L’offensive de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) contre l’administration centrale de Birmanie se poursuit. Le parti au pouvoir avait déjà annoncé qu’il reprenait la main sur la Direction générale de l’administration (Dga) (lien: ici) en la transférant du ministère de l’Intérieur à celui du Bureau du gouvernement de l'Union, c’est-à-dire en la faisant passer du giron de l’armée a celui du pouvoir civil. Maintenant c’est un de ses porte-parole officiels qui s’épanche dans un journal chinois et charge à son tour “une partie de l’administration qui freine volontairement les réformes”. Dans une interview au média chinois Globus rapportée par le Myanmar Times, U Myo Nyunt mentionne la résistance passive d’une partie de l’administration – qui selon lui souhaiterait un retour au “bon vieux temps” - comme l’un des obstacles majeurs aux changements voulus par l’actuel gouvernement. Il estime par ailleurs que les autres freins sont la mainmise de certains militaires sur l’économie à travers des entreprises dans les secteurs de la banque, de l’aérien, de l’énergie… et le manque d’expérience de gouvernement de son parti. Toujours selon U Myo Nyunt, la population attend une nette amélioration de l’économie parce qu’elle souffre au quotidien et si aucun changement fort ne vient d’ici à 2020, il est possible qu’alors la LND perde tout simplement les élections. Aussi appelle-t-il le gouvernement à prendre cette situation en compte et à des décisions radicales en conséquence. Or, relève-t-il, toujours cité par le Myanmar Times, pour l’instant “nous sommes hésitants alors que nous devrions être efficaces et décidés”. Et il dit espérer que la LND agira ainsi après avoir gagné le scrutin de 2020… si elle l’emporte. De nombreux observateurs de la politique birmane juge de même que sans une réforme de l’administration en profondeur, aucun changement durable ne sera possible en Birmanie. Beaucoup explique que les fonctionnaires n’ont souvent pas assez la notion de service public en tête, confondent régulièrement leurs obligations vis-à-vis des citoyens avec un fief personnel et en conséquence commettent de nombreux abus de pouvoir qui en retour limitent et l’efficacité des réformes, et la confiance des citoyens. Si ce schéma n’est bien sûr pas généralisable à toute l’administration, reconnaissent des experts, il est suffisamment prégnant pour entamer le processus démocratique en cours. Si l’analyse est largement partagée, il existe aussi des voix pour dire que la LND n’est pas arrivée au pouvoir sans savoir ce qui l’attendait et qu’elle réagit bien tard, surtout en parole, avec juste les prochaines élections en ligne de mire car l’inquiétude grandie en son sein d’un revers électoral. Un rapport récent pointait du doigt “les nombreux lobbies agissant au sein de l’exécutif pour influencer au coup par coup les réformes économiques en faveur des puissantes entreprises d’état mais sans que l’on puisse distinguer une ligne directrice claire et forte”. Pour ces commentateurs et analystes, toute une frange de la LND a au début trouvé son compte dans des décisions peu favorables aux masses mais propices à des intérêts particuliers et maintenant, après des élections partielles plutôt mal négociées, le parti cherche à se secouer et à réagir en s’attaquant aux problèmes clefs de la population afin d’améliorer son quotidien tout en demandant plus de temps pour gouverner, donc une nouvelle législature.
Les grandes manœuvres électorales ont déjà commencé
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