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La saison sèche commence à peine que déjà la question de l’eau se pose

A Seik Gyi Khanaung Toe ou Dala, autour de Yangon, l'alimentation en eau est souvent manuelle et dangereuseA Seik Gyi Khanaung Toe ou Dala, autour de Yangon, l'alimentation en eau est souvent manuelle et dangereuse
A Seik Gyi Khanaung Toe ou Dala, autour de Yangon, l'alimentation en eau est souvent manuelle et dangereuse
Écrit par Rédaction lepetitjournal.com Birmanie
Publié le 11 mars 2020, mis à jour le 12 mars 2020

Avec le mois de mars qui avance, la chaleur se fait de plus en plus intense et la question récurrente de l’accès à l’eau redevient un enjeu important dans le pays. Le 8 mars, le Premier ministre de la région de Yangon a ainsi inauguré une nouvelle voie entièrement rénovée dans la vieille ville, pas loin de la pagode Sule, où l’ensemble du système d’écoulement des eaux usées a été nettoyé et renforcé. « C’est un travail essentiel de remettre toutes les canalisations et tous les systèmes d’évacuation des eaux en état car c’est le seul moyen de lutter efficacement contre les inondations qui vont arriver avec la saison des pluies, et c’est aussi le meilleur moyen d’éviter les pertes lors de l’acheminement et enfin cela permet de renforcer la nappe phréatique et donc à terme d’assurer l’alimentation en eau de la ville », a-t-il expliqué.

U Phy Min Thein s’est voulu didactique avec les habitants autour de lui au moment de l’inauguration : « La région de Yangon manque d’eau, et pour l’instant prélever sur la nappe phréatique serait une erreur car actuellement elle ne se renouvelle pas assez rapidement. Donc, nous tous, habitants de Yangon, nous devons faire attention à bien laisser s’écouler les eaux lorsque la saison des pluies arrivera car c’est une partie de ces eaux-là qui ira alimenter et renforcer la nappe phréatique. Mais c’est aussi une partie de ces eaux-là que nous pouvons récupérer et retraiter pour en faire de l’eau potable. C’est un tout, un cycle. C’est pour cela que la région fait tout ce qu’elle peut afin de rendre le système d’évacuation des eaux de nouveau opérationnel ».

La gestion des ordures ménagères devrait être une priorité pour gérer l’eau

En Birmanie, la population jette tout par terre, de manière systématique, à la fois par habitude, par manque d’information sur les conséquences de ce geste et aussi par absence de choix, les poubelles étant rares et souvent pleines car la collecte des déchets est irrégulière. Partout dans la vieille ville, les détritus s’amoncellent dans les systèmes d’écoulements des eaux et les bouchent, avec pour résultat de plus fortes inondations lors des grandes pluies et un flot plus rapide donc moins facile à récupérer, et dont seulement une faible partie achève sa course dans la nappe phréatique du fait de sa trop grande vitesse. U Phyo Min Thien a insisté sur l’importance d’informer la population et de lui expliquer tous ces processus afin qu’elle change de comportement, plutôt que de devoir sévir et punir. Si cette approche pédagogique est louable, sans accompagnement en profondeur de la gestion des ordures ménagères, elle semble malheureusement bien limitée pour susciter une véritable prise de conscience des habitants.

Du côté de Seik Gyi Khanaung Toe en revanche, sur l’autre rive du fleuve Yangon, la prise de conscience de l’importance de l’eau et de l’impact des activités domestiques sur sa qualité est bien là. C’est que les résidents de ce quartier pauvre et périphérique de Yangon ont survécu jusque récemment sans accès à l’eau potable ou traitée. « Nous prenions l’eau de l’étang local, et quand il n’y en avait plus, nous nous servions juste dans le fleuve. Nous savons que c’est de l’eau sale et que nous ne devions pas la boire, mais quel autre choix ? », raconte un habitant de ce quartier. Et de poursuivre : « Maintenant nous avons accès à l’eau potable, et cela change notre vie ».

200 kyats le remplissage d’une bouteille

Le Comité de développement de Yangon, équivalent d’un conseil municipal ou d’agglomération, a en effet installé des machines filtrantes purifiant l’eau afin que la population puisse boire avec une meilleure sécurité. « Nous avons nettoyé et creusé un peu plus l’étang et mis en place les machines à côté. Elles puisent dans ce réservoir, filtrent et nettoient et envoient l’eau dans des cuves d’où il est facile de la récupérer », décrit un officiel local. « Durant 3 mois, l’eau était gratuite afin que les habitants s’habituent à la consommer et désormais nous la facturons 200 kyats le remplissage d’une bouteille (13 centimes d’euro, le prix d’un ticket de bus à Yangon) pour couvrir nos coûts d’exploitation ». L’ensemble de l’entretien des machines et de l’étang, de la facture d’électricité et des salaires s’élèvent à 900 000 kyats par mois, soit 4 500 remplissages par mois, 150 par jour pour une population locale de 34 000 personnes en 2014, dernier recensement en date. « Nous savons qu’au plus fort de la saison chaude, l’étang sera asséché, et nous réfléchissons à des solutions. En attendant, ce système aide considérablement les résidents », complète le fonctionnaire.

Dans l’état de Mon aussi, on recherche des solutions, mais immédiate celle-là ! Car les 15 000 habitants des villages de Tabaung et Tagu, sur l’île de Bilu, font face à la première sécheresse de l’année en Birmanie, alors que la saison chaude commence à peine ! « La saison des pluies a été très courte cette année, les eaux souterraines n’ont pas été renouvelées. Ensuite, les agriculteurs ont puisé en quantité dans les puits afin de donner de l’eau à leurs plants de riz. Maintenant, soit les puits sont à sec, soit l’eau est rance et salée et tue les plantations de haricots », constate un administrateur local. Pour qui la seule solution consiste à construire une citerne de très grande taille et à ensuite la remplir d’eau potable. Mais un habitant relève que cela va coûter cher, que même grande la citerne ne le sera jamais assez et s’interroge sur le « Qui va payer ? », en ajoutant que depuis plusieurs mois déjà les élus locaux ont averti la région du risque de sécheresse sur l’île, qui compte 200 000 habitants, et qu’ils réclament la construction d’un lac artificiel en béton de l’ordre de deux hectares de superficie et de plusieurs mètres de profondeur dans lequel les eaux de pluies à venir pourront être stockées.

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