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Kirin ne veut pas mettre d’eau dans sa bière

kirin persiste a travailler avec les militaires en Birmanie Myanmar MEHLkirin persiste a travailler avec les militaires en Birmanie Myanmar MEHL
Écrit par Julia Guinamard
Publié le 19 octobre 2020, mis à jour le 19 octobre 2020

« Ces profits contribuent à des violations du droit international », déclare le directeur de l’organisation non gouvernementale (ONG) Burma Campaign UK à propos du chiffre d’affaires de 155,9 millions de dollars étasuniens (de l’ordre de 130 millions d’euros) réalisé par la Myanmar Brewery. La brasserie appartient à 49 % à la Myanmar Economic Holdings Limited (MEHL) – un puissant conglomérat de l’armée régulière - et à 51 % à la brasserie japonaise Kirin. L’organisation de la société civile Justice for Myanmar affirme que la Myanmar Brewery permet à l’armée régulière – la Tatmadaw - de « continuer à commettre contre les minorités ethniques des crimes contre l’Humanité ». Si ce jugement n’engage que l’OSC puisqu’aucun jugement officiel n’a tranché la nature de certaines exactions des militaires birmans en zones ethniques, en tout état de cause ces violences ont été dénoncées en août 2019 dans un rapport de l’Organisation des Nations Unies (ONU) sur les intérêts économiques de l’armée.

Kirin déclare prendre « très au sérieux » les dénonciations de l’ONU et des ONG. À la suite de la publication du rapport de l’ONU, le groupe japonais s'est engagé à « identifier, éviter et réduire » toute atteinte ou violation aux droits de l'Homme. Ainsi, Kirin demande depuis février 2020 certains documents financiers à la MEHL. En vain. Le brasseur, qui ne fait apparemment pas confiance à l’ONU, a fait appel en juin au cabinet de conseil Deloitte pour « déterminer la destination des fonds » et donc s’assurer qu’il ne finance pas d’opérations militaires contestables. En parallèle, le 3 juin 2020, l’entreprise japonaise a déposé un avis auprès de la direction de l'Investissement et de l'Administration des Entreprises (DICA) pour modifier ses statuts. La note aurait dû être rendue publique, mais cela n’a pas été fait et trois mois après, rien n’a avancé. Les entreprises étrangères sont soumises à des impôts supplémentaires et il semble donc peu probable qu’un autre montage soit plus avantageux pour le groupe japonais, même si « le génocide est clairement mauvais pour les affaires », selon les mots du directeur de l’International Campaign for the Rohingya. Le directeur de Burma Campaign UK pressent « une tentative désespérée de Kirin pour trouver un moyen de continuer ses affaires avec l'armée ». 80 % de la bière vendue en Birmanie est produite par la Myanmar Brewery et la Mandalay Brewery, aussi tenue par la MEHL et Kirin.

À la suite du rapport de l’ONU, plusieurs entreprises ont coupé leurs liens avec les conglomérats militaires, dont la marque Esprit qui produisait certains de ses vêtements au sein d’une usine liée à la Tatmadaw.

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