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Cédric Seguin ou l’entreprenariat en Birmanie

Cédric Seguin entreprenariat  Birmanie, Asia First networkCédric Seguin entreprenariat  Birmanie, Asia First network
Écrit par Marie-Sophie Villin
Publié le 29 avril 2018, mis à jour le 30 avril 2018

Propriétaire de deux restaurants à Inle et d’un à Taunggyi, représentant de la Chambre de Commerce et d’Industrie France Myanmar à Taunggyi, co-fondateur et PDG de Asia First Network, et à l’initiative ou partenaire d’autres projets, c’est à un entrepreneur hyperactif que nous avons affaire aujourd’hui.

Si sa vie est aujourd’hui partagée entre Taunggyi, Yangon et Singapour, c’est d’Antibes que Cédric Seguin est originaire. Après une licence en techniques commerciales à Cannes, il effectue un mastère en Affaires internationales à Paris entre 2001 et 2003. Au même moment, il commence à travailler pour Navicom, un distributeur d’électronique de navigation. Il y reste durant cinq ans comme chargé des relations avec les sous-traitants. Cet emploi lui permet de faire de fréquents voyages en Chine et notamment à Hong Kong, et le pousse sur la voie de l’expatriation. En 2006, il décide d’intégrer un MBA (Master of Business Administration) à Singapour. "C’était la première fois qu’ils avaient des Français qui faisaient le MBA sur Singapour." Il est ensuite embauché par un groupe français d’automation  pour studios radio et TV, Winmedia. Il y est directeur des ventes pour l’Asie et l’Océanie, de l’Inde au Japon jusqu’à l’Australie, et se rend en moyenne dans deux pays par semaine. Au bout de 4 ans, en 2014, il s’arrête et crée sa propre entreprise, Asia First Network, avec son cousin et quelques amis, qui a pour but de financer des projets et mettre des futurs partenaires en relation. 

Son premier voyage en Birmanie, Cédric l’avait fait en 2001, juste avant de commencer son mastère. Il avait 20 ans. Il est toujours resté en contact avec ses premiers amis ici, a toujours gardé une attache au pays. "J’adore les Birmans, la culture. J’ai toujours pensé que quand le pays s’ouvrirait, il aurait un énorme potentiel," nous confie-t-il. Il compare même le pays à la France, par sa taille, la diversité des paysages et des reliefs. Il se dit aussi nostalgique du Yangon qu’il a connu à ses débuts, où il n’y avait pas d’embouteillages et où les nombreux centres commerciaux n’avaient pas encore émergé. "Je ne parle pas birman", regrette-t-il néanmoins, "car je ne suis jamais resté à plein temps en Birmanie pendant un, deux ans." Tous ces facteurs, encouragés par l’ouverture du pays, l’ont poussé à se concentrer sur des projets ici, où il est d’ailleurs maintenant installé de façon plus permanente. "Je suis quelqu’un d’extraverti, qui aime bien sortir et rencontrer de nouvelles personnes." La logique des projets suivants est évidente. Il avait déjà lancé avec ses partenaires, leurs propres chaînes en Thaïlande, mais le succès est mitigé. Ils exportent donc les concepts en Birmanie, vendant les restaurants thaïs ou les démontant pour les ramener en Birmanie. C’est ainsi que le Pub Asiatico et le One Owl Grill (Owl en anglais peut se traduire par chouette) voient le jour à Inle. Il prendra également part dans un projet de restaurant étoilé à Paris réalisé par un ami, ami qui comme d’autres investirons à leurs tours et le supporteront dans son aventure birmane.

