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Henri de Lorme : télé sans frontières - Publié le 16/01/17

Henri Delorme en BirmanieHenri Delorme en Birmanie
Écrit par Patrick Antoine Decloitre
Publié le 10 juillet 2018, mis à jour le 10 juillet 2018

De Canal+ à Yangon, en une trentaine d'années, Henri de Lorme a un parcours iconoclaste, mais toutefois cohérent... Portrait d'un homme de télé sans frontières qui s'épanouit en Birmanie.

Il a commencé à travailler à Canal+ il y a longtemps, dans les années 80...

Auteur, puis directeur de production artistique, il a écrit de belles heures de télé française avec des séries à succès comme "Un gars, une fille", ou encore "Caméra Café" sur lequel il était le producteur exécutif. Au chapitre de rencontres marquantes de son parcours, l'une est française, Dominique Farrugia ("la personne la plus influente pour moi"), l'autre birmane, son employeur actuel, Win Maw, qui dirige le groupe médias Forever. "Avec Dominique Farrugia, on a monté beaucoup de choses, mon frère Benoît et moi. Benoît a d'ailleurs été en charge de monter la chaîne Comédie et puis on a produit La Grosse Émission". Des programmes multithématiques, avec un accent fort sur l'humour. Des programmes qui ont lancé beaucoup de gens comme, en vrac, Manu Payet et Stéphane Guillon, Géraldine Nakache, Jonathan Lambert, Bruno Guillon. "Des gens dont nous sommes restés très proches. D'autres aussi comme Michel Hazanavicius, qui est un ami de très longue date."

Première étape asiatique : les Philippines
Et puis en 2005, avec son frère, il fait une pause pour un voyage aux Philippines. "On fait un break d'un mois, on trouve le pays très beau. Et là nous vient l'idée de, pourquoi pas, tout larguer. Je pars le premier, mon frère me rejoindra deux ans plus tard. Et au cours de ces deux années, j'ai monté une boîte en partenariat avec des Philippins. On a pris les copyrights de "Caméra Café" et on a fait des adaptations pour les Philippines, l'Indonésie, la Chine; Une version locale en injectant, à chaque fois, un humour local, des références locales et des acteurs locaux."  Premier essai transformé aux Philippines : plus de 400 épisodes.

La marque birmane : c'était écrit ?
Et fin 2010, son frère fait un premier voyage en Birmanie : il est appelé à Yangon comme consultant pour monter un programme éducatif jeunesse. C'était pour un groupe privé qui s'appelait déjà Forever group. "Il revient enthousiaste et me dit que le pays entame un processus d'ouverture et qu'on devrait y aller pour explorer les opportunités. On est alors en novembre 2010."  Puis en février 2011, Henri participe à un colloque à Hanoï pour parler de placement de produits dans les programmes de télévision. "Pendant mon intervention, au premier rang, il y a un monsieur qui vient de Yangon et qui s'appelle Win Maw. C'est le directeur général (CEO) de Forever Group. Il avait donc d'abord rencontré mon frère en tant que consultant et là, c'est moi qu'il rencontre à Hanoï. Il me dit que parce que le pays est fermé, personne ne veut y venir et qu'on a beaucoup de mal à trouver des consultants pour venir travailler en Birmanie. Et il me demande de venir le voir à Yangon. Un mois après, mon frère et moi, on prend nos billets et on débarque à Yangon." "Une fois que nous sommes dans le bureau de Win Maw, il se rend compte du lien entre mon frère et moi. Et de nos deux expériences séparées avec la Birmanie et avec lui. À ce moment-là, on s'est dit que c'était le destin, que c'était écrit." Les deux frères français ont pour mission de "développer et encadrer les productions du groupe". Ils commencent en lançant la production de la première série "drama", une sorte de sitcom produite à 100 % en Birmanie. Le terrain est particulièrement propice, puisqu'on est dans un pays très dépendant et addict aux séries coréennes.
Cette première série, "The Sign of Love", réalisée avec des auteurs birmans, rencontre rapidement le succès. "Alors là, Win Maw nous dit : Allez-y, décollez, vous avez les clés du camion. Faites ce que vous pensez être bien pour le pays.' Et là on se met développer à tout va." Résultat, quatre ans plus tard : des effectifs qui sont passés de 300 à 2500 employés, "énormément de production, de concepts, dans tous les genres : jeux, téléréalité, séries, documentaires, fictions et maintenant aussi on prend et on adapte des copyrights mondiaux comme X Factor ou The Voice".  Désormais, depuis peu, le groupe se lance aussi dans la production pour le cinéma. "Une fabuleuse histoire puisqu'on a mis en contact monsieur Win Maw avec Michel Hazanavicius. Win Maw cherchait à entrer en production cinéma sur un projet ambitieux. Il produit le nouveau film de Michel Hazanavicius sur Godard. Ça s'appellera Le Redoutable et ça sortira cette année en 2017."

Investir dans l'avenir... Et la préservation du patrimoine birman
Le groupe investit aussi dans ses propres moyens de production : des studios de production télé et cinéma, à Yegu, South Dagon, au Nord-est de Yangon. Une sorte de Cinecitta à la Birmane ? Yangon cita?
En tout cas, les tournage dans ces studios flambant neufs approchent déjà de leur vitesse de croisière. Et puis, à la périphérie de tout ça, il y a un engagement aussi en faveur de la préservation de l'histoire cinématographique de ce pays. À travers un soutien fort au Festival Memory, qui vise à préserver et sauver le patrimoine de ce pays qui est "gravement en danger". "Tout simplement parce que le cinéma de demain n'existera pas sans le cinéma d'hier. Ce sont les racines", souligne Henri de Lorme. Le cinéma de demain, c'est la relève, une nouvelle garde. Un centre de formation a aussi été créé pour "faire sortir le maximum de jeunes réalisateurs".

"Créer des vocations"
"En fait, j'aime dire que notre mission première, avant toutes les autres, c'est de créer des vocations. Parce que sans créateurs, sans auteurs, il n'y a pas de production. On ne peut pas faire un beau film s'il n'y a pas de réalisateurs ou d'acteurs passionnés", insiste l'homme de télévision. Sans oublier de rendre un hommage, mi fasciné, mi admiratif, à Win Maw, le Grand Thimonnier de Forever Group. "C'est quelqu'un d'extraordinaire. Lui aussi, c'est un passionné et c'est un pionnier dans tous les domaines. C'est un homme qui a la volonté que son pays brille. Et qui réinvestit tout ce qu'il gagne au bénéfice de son entreprise. Et en plus, c'est un francophile invétéré. C'est génial de travailler avec des gens comme ça parce qu'on est fier... Je crois que c'est le mot. On est fier de faire ce qu'on fait." 

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Publié le 10 juillet 2018, mis à jour le 10 juillet 2018

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