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Privée d’exportation, la pêche birmane dans le marasme

L'industrie de la pêche et ses 3 millions d'emplois sont en danger en BirmanieL'industrie de la pêche et ses 3 millions d'emplois sont en danger en Birmanie
L'industrie de la pêche et ses 3 millions d'emplois sont en danger
Écrit par Julia Guinamard
Publié le 24 juin 2020, mis à jour le 6 juillet 2020

« Notre situation est comme celle d'une personne qui s'est rétablie d'une maladie, mais qui n'a rien à manger », a déclaré le représentant de l’usine de conditionnement de fruits de mer Golden Bay. La fermeture des frontières chinoises - principal partenaire commercial de la Birmanie pour ce secteur - comme la fermeture des hôtels et des restaurants mettent à mal l’industrie de la pêche. La fédération de la pêche de l’état de Mon estime que la demande en crevettes et poissons a chuté de 80 % à cause de la crise de la Covid-19 : « Les prix ont été plus que divisé par deux. Normalement, nous vendons nos produits 6 000 kyats (environ 4 €) et actuellement nous les vendons 2 000 kyats (environ 1,7 €). Ces prix sont pratiqués sur le marché noir ».

Les produits issus de la pêche sont un des principaux pôles d’exportations du pays. Selon l’association des producteurs et exportateurs de poissons en Birmanie, le secteur représente 3,3 millions d’emplois. Les répercussions sont d’autant plus importantes dans les régions côtières, comme dans la région du Tanintharyi où 75% de la population dépend du secteur de la pêche pour vivre. Les pêcheurs sont autant touchés que les industriels. L’usine de Golden Bay a cessé ses activités mais continue de payer ses employés et n’a, pour l’instant, pas encore profité des fonds alloués pour la Covid-19.

En effet, décidée et distribuée de manière pyramidale, du haut vers le bas, sans concertation préalable, la majeure part de ces fonds va directement aux industries qui se sont faites entendre très tôt, le tourisme et l’industrie textile, et qui sont elles aussi en crise avec de gros besoins d’assistance. Le secteur de la pêche n’a pas su anticiper et réclamer à temps. Ce qui l’oblige aujourd’hui à se contenter d’une part congrue des aides directes allouées. Congrue mais malgré tout essentielle : le ministère de la Pêche a annoncé qu’il consacrerait 10 millions de kyats (environ 6 500 €) en prêts aux propriétaires de chalutiers, entre 100 et 200 millions de kyats (65 000 – 130 000 €) aux embarcadères et 300 millions de kyats (195 000 €) aux usines du secteur. La manière dont les fonds seront distribués n’a pas encore été confirmée par le ministère.

Le ministère du Commerce a déclaré que la Birmanie, tous secteurs confondus, a perdu de l’ordre de 21 milliards de kyats par jour (14 millions d’euros) depuis le 27 janvier.

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