Selon le ministère de l'information du nouveau gouvernement, un total de 2 296 civils arrêtés pour avoir participé à des manifestations ou pour avoir protesté contre le nouveau pouvoir depuis le coup de force militaire du 1er février ont été libéré le 30 juin 2021 à travers tout le pays.
Les détenus étaient en prison suite aux manifestations contre le gouvernement militaire
Les détenus de Yangon provenaient tous de la prison d'Insein, vers 18 heures. « Nous étions environ 750 à sortir », a déclaré un ex-détenu au journal Eleven, « nous avons été renvoyés dans nos communes respectives dans des bus du Yangon Bus Service ». Parmi ces 750 personnes, surtout des jeunes arrêtés au moment des manifestations de février et mars 2021, des prisonniers politiques et des journalistes.
La rumeur de ces libérations massives s’était propagée sur les réseaux sociaux depuis le 28 juin et de nombreuses personnes s’étaient amassées aux abords des principales prisons du pays dans l’attente et l’espoir que leurs proches figurent parmi les personnes libérées. Des rassemblements malvenus au moment où l’épidémie de Covid-19 explose de nouveau en Birmanie.
Abandon des poursuites pour incitation à la rébellion contre 24 figures publiques
La veille, la chaîne d'État MRTV avait annoncé dans son journal télévisé que les poursuites engagées contre 24 artistes, dont Chit Thu Wai, Thet Mon Myint et Aye Wutt Yi Thaung, avaient été abandonnées. De nombreuses personnalités du monde du théâtre, de la musique, du cinéma et autres activités culturelles étaient poursuivies en vertu de la section 505(a) du code pénal pour incitation à la rébellion via des médias sociaux.
L'annonce faite à l’écran expliquait que les vedettes locales étaient libérées parce que les charges retenues contre eux avaient été abandonnées, les nouveaux dirigeants estimant que ces artistes avaient été « manipulés ». Mais l’information était accompagnée d'un avertissement : si ces 24 figures publiques recommencent à nouveau leurs « incitations », cette fois « il n’y aura aucun doute qu’il s’agit de délits commis de pleine volonté et elles seront alors poursuivies en vertu des lois en vigueur ».
Aucune explication particulière n’a été donnée pour cette vague de libération mais certains commentateurs politiques birmans y voient une volonté des dirigeants militaires de « donner des gages » aux pays qui leur reprochent la violence de la répression et les atteintes aux droits Humains. « Si c’est cela la raison, c’est raté » a cependant tenu à préciser un dirigeant de l’Association d’aide aux prisonniers politiques (AAPP), pour qui « des gages de vraie bonne volonté seraient de libérer tous les prisonniers politiques et pas seulement 2 300. Ils sont encore 4 000 indûment en prison ».