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La boulangerie française à Yangon!

La boulangerie française à Yangon!La boulangerie française à Yangon!
Écrit par David Hardillier
Publié le 21 septembre 2018

Yangon est une ville très cosmopolite. Nous y rencontrons des gens qui viennent des quatre coins du monde. Ainsi, il est notamment possible de croiser le chemin d’anglais, d’allemands, d’australiens, de russe et vous l’aurez surement remarqué, de nombreux français. En effet, la communauté française est l’une des plus importante en Birmanie. Et avec une telle représentation, il est facile de se dire que toutes les spécialités gastronomiques du pays ont suivi. Ceci est en partie vrai, notamment grâce à l’IECD, une ONG française, qui travaille sur un concept de boulangerie française en plein coeur de downtown, en compagnie de Claire Robaye, responsable du projet. De la formation des futurs artisans et l’ouverture en parallèle d’une boutique, vous allez tout savoir.

Je rencontre Claire Robaye au sein des bureaux occupés par l’IECD, l’Institut Européen de Coopération et de Développement, non loin de la pagode Sule, juste en dessous de l’étage qui accueillera de futurs boulangers et pâtissiers en formation. L’IECD est une ONG présente dans quinze pays dans le monde, principalement en Asie et sur le continent africain, et travaille sur une cinquantaine de projets avec des partenaires locaux sur le long terme. Chacun des différents projets s’articule autour de quatre thématiques: l’éducation, l’entreprenariat, la santé et le "vocational training" :, le développement des passions de chacun. En Birmanie, c’est sous l’égide du ministère de l’Hôtellerie et du Tourisme que l’organisation est présente et propose donc des formations axés sur les métiers de l’hôtellerie et de bouches. Fort de la mise en place d’une boulangerie française au Vietnam depuis 1999 à Ho Chin Minh, au Vietnam et avec l’expérience acquise dans la formation de jeunes apprentis, notamment en Thaïlande, l’IECD a lancé, depuis 2015, en Birmanie le projet de boulangerie française. La Birmanie n’a pas été choisie au hasard: le pays possède tous les avantages pour former les birmans aux métiers de l’hôtellerie ou de la restauration: tout d’abord, nul besoin de formation préalable, même s’il faut savoir lire et écrire, la formation ne demande aucun pré-requis technique et tous les savoirs de base s’apprennent facilement, ensuite c’est un secteur porteur au niveau de la formation et de l’embauche des femmes et enfin, le plein essor du marché dans la région.
Arrivée depuis 2016 sur le projet birman, Claire Robaye est sur tous les fronts: de l’aménagement des futurs locaux au choix et à l’achat des équipements de cuisine, du recrutements des futurs apprentis en passant par toute la partie administrative du projet. Elle est épaulée par trois employés birmans et supervisée par un chef de secteur. Et l’équipe de cinq personnes n’est pas de trop lorsqu’il s‘agit de recruter les futurs candidats. En effet, une vaste campagne a été menée depuis plusieurs mois pour trouver les élèves birmans qui constitueront la première promotion. Plusieurs entretiens ont été réalisés afin de trouver les personnes les plus motivées venant de tous les horizons. Toutes les facettes de la formation et de leur futur métier ont été expliqués plusieurs fois afin de chacun puisse bien comprendre les difficultés qu’une telle formation peut représenter. Il n’est pas évident de se dire qu’il faudra se lever tous les matins à 4h pour commencer sa journée !


Une réelle volonté de mixité ethnique et de genre a été mise en oeuvre afin de réunir le plus de représentants des différentes ethnies de Birmanie mais également au moins 50% de femmes au sein du programme. Sur l’ensemble de ces critères, ce sont dix à quinze birmans, âgés de 18 à 23 ans qui ont commencé depuis la mi-juillet leur formation en boulangerie pâtisserie. La formation s’étale sur 17 mois et les élèves sont nourris, logés, blanchis et l’ensemble du matériel dont ils auront besoin durant leur formation leur sera fourni également. Le tout est financé par l’IECD, lui même bénéficiant du support de fondations privées et de dons.  Les quinze premiers jours de la formation seront consacrés à l’anglais. Des cours intensifs seront donnés afin que tout le monde puisse avoir le niveau nécessaire à la suite des études et préparer d’ores et déjà l’après-formation. Aussi, un tiers du cursus n’est réellement consacré aux techniques de la boulangerie et de la pâtisserie. Une grande partie de la formation va également être dédiée à l’apprentissage des techniques de communication, de management, de culture générale, de gestion des stocks, de sciences et technologie mais aussi un apprentissage de la connaissance de soi, de la vie en communauté, de la citoyenneté et de l’ouverture aux autres. Bref, un programme très complet. 

Suite à cette formation, le travail ne va pas manquer et nos futurs boulangers-pâtissiers devraient connaitre les cuisines ou les laboratoires de grand hôtels et de grands restaurants. La demande est forte à Yangon, tant du coté des expatriés qui souhaitent retrouver à l’étranger les saveurs laissées dans leur pays d’origine, que les groupes hôteliers qui manquent de main d’oeuvre qualifiée. L’intérêt pour les birmans à la boulangerie et la pâtisserie est réel et la combinaison des deux influences, à la fois française et locale peut s’avérer surprenante mais très intéressante. Imaginez,  une tarte à l’ananas avec des fruits frais du marché ou un chausson à la mangue? Et il y a une multitude de combinaison et de recettes à revisiter, les possibilités sont immenses. Les classiques ne seront pas oubliés pour autant puisque vous pourrez bientôt retrouver les incontournables baguettes et croissants ! En effet, une boutique va prochainement être ouverte, dans les mêmes locaux de formation de nos  apprentis, rue Bo Soon Pat et tout le monde pourra profiter de toutes ces bonnes choses.
Vous la prendrez comment votre baguette, pas trop cuite?

David Hardillier lepetitjournal.com Birmanie
Publié le 19 septembre 2018, mis à jour le 21 septembre 2018

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