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Petit à petit, la Birmanie se ferme calmement pour éviter le Covid-19

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Les fameuses plages de Ngapali en Birmanie sont désormais fermées au public et totalement désertes
Écrit par Rédaction lepetitjournal.com Birmanie
Publié le 31 mars 2020, mis à jour le 1 avril 2020

Alors que la conseillère d’état Daw Aung San Suu Kyi a annoncé officiellement hier soir que « le confinement ne sera décidé qu’en dernier recours et s’il n’y a pas d’autres possibilités », les rumeurs persistent et la Birmanie se referme peu à peu sur elle-même, de manière étonnamment ordonnée qui fait honneur à la population, aux dirigeants et aux entrepreneurs dans cette situation entre-deux difficile pour tous.

A Yangon, le Comité de développement de la ville (YCDC), équivalent d’un conseil municipal, a demandé – l’instance n’a pas la possibilité juridique de l’exiger - aux commerces accueillant beaucoup de public sur des temps longs, comme les restaurants et les tea shops, de ne plus servir sur site mais plutôt de vendre « à emporter » et le YCDC a été écouté et entendu. Une solution qui permet de maintenir une certaine activité économique et aussi de subvenir aux besoins de ceux dont les maisons ne leur permettent pas vraiment de cuisiner, une situation assez courante pour beaucoup de résidents venus à Yangon pour travailler mais pas du tout désireux de s’installer et qui partagent des dortoirs pas toujours équipés de cuisine. Dans les districts de Insein ou Hlaingtharyar se trouvent aussi beaucoup de migrants intérieurs qui vivent dans des bidonvilles sans équipements dont la population dépend souvent totalement des échoppes de rue pour s’alimenter. La solution « à emporter » semble donc convenir et plus efficace que le confinement strict qui serait impossible à réaliser de manière réelle et efficace.

Les hôtels ferment les uns après les autres

Les transports ont subi une réduction drastique. A Yangon, les bus de l’agglomération continuent à circuler, mais en nombre réduits et sans modifier le prix du trajet. En revanche, les compagnies de bus nationales assurent désormais un service minimum mais en vendant obligatoirement deux billets par client afin de maintenir une distance physique entre les voyageurs, ce qui limite les déplacements. Les compagnies aériennes tournent elles aussi au ralenti, et les vols internationaux ne sont plus autorisés à atterrir en Birmanie sauf circonstance et autorisation exceptionnelle comme cela vient d’être le cas pour Malaysia Airlines, dont un vol charter a pu se poser à Yangon afin d’en ramener des citoyens malaisiens désireux de rentrer chez. Myanmar Railways a commencé à supprimer des wagons sur certaines rames et des trains sur certaines de ces lignes, que ce soit longue distance – notamment entre Yangon et Myitkyina – ou locale, presque la moitié des rames de la ligne circulaire – 69 sur 168 – ayant déjà été retirées.

Dans ces conditions, les hôtels et restaurants ferment aussi lorsqu’ils le peuvent. C’est le cas de The Strand ou Hôtel G, qui ont préféré clore leurs portes pour tout le mois d’Avril, une solution rationnelle permettant d’assurer la sécurité des clients et des personnels, ou Novotel et Melia Hôtel, qui eux ne ferment que partiellement car ils reçoivent des clients longue durée et ne voulaient pas non plus leur créer un stress supplémentaire en les privant de leur demeure. Tous procèdent de manière à réduire au maximum les contacts et déplacements des personnels, toujours avec ce même souci de sécurité. Les restaurants suivent, Babett fermant du 2 au 30 avril, par exemple. D’autres, comme Othentic, n’accueillent plus de clients mais continuent à servir « à emporter » pour ceux qui le désirent.

A Mandalay, la plupart des marchés couverts ont été fermés, comme le Zay Cho, mais nombre de boutiques à l’extérieur restent ouvertes afin que la population puisse acheter régulièrement les biens alimentaires et de consommation nécessaires sans avoir besoin pour l’instant de faire des stocks. Même si de fait, certains ont comme partout ailleurs commencé à acheter plus – trop ? – par précaution.

Toutes les grandes plages de Birmanie fermées au public

Les destinations balnéaires du pays suivent toutes la même politique, même si celle-ci n’est pas concertée : fermer l’accès aux plages. Dans la région de Tanintharyi, pourtant à ce jour indemne du virus, le gouvernement régional a ordonné la fermeture des sept grandes plages autour de Dawei, « afin d’éviter que des tas de gens s’agglutinent aux mêmes endroits », a justifié U Ho Pin, le ministre régional du Développement et des Affaires sociales. La fameuse Ngapali a décidé de faire pareil, 30 des quelques 60 hôtels de la destination s’accordant déjà pour fermer durant tout le mois d’avril. De toute façon, les autorités régionales ont affirmé que « tous les hôtels seraient obligés de fermer et même de rembourser les clients qui ont versé des arrhes ». La fermeture, cela est certain car dépendant du gouvernement local ; le remboursement reste à voir car sur ce point, ledit gouvernement n’a aucune autorité judiciaire. Le directeur d’un des établissements de luxe local a toutefois confirmé que dans son cas, les remboursements seront effectués. Dans l’Ayeyarwady, les populaires plages de Chaung Tha, Ngwe Saung, Gaw Yin Gyi et Shwe Thaung sont elles aussi devenues inaccessibles au public.

A Nay Pyi Taw, le tour de vis est encore plus fort. La capitale suit le modèle de Yangon et Mandalay mais le renforce en interdisant toutes les réunions publiques comme des mariages, des funérailles, des célébrations religieuses. Et le Comite dirigeant l’agglomération a tapé du poing sur la table après que sa première interdiction n’a pas été suivie d’effets, notamment pour ce qui est des célébrations religieuses qui se sont tenues comme si de rien n’était. Un membre du Comite a ainsi déclaré que dorénavant, « toute personne enfreignant cette interdiction serait punie selon la loi sur la propagation des maladies infectieuses de 6 mois de prison et 50 000 kyats (environ 40 euros) d’amende ». Un peu partout dans le monde – à Strasbourg en France, en Corée du Sud, en Malaisie… - des rassemblements religieux de grande ampleur se sont transformés en bouillon de culture et vecteurs zélés de l’épidémie.

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