Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

Min Aung Hlaing promet des élections dans deux ans

Min Aung Hlaing lors d'une interview pour Russie 24Min Aung Hlaing lors d'une interview pour Russie 24
Min Aung Hlaing lors de son interview pour Russie 24.
Écrit par Rédaction lepetitjournal.com Birmanie
Publié le 28 juin 2021, mis à jour le 29 juin 2021

Dans une interview à une chaîne d’état russe, le chef d’état-major birman a affirmé que « des élections générales auront certainement lieu dans les deux ans à venir car la Constitution y oblige ».

 

Dans une interview accordée à la chaîne de télévision d’état Russie 24 lors de son déplacement officiel en Russie entre les 21 et 26 juin, le chef d’état-major des armées birmanes Min Aung Hlaing a affirmé que « des élections générales auront certainement lieu dans les deux ans à venir car la Constitution nous y oblige, mais pour cela il reste encore beaucoup de travail afin que les conditions soient réunies pour tenir ce scrutin ». L’entretien a été enregistré le 22 juin en face à face avec un journaliste russe et selon un cadre et un protocole qui correspondent aux normes des interviews de chefs d’Etat. Sa diffusion en Birmanie n’a eu lieu que le 25 juin, sur MRTV. Soit la veille du retour de Min Aung Hlaing dans son pays.

Comme la plupart des dirigeants de la planète dans ce genre d’entretien formel et complaisant, le chef d’état-major et président du Conseil d'administration de l'État (Sac, l’organe de gouvernement mis en place par les militaires après leur coup de force du 1er février) y passe ses messages sans la moindre remise en cause de la part de l’animateur en face de lui.

 

« La paix et la stabilité ne sont pas encore totalement acquises »

Juriste de formation, Min Aung Hlaing essaie en permanence de se placer du côté du droit, invoquant la Constitution et les dispositions électorales pour justifier son action. Il explique par exemple que le texte fondamental spécifie que l'état d'urgence n'est autorisé que pour un an et qu'il ne peut être prolongé que de six mois au maximum. En conséquence, dit-il, « il faut parvenir à une situation stable et pacifique dans ce délai afin que les préparatifs nécessaires au futur scrutin puissent être effectués ».

Selon le chef d’état-major, « dans les circonstances actuelles, la situation en Birmanie est telle que la paix et la stabilité ne sont pas encore totalement acquises. Il faudra sans doute quelque deux ans pour régler cela mais nos cinq objectifs de départ n’ont pas changé – dont la tenue d’un nouveau scrutin - et ils seront réalisés après la fin de la période d'urgence et une fois que tout ce qui doit être fait aura été fait ». Pas plus de précisions quant à « ce qui doit être fait ».

Comme il le fait depuis le début, Min Aung Hlaing justifie sa prise de pouvoir par des allégations de fraudes électorales massives et le refus de la Commission électorale « d'y remédier rapidement par la discussion ou autres moyens ». Si des fraudes sont reconnues, notamment par l’Anfrel (l'Asian Network for Free Elections), ce même Anfrel estime qu’elles n’étaient pas massives et « qu’elles n’ont pas modifié l’issue générale du scrutin ». Il est en revanche de fait, toujours selon l’Anfrel, que la Commission électorale a refusé de se saisir rapidement des dossiers de litiges qui lui étaient soumis et qu’elle a agi de manière partisane, très loin des normes démocratiques.

 

La Russie, une « amie proche de la Birmanie »

Evoquant la brutalité qui règne aujourd’hui dans le pays, le dirigeant parle « d'agitation » et qualifie l’enchaînement des événements depuis l’été 2020 « de difficultés inattendues sur la voie du développement de la démocratie en Birmanie ». Il revient aussi sur les violences, affirmant « s’il y a des actes illégaux commis, de quelque côté qu'ils viennent, ils seront traités conformément à la loi. Tout sera mis en œuvre conformément à la loi contre ceux qui outrepasse leurs droits. Il n'y a pas lieu de débattre de cette question ». Mais il a quand même ajouté qu’il y avait « beaucoup de malentendus et d'accusations à l'encontre des forces armées qui ripostaient aux actes de terreur dans le pays », estimant que « chaque nation permet généralement à ses citoyens de protester contre un gouvernement mais que la paix devait être maintenue par les forces de sécurité pour protéger les civils et l'État de droit ». Toute cette interview s’est déroulée sans demande de précisions essentielles ou sans que les propos du chef d’état-major ne soient jamais sérieusement remis en question ou en cause par l’intervieweur.

Pendant ce même séjour en Russie, Min Aung Hlaing a rencontré plusieurs dirigeants russes, dont le ministre de la Défense Sergei Shoigu, et il a probablement passé des accords d’achats d’armes et de soutien de la part de Moscou. Il n’a pas rencontré Vladimir Poutine. A plusieurs reprises il a pu donner sa vision de la situation internationale de son pays, qualifiant la Russie « d’amie proche de la Birmanie » tout comme « l’Inde et la Chine » et ajoutant qu’en revanche la distance était beaucoup plus grande avec les Etats-Unis. Lors de la conférence sur la sécurité internationale organisée à Moscou le 23 juin, le chef d’état-major a aussi regretté que « certains pays s'ingèrent dans les affaires intérieures de la Birmanie sous prétexte de démocratie et de droits de l'homme ».

Flash infos