Il nous raconte avec entrain l’histoire du One Owl Grill. "On cherchait un nom de grill. Mon cousin me demande le numéro de la rue. C’était 1. J’ai cherché un nom d’animal. Et il se trouve que la chouette est un animal porte bonheur dans l’état de Shan." La décoration du pub se fait donc autour du thème de ce rapace. Le succès est immédiat. "Les gens ont commencé à ramener des chouettes blessées pour les soigner" se rappelle-t-il, "ils ont commencé à raconter l’histoire d’une chouette qui vivait dans l’arbre il y a longtemps, et qui est revenue depuis que l’on a ouvert le restaurant. Les clients sont surtout des touristes mais on a axé la communication sur les locaux, pour avoir des clients peu importe la saison." Le deuxième restaurant est le Pub Asiatico, qui est devenu l’endroit où toute la jeunesse de Taunggyi sort. Le concept ici était de créer un pub fusion avec des influences à la fois européennes et asiatiques et au design créatif. L’exemple le plus parlant qu’il nous présente est la tea leaf pizza, la pizza aux feuilles de thé, les feuilles de thé étant la base de nombreux plats birmans. C’est aussi le plus grand pub de Birmanie, endroit convivial, festif de près de 1 000 m2 sur trois niveaux. 

Sous Asia First Network, il avait créé deux sociétés : Shan Fusion avec ses deux pubs, et Yangon Gourmet Company, avec son partenaire Saw Lu Lu Htaw. "Quand il est venu voir le pub à Inle, il a dit on a même pas ça à Yangon, un pub qui soit fini comme ça, de cette taille là." C’est ainsi que le projet du Business Center de Taunggyi est arrivé jusqu’à lui. Saw Lu Lu Htaw le met en relation avec les personnes chargées du projet, qui se

trouvent aussi être à la tête du club de football Shan United FC, le premier à remporter la ligue birmane et la coupe nationale en 2017. Le pub sera donc le Shan United Pub. Il a ouvert en novembre 2017. 
Depuis octobre 2017, il est aussi ambassadeur à Taunggyi pour la Chambre de Commerce et d’Industrie France-Myanmar, tout comme Paul Cheron, un de ses actionnaires de départ, qui prend la direction marketing et design du groupe, et ensemble ils abordent leurs nouveaux projets. Paul Cheron et lui trouvaient dommage que rien ne soit fait dans l’Etat de Shan aux vues de son grand potentiel commercial. "Il y a un esprit entrepreneur énorme," affirme-t-il en prenant notamment l’exemple du PDG de KBZ, Aung Ko Win, qui vient de Taunggyi. Une grande partie des jeunes de familles aisées va étudier par exemple à Singapour et revient ensuite dans l’Etat de Shan.
Lors de la visite de l’ambassadeur de France à Inle, il organise donc avec Paul Cheron des réunions sur place. Le président de la CCI Guillaume Rebière fait partie du voyage. "Quelques semaines plus tard, il nous a envoyé un mail pour nous proposer d’être représentants de la CCI dans l’Etat de Shan. Ça nous a fait vraiment plaisir parce que tout d’abord nous apprécions énormément Guillaume, et le Shan est un état qu’on adore. Créer des liens entre les sociétés françaises et les boites du Shan, c’est super bon." D’ici un mois, leur bureau sera prêt pour accueillir des entreprises membres de la CCI. Son travail, résume-t-il, c’est d’identifier les opportunités, de gérer les problèmes et de mettre en place des partenariats. L’originalité du Groupe Asiatico, c’est l’aspect design de ses établissements, l’avant-gardisme de leurs concepts qui les ont fait connaître. Sa fierté, c’est l’évolution qu’il a pu voir chez ses employés : ils sont moins timides, s’adressent plus à lui et ont désormais de vrais contrats de travail, une vraie notion de leurs responsabilités et perspectives futures. Pour le recrutement, il compte maintenant sur le développement d’une application mobile, Grab jobs, dont le but est de simplifier l’embauche et dans laquelle il participe financièrement. Il nous en fait la démonstration sur son portable, mettant en avant les multiples profils qui s’affichent devant lui lorsqu’il met en ligne une offre d’emploi.

Des projets, Cédric en a encore. Ainsi il nous parle d’une distillerie, d’un restaurant à Yangon et évoque également d’autres idées autour du tourisme qu'il préfère pour le moment garder secrètes…

photo moi
Publié le 29 avril 2018, mis à jour le 30 avril 2018

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