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Oren Ginzburg : Ecrivain et directeur d’un fonds de l’ONU en Birmanie

Oren Ginzburg - Ecrivain et directeur d’un fonds de l’ONU en Birmanie Oren Ginzburg - Ecrivain et directeur d’un fonds de l’ONU en Birmanie
Écrit par Marie-Sophie Villin
Publié le 24 juin 2018, mis à jour le 25 juin 2018

"Vous êtes seul, triste, sans amour, sans amis ? Nous pouvons changer cela !!! Faites confiance à la S.A.R.L. Transformation de Vie." Cette publicité, ne la cherchez pas dans la vraie vie, elle figure dans le dernier livre d’Oren Ginzburg, Le destin (presque) timbré d’Etienne Durillon, tout juste récompensé par le 6ème prix franco-allemand pour la littérature de jeunesse.

Oren Ginzburg dirige depuis octobre 2016 à Yangon le 3MDG Fund (Three Millenium Development Goal Fund) du Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets, un fonds qui a vocation à financer des programmes de santé. Ce Franco-israélien a fait des études de droit à Grenoble, "mais je ne me voyais pas devenir avocat" ; puis il est entré à l’Ecole Supérieure de Commerce de Paris, "mais je ne me voyais pas travailler dans le marketing ou les affaires." En 1995, il part pour le Vietnam. Il rejoint ensuite la Thaïlande. Ce sont 10 années qu’il consacre à travailler pour l’ONG "Save the children" puis pour l’ONU. Il revient en Europe en 2005, à Genève plus précisément, pour rejoindre le Fonds Mondial de Lutte contre le Sida. Il y reste 11 ans avant de quitter son emploi. "Les discussions se répétaient sans arrêt. J’avais l’impression de ne jamais rien entendre que je n’avais pas déjà pu dire moi-même." Il travaille ensuite en Corée du Sud et à La Haye, avant d’obtenir son poste actuel au 3MDG Fund en Birmanie. Tout ce parcours laisse a priori peu de place à l’écriture ou au dessin. "Je n’ai pas du tout comme objectif dans la vie de ne faire qu’écrire ou dessiner." Son travail est en effet nécessaire à son inspiration. Ce sont les situations parfois absurdes qu’il vit au quotidien qui lui donnent de la matière pour ses livres. Son premier ouvrage, Le comptable et la fourmi, il l’a écrit alors qu’il était encore en école de commerce. Une histoire qui "m’a aidé à y voir plus clair dans ce que j’avais envie de faire."

Lorsqu’il rejoint l’aide au développement, il trouve une nouvelle fois de nombreuses sources d’inspiration. "Je travaillais en ONG et j’étais assez frappé par la perte de temps en réunions tellement inutiles qu’elles en deviennent marrantes." "Le fait d’en faire une histoire permet de faire sortir la pensée de la tête, de se débarrasser de la frustration." Dans Une oraison funèbre puissante mais sans réel intérêt (A powerful but kind of pointless funeral oration), il livre sa vision de Power Point, à ses yeux support qui gâche plus qu’il n’aide à la compréhension de l’idée que veut transmettre son auteur. "C’est souvent une catastrophe totale car ce n’est ni charismatique ni intéressant." Son vecteur pour expliquer cela est le discours fondateur de Périclès, stratège et homme politique athénien du Vème siècle avant J-C, sur la démocratie. Discours brillant mais dont la représentation fût compliquée par la présence de placards de pierre, ancêtres de Power Point… 
There you go ! (Nous y voilà !) est sans aucun doute son œuvre qui a connu le plus grand succès. Reconnu par des personnalités telles que Desmond Tutu ou Tony Blair, il dépeint comment, d’une volonté initiale d’amener le développement durable, les entreprises occidentales détruisent les cultures indigènes en les transformant en un "village global." L’ONG Survival International en a même fait une vidéo, largement partagée.

L’important pour écrire, explique-t-il, c’est de trouver un point d’entrée : pour son livre sur Power Point, ce fût le discours de Périclès. "Ça fait des années que je veux écrire un livre sur le conflit israélo-palestinien mais je ne sais pas encore comment l’aborder." Les livres d’Oren sont plutôt courts (une cinquantaine de pages chacun) et contiennent principalement des dessins (souvent, mais pas toujours, de lui). "Chaque dessin est accompagné d’une ou deux phrases. Ça se lit en une minute." Ils sont la plupart du temps déguisés en livres pour enfants. Il admet que son format est compliqué à éditer. Il a donc créé sa maison d’édition, Hungry Man Books, du nom du premier livre qu’il y a publié, The hungry man (L’Homme affamé). Le destin (presque) timbré d’Etienne Durillon, Oren l’a écrit pour des enfants entre 8 et 12 ans, même s’il reconnaît que "parfois, ils ne comprennent pas la fin." Il y raconte comment Etienne Durillon, d’un quotidien monotone, vit une journée faite d’aventures lorsqu’il envoie 3 999 € à la S.A.R.L. Transformation de Vie. Il reprend confiance en lui, déclare son amour à la femme qu’il aime et découvre que cet amour est réciproque, se retrouve embarqué dans l’arrestation d’un criminel et reçoit la reconnaissance de tous. Tout ça, croit-il, grâce aux agents de la société. Ce livre est une manière d’expliquer qu’il faut oser dans la vie, prendre des risques. Il est édité par Grasset, qui le soumet au 6ème prix franco-allemand pour la littérature de jeunesse. A la surprise d’Oren, il est sélectionné. La remise des prix a lieu en Allemagne, à Sarrebruck, le 18 mai. Et il l’emporte. "C’était assez inattendu". Il ne s’était pas déplacé car très pris par le travail mais aussi parce qu’il ne pensait pas avoir sa chance. Cette récompense met l’ouvrage en lumière, attirant l’intérêt de maisons d’édition étrangères.
D’autres projets d’écriture depuis ? "Je prends des notes" sur la Birmanie, pour écrire un roman pour adultes cette fois, sur la vie à Yangon.

photo moi
Publié le 24 juin 2018, mis à jour le 25 juin 2018

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