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Guerres et Covid-19 mettent la sécurité alimentaire en péril

Dans le Shan cette année, certaines rizières ne pourront pas être seméesDans le Shan cette année, certaines rizières ne pourront pas être semées
Dans le Shan cette année, certaines rizières ne pourront sans doute pas être semées
Écrit par Rédaction lepetitjournal.com Birmanie
Publié le 10 mai 2020, mis à jour le 10 mai 2020

C’est un problème qui commence à être relayé par les organisations de la société civile (OSC) et par les médias mais qui ne trouve pour l’instant pas d’écho, et donc pas de solution, auprès du gouvernement, lequel reste à gérer l’urgence et ne parvient pas à prendre un peu de hauteur pour anticiper les conséquences à moyen terme de la crise du Covid-19 : la question des semences à réaliser impérativement avant l’arrivée des pluies dans un contexte de restrictions de déplacements dues au Covid-19 et de guerres civiles dans une grande partie des zones frontalières du pays.

Un exemple parlant est celui des nombreux villages dans le nord de l’état de Shan qui font part de leurs inquiétudes pour les prochaines récoltes auprès des diverses organisations d’aide et de plaidoyer qui gravitent autour d’eux dans cette zone qui compte de nombreux déplacés internes et des combats sporadiques mais récurrents entre l’armée régulière et diverses milices se disant « autonomistes », ou même parfois entre ces milices. Une militante locale qui aide les déplacés – ils sont des dizaines de milliers dans le nord du Shan – note que « les paysans locaux ont déjà beaucoup de mal à travailler leurs champs à cause des escarmouches entre soldats et rebelles. Ils ont peur d’être pris dans des tirs comme cela s’est passé l’année dernière lors des violents combats entre l’armée régulière et l’Armée de libération nationale ta’ang. Avec le Covid-19 et les restrictions aux déplacements, c’est le coup de grâce : ils ne peuvent plus du tout travailler ».

« il reste très peu de temps pour préparer les champs »

Dans cette région en effet, les villageois se réfugient souvent dans les villes voisines, Muse ou Lashio, et reviennent préparer les champs pour les semis de riz ou de maïs à cette époque, avant que ne commence la saison des pluies. Dans l’autre sens, les paysans qui préfèrent rester près de leurs terres n’ont plus la possibilité d’aller en ville acheter des semences, des engrais et des pesticides. Les blocages de routes et le couvre-feu à cause du Covid-19 restreignent les capacités de déplacements. En outre, depuis plusieurs années, beaucoup d’habitants du nord de l’état de Shan avaient pris l’habitude de partir en Chine quelques semaines ou quelques mois durant la saison très chaude afin de se protéger des combats et de gagner l’argent qu’ils réinvestissaient ensuite dans les semences et matériels agricoles nécessaires à leurs cultures dans leurs villages.

Rien de cela n’a été possible cette année et des OSCs soulèvent désormais la question de la sécurité alimentaire. Comme l’exprime un autre militant local, « il reste très peu de temps pour préparer les champs. Les fermiers doivent procéder avec une extrême prudence, donc lenteur, à cause des mines et des bombes non-explosées. L’année dernière, trois personnes sont mortes et quatre ont été grièvement blessées par l’explosion d’une bombe dans un champ à côté d’ici. Les gens ont peur. Or, si les champs ne sont pas semés avant l’arrivée des pluies, il n’y aura pas de récolte cet automne, et ce sera au mieux la disette, au pire la famine. Il faut absolument que les gouvernements, local comme national, prennent conscience de la gravité de la situation et facilitent la vie des fermiers au moins pour les deux ou trois semaines à venir ».

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