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L’armée promet d'enquêter sur le meurtre par des soldats d’une femme dans le Kachin

Des soldats birmans devant une rizière dans le KachinDes soldats birmans devant une rizière dans le Kachin
Des soldats birmans dans le Kachin
Écrit par Rédaction lepetitjournal.com Birmanie
Publié le 26 juillet 2021, mis à jour le 26 juillet 2021

L'armée a promis d'ouvrir une enquête sur trois soldats accusés d’avoir violé puis tué une femme de 51 ans dans la circonscription de Momauk, dans l’état de Kachin, le 14 juillet dernier, explique un média kachin local. Le 17 juillet, le quotidien d’état Myanmar Alin, considéré comme un porte-voix de l’armée régulière birmane – la Tatmadaw -, avait mentionné que « trois soldats avaient poignardé une femme au cours d'une querelle à Nwe Lan », près de Momauk. A cette date, aucune autre information n’était remontée au niveau national.

Pourtant, au niveau local, dès le 15 juillet, le corps nu de Ma Khaw Ywe a été découvert dans une rizière avec un tissu dans la bouche et « portant de nombreux coups de couteau » selon un des parents de la victime. Elle avait disparu la veille alors qu'elle se rendait à son champ, situé à 3 km du village de Nwe Lan et alors qu’un campement militaire se trouve entre sa maison et son champ et qu’elle devait ainsi traverser ce camp tous les jours. Le 15 juillet dans la soirée, la famille a déposé une plainte pour meurtre au poste de police local, avec l’angoisse que les policiers, qui sont des militaires en Birmanie, préfèrent ne pas vraiment s’en mêler.

Des officiers versent une compensation de 2,1 millions de kyats

Mais lorsque l’information est passée du niveau local au niveau national via les réseaux sociaux, des responsables militaires ont rapidement reconnu ce qu’ils ont appelé un « incident », déclarant que « les trois soldats avaient accidentellement tué Ma Khaw Ywe lors d'une altercation ». Dans le même temps, les trois hommes ont été placés en détention et une autopsie a été ordonnée, les résultats allant directement à un bureau militaire, sans passer par la case « Police ».

Le 17 juillet, le réseau des femmes de l'état de Kachin (KSWN) publiait un communiqué de défiance : « Nous ne reconnaissons pas l’actuel gouvernement et nous n'acceptons pas ses actions. Mais le gouvernement d'unité nationale [le gouvernement fantôme issu de la diaspora] n’est pas capable d’assurer un vrai procès. Nous allons demander aux Nations unies de prendre des mesures contre les auteurs de ces actes ». Une responsable du réseau affirme que « pendant des années, l'armée a violé les droits des femmes dans le Kachin sans avoir à faire face aux conséquences de ses actes », ajoutant que « il y a eu beaucoup d'incidents de ce genre dans le passé. Personne ne sait si leurs auteurs ont vraiment été sanctionnés. Dans de nombreux cas, les officiers locaux se contentent de payer une petite somme, environ 300 000 kyats [De l’ordre de 150 euros] pour ‘régler’ l'affaire ».

Dans le cas de Ma Khaw Ywe, des officiers supérieurs locaux sont en effet venus rencontrer sa famille pour présenter des excuses, un fait rare, et verser une compensation de 2,1 millions de kyats (environ 1050 euros). Un parent explique au média local que ces officiers « ont dit que des mesures seraient prises contre les trois soldats conformément à la loi. Ils n'ont pas parlé de viol, mais de meurtre ».

Fin avril, de violents combats entre l'armée régulière et l’Armée pour l’indépendance Kachin (KIA) près du village de Nwe Lan avaient la mort d’un homme de 72 ans et les villageois avaient fui. Mais maintenant que la saison des pluies est arrivée, les fermiers reviennent cultiver leurs terres. Ma Khaw Ywe était revenue au cours de la troisième semaine de juin.

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