Asia, sous couvert d'anonymat, que vers 3 heures du matin lui et ses amis menaient une mission visant à prendre le village lorsqu’ils sont tombés dans une embuscade : « Nous avions encerclé le village et ils ont dit que les femmes, les enfants et les personnes non armées sortiraient pour négocier. Ils nous ont dit de laisser derrière nous nos armes et 57 de nos camarades sont entrés dans le village. Ils ont tous été arrêtés. Seuls 12 d'entre nous se sont échappés parce que nous ne les avons pas crus et n'avons pas voulu suivre le mouvement ». Une version tout aussi peu fiable et romancée.

Une troisième source, qui se dit également membre des PDF, s’interroge, toujours sur RFA : « La ligne téléphonique a été coupée alors qu'ils étaient sur le point d'entrer... Comment cela s'est-il produit ? S'agissait-il d'une trahison ? S'ils étaient armés, ils auraient été en mesure de se défendre. Ils étaient nombreux et savaient qu'ils risquaient d'être tués au cours d'un combat. Être arrêté en masse comme cela n'a pas de sens. C'est très difficile à comprendre. Nous essayons de trouver des réponses ». Une chose demeure, triste : quatre combattants des PDF ont été tués pendant toute cette opération. Et le sort des autres est pour l’instant inconnu mais certainement peu enviable.

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