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Didi, la première K-Idol féminine birmane

Le groupe de K-Pop Rumble GLe groupe de K-Pop Rumble G
Le groupe de K-Pop Rumble G, avec Didi à droite
Écrit par Rédaction lepetitjournal.com Birmanie
Publié le 26 juillet 2021, mis à jour le 26 juillet 2021

Cela pourrait être anecdotique si ce n’était l’extrême popularité de la K-Pop en Birmanie et qu’en d’autres circonstances le pays entier en parlerait : pour la première fois, une Birmane se retrouve figure centrale d’un groupe de K-Pop, la musique fabriquée en Corée du Sud et qui s’écoute aujourd’hui à travers au moins toute l’Asie, certains groupes et titres ayant atteint une notoriété planétaire. Une industrie hautement compétitive et usante – on ne compte plus les faits divers liés aux déséquilibres psychologiques des stars du secteur – qui attire malgré tout les candidats à la gloire par milliers pour très peu d’élus tant le milieu est sélectif, même si au final chorégraphie comme mélodie sont redoutablement peu originales.

C’est donc cette K-Pop réputée si difficile à percer que Su Nadi Soe, alias Didi, est parvenue à intégrer avec le groupe féminin Rumble G dont Roopretelcham, le premier titre majeur, est sorti le 14 juillet sur Youtube, atteignant rapidement les 350 000 vues, un bon score pour le lancement d’un nouveau groupe. La communication lisse et bien orchestrée propre à la K-Pop a aussi vu la création de groupes et de pages de fans sur les médias sociaux. L’artiste birmane est la chanteuse principale du groupe, même si toutes ont leur rôle et que chacune incarne un stéréotype permettant l’identification des adolescents et jeunes adultes qui sont les principaux consommateurs de K-Pop.

Soutenir Didi, une action politique

Bien sûr, la première question soulevée par les fans tourne autour de l’orientation politique de la jeune femme de 23 ans, sachant que les acteurs de la K-Pop – souvent tenus par des contrats drastiques - observent habituellement une grande discrétion et neutralité sur les sujets susceptibles de fâcher et adoptent la plupart du temps une image aussi lisse que possible. En revanche, si les artistes sont plutôt insipides, leurs fans et leurs fandoms (le nom donné à la dynamique numérique associée aux fans) représentantes une véritable force, capables d’actions concertées et souvent efficaces. Par exemple, dans l’espoir d’améliorer l’image de son gouvernement, l'ancien président étasunien Donald Trump s’était senti obligé de rencontrer le groupe masculin Exo en juin 2019 lors d’une visite officielle en Corée du Sud, tant la politique régionale de Etats-Unis était devenue impopulaire dans ce pays.

Dans le cas de Didi, le marketing sud-coréen a vu une occasion en or de monétiser la crise birmane, mettant à profit que les fans de K-pop en Birmanie figurent parmi les plus actifs sur le plan politique, beaucoup étant adeptes des médias sociaux et les utilisant pour avoir accès à de vastes réseaux internationaux où ils diffusent leurs messages contre l’armée et le coup de force du 1er février. Su Nadi Soe a donc fait de même et soutenu le mouvement antimilitaire en pleurant officiellement les victimes civiles de l’armée, en appelant à la libération des détenus politiques et en participant à la #FlowerStrike de mars ainsi qu'à la #BlueShirtCampaign d'avril.

Une stratégie commerciale accompagnée de messages positifs de fans sur Youtube, qui disent « Elle sait rapper. Elle peut chanter. Elle sait danser. Notre reine Su Nadi Soe sait tout faire » pour l’un, « Didi est la première K-Idol venant de Birmanie. Nous devons la soutenir autant que nous le pouvons » pour un autre. Quant au titre Roopretelcham lui-même, construit de phrases « chocs » en anglais et de leur équivalent en coréen, une norme de la K-Pop afin de toucher les marchés non-coréens, il commence par l’antienne « Remember your dreams », « Souvenez-vous de vos rêves ».

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