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Le dossier de Mrauk U au patrimoine de l’humanité déposé à l’Unesco

Mrauk U Unesco patrimoine de l'humanité Birmanie ArakanMrauk U Unesco patrimoine de l'humanité Birmanie Arakan
Temples à Mrauk U
Écrit par Rédaction lepetitjournal.com Birmanie
Publié le 24 mai 2021, mis à jour le 24 mai 2021

Dans ses efforts pour donner l’impression que tout fonctionne normalement dans le pays tout autant que pour rétablir cette normalité, le nouveau gouvernement a finalement déposé auprès de l’Unesco le dossier de demande de classement du site archéologique de Mrauk U, dans l’Arakan, au patrimoine mondial de l’humanité. Un dossier pendant depuis des années et dont la dernière soumission officielle, mais incomplète, date du 25 septembre… 2019 ! Fin janvier 2021, le gouvernement issu de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) avait renoncé au dépôt final, considérant que le dossier n’était pas encore suffisamment solide. Les visites de terrain en particulier n’avaient pas pu être effectuées à cause de la pandémie de Covid-19 et des violentes opérations militaires dans la zone, opposant l’armée régulière (la Tatmadaw) et le mouvement combattant Armée de l’Arakan. Mais tout cela a changé après la prise de pouvoir par les militaires le 1er février dernier. Désormais, normaliser le dossier en lui faisant suivre son cours temporel et institutionnel prévu est devenu important, d’où le dépôt de candidature.

La constitution du dossier a réellement commencé en 2015 sous la houlette de la direction de l’Archéologie et des Musées nationaux par les spécialistes locaux et avec l’aide et l’assistance de divers experts internationaux, même si le site de l’Unesco donne la date du 4 octobre 1996 pour le premier dépôt de candidature ! Le site de Mrauk U, qui correspond à l’ancienne capitale du royaume local éponyme (1429-1785) est déjà classé « zone archéologique de patrimoine national » de Birmanie et comporte de très nombreuses pagodes et palais anciens, à l’instar de Bagan avec lequel il est souvent comparé. Le dossier déposé comporte de nombreuses images satellites des lieux et monuments concernés, des cartes techniques de la disposition du site, des photos et relevés des bâtiments afin de juger de leur intérêt et de leur état, des articles scientifiques, etc.

L’archéologie et le patrimoine comme arguments nationalistes

Mrauk-U est de fait un ensemble riche et magnifique mais plutôt difficile d’accès, même avant le début des exactions et de la guerre civile dans l’Arakan en 2017. Laquelle guerre civile a mené à la fermeture du site aux visiteurs car il se situe en pleines zones d’affrontements et des combats y ont eu lieu, au grand dam des archéologues qui encore à ce jour ignorent officiellement l’ampleur des dégâts, si dégâts il y a eu. Ces batailles avaient aussi et bien évidemment soulevé de nombreuses questions quant à cette candidature, plusieurs organisations de la société civile (OSC) déplorant que le gouvernement de l’époque puisse continuer à mettre l’accent sur l’aspect patrimonial du lieu comme si tout y était normal alors que des milliers de gens mourraient ou étaient déplacés dans la zone et qu’à leurs yeux le facteur humain devait passer bien avant le dossier archéologique. Un critère qui avait aussi pesé dans la décision de janvier dernier de reporter le dépôt de la candidature finale à 2022 au lieu de 2021.

En revenant sur cette décision et en soumettant le dossier pour la réunion de la 44ème   session élargie du Comité du patrimoine mondial de l’Unesco le nouveau gouvernement issu du coup de force militaire du 1er février 2021 se place donc clairement dans les pas du précédent élu en 2015, à savoir utiliser le patrimoine historique comme paravent nationaliste et en rechercher une certaine unité nationale. Et même si le dossier n’est sans doute pas aussi complet que souhaitable, la manœuvre diplomatique peut réussir car la 44ème session se déroulera certes en ligne mais sous les auspices de la République populaire de Chine, à Fuzhou, du 16 au 31 juillet 2021. Et la Chine soutient aujourd’hui tout à fait ouvertement le nouveau pouvoir birman…

La Birmanie compte déjà plusieurs sites listés par l’Unesco au patrimoine mondial de l’humanité, comme les anciennes cités de la civilisation Pyu Han Lin, Beik Tha No et  Thayaykhittayar, qui ont obtenu ce label en juin 2014 ou le fameux Bagan, classé seulement en juillet 2019.

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