Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

Idée lecture : A Burmese Heart, Yin Mon Vanessa Han et Tinsa Maw-Naing

Un Coeur birman sur la BirmanieUn Coeur birman sur la Birmanie
Écrit par Marie-Sophie Villin
Publié le 3 octobre 2018, mis à jour le 3 octobre 2018

Sorti en 2015, A Burmese Heart – traduisez “Un cœur birman” – raconte l’histoire de Tinsa Maw-Naing, fille du premier Premier Ministre de Birmanie sous l’occupation britannique et femme de Bo Yan Naing.

Yin Mon Vanessa Han est née à Yangon avant de déménager aux Etats-Unis en raison des soulèvements de 1988. Elle n’a alors que trois ans mais sa famille juge préférable de quitter la Birmanie qui devient trop dangereuse. Très politisés, ils sont en effet plus vulnérables. Vanessa grandit donc à New-York avant d’étudier les relations internationales et l’économie à Los Angeles. Elle est régulièrement retournée en Birmanie pendant les vacances et a donc vu le pays évoluer. Elle savait à quoi s’attendre lorsqu’en 2012 elle décide de venir y vivre. Elle est aujourd’hui économiste et chercheuse, à côté de son activité d’écrivaine.

Sa grand-mère maternelle, Tinsa Maw-Naing, après avoir vécu à travers le monde, avait aussi ce désir de revenir vivre en Birmanie et a donc suivi sa petite-fille. Toutes deux discutent. Beaucoup. L’une partage ses souvenirs pendant que l’autre écoute. “On grandit tous avec les histoires de notre famille. J’ai toujours entendu des histoires sur mes grands-parents mais ce n’est qu’en grandissant que je me suis rendu compte que c’était assez extraordinaire” raconte Vanessa. L’idée d’écrire un livre sur sa grand-mère a toujours été présente dans son esprit. En vivant avec elle, en partageant de nombreux repas avec elle, le projet devenait plus concret. Tout ce que le livre contient est issu des souvenirs de Tinsa Maw-Naing. “Je suis très proche d’elle, donc je sais comment elle pense” confie Vanessa. Et si sa petite-fille a jugé que l’histoire de sa vie valait la peine d’être romancée, c’est que sa vie est quelque peu hors du commun. Née en 1927, Tinsa Maw-Naing est la fille aînée du Dr. Ba Maw et de Daw Kinmama Maw. Elle grandit dans un environnement privilégié, son père occupant la plus haute fonction du pays et voyageant à travers le monde ou recevant des personnalités chez lui. Elle n’est qu’une enfant et la première partie du livre est donc faite principalement d’observations.

Livre sur la Birmanie

La deuxième partie de A Burmese Heart est celle qui la lie à son mari, Bo Yan Naing. Il est l’un des Trente Camarades qui ont combattu pour l’indépendance aux côtés du Général Aung San. En raison de leur mariage, Tinsa devient prisonnière politique à plusieurs reprises dans les années 1960. Les militaires pensaient qu’en exerçant une pression psychologique sur lui et en enfermant les membres de sa famille, ils parviendraient à faire ployer Bo Yan Naing. Leur stratégie n’a jamais porté ses fruits. “Ma grand-mère n’a jamais pensé que sa vie était extraordinaire. En prison, elle a rencontré énormément d’autres femmes qui vivaient la même chose qu’elle.” La femme de Thakin Zin par exemple, dirigeant du parti communiste birman, partageait sa cellule. Le livre est ponctué de photos de famille, participant à la banalisation de l’histoire de Tinsa. “Je l’admire car elle n’a jamais eu en elle de colère ou de désir de vengeance.” Suivant ce ton imposé par sa grand-mère, Vanessa expose dans son livre, comme dans un documentaire, des faits. Elle veut montrer ce qu’il s’est passé afin que d’autres, peut-être, s’y reconnaissent. La réception de l’ouvrage, justement, a été très positive. “Je suis heureuse de voir que les lecteurs trouvent de l’inspiration dans le parcours de ma grand-mère.” Des milliers de personnes ont en effet eu un parcours similaire et n’osent pas en parler. Avec ce livre, Vanessa veut permettre aux langues de se délier, de rendre le sujet moins tabou. “Ecrire ce livre, c’est comme capturer ce qui est arrivé à cette génération,” résume-t-elle. Et cela n’est possible que grâce à l’ouverture du pays. L’absence de censure en 2015 lui a permis de publier le livre sans problème, après avoir passé plus de deux ans à l’écrire. Un succès que Tinsa Maw-Naing, décédée en 2014, n’a malheureusement pas pu voir.

A présent, Vanessas a d’autres projets d’écriture. “Un de fiction et un de non-fiction,” elle n’en dira pas plus. Une traduction en birman de A Burmese Heart est également en cours.

photo moi
Publié le 3 octobre 2018, mis à jour le 3 octobre 2018

Flash infos