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CULTURE - Diversité et identités birmanes en débat

Écrit par Lepetitjournal Birmanie
Publié le 9 mars 2017, mis à jour le 9 février 2018

Caméléon, vétérane de l’expatriation en Birmanie, où elle réside depuis dix ans, multifonctions, birmanophone, hyperactive et passionnée, Carine Jaquet présentera le projet qu’elle a mené avec les éditions MKF et le soutien financier de l’Ambassade de France, le 18 mars prochain à l’Institut Français de Birmanie. Ce sera également l’occasion pour vous, lecteurs de Yangon, de voir quelques photos et visionner des extraits du web documentaire sur grand écran, ainsi que d’assister à un débat sur la diversité qui promet d’être haut en couleurs.

One Myanmar ou les multiples visages de la Birmanie en temps de transition
Des dizaines d’heures de tournage dans un studio improvisé, tout autant à prendre des photos et à jouer avec les mots, plus encore à tenter de résumer en moins de cent pages les défis politiques liés à la transition démocratique et à la gouvernance dans un pays qui est une véritable mosaïque de minorités ethniques et religieuses.  Ça y est, One Myanmar est né. Ce projet transmédia ambitieux, réalisé grâce à la collaboration de chercheurs et d’artistes birmans et internationaux, propose une réflexion sur l’identité birmane, mais aussi sur la portée réelle des changements démocratiques récents sur la vie des Birmans.

Pour Carine Jaquet, à l’origine du projet, "forts du constat que la diversité est souvent vécue, en Birmanie, comme un défi, plus qu’une richesse, nous voulions en proposer une vision plus large. Une vision qui engloberait également des considérations économiques, géographiques et la remettrait dans son contexte ; celui de la transition politique débutée en 2010". Initiée début 2015, la production de One Myanmar a du faire face à un ensemble de défis. "Nous avons tourné le documentaire avant les élections de 2015, à une époque où la question de la diversité ethnique, et surtout religieuse était sensible, voire explosive", nous confie Carine. "Pour certaines personnes interrogées, il n'était pas question de discuter des conflits intercommunautaires du moment. Aussi, la manière de poser les questions et de trouver les limites pour que chaque interviewé soit à l’aise a été un point crucial pour la réussite des interviews". Mettre à l’aise les dix "acteurs" du documentaire en premier lieu, mais aussi le rendre compréhensible à tous. "Suite à des décennies de censure des médias", poursuit Carine, "plusieurs des personnes interviewées utilisaient des euphémismes ou périphrases, certaines étant particulièrement difficiles à utiliser dans un documentaire destiné à un large public". Si l’on y ajoute les nuits blanches à traduire du birman à l’anglais et vice-versa pour tenir des délais serrés, la nécessaire actualisation des supports afin d’intégrer les résultats de l’élection de Novembre 2015 ou les casse-tête matériels générés tantôt par la mousson, tantôt par les dommages collatéraux d’un voltage aléatoire sur les caméras, on imagine bien que la production n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. Pour autant, Carine Jaquet et Mikael Ferloni (fondateur et gérant de la maison d’éditions MKF), ont de quoi être fiers de ce qui a parfois pris des allures de chemin de croix.

Le résultat ? Un superbe livre de photos accompagné de courts textes écrits en anglais et français, plutôt destiné à un public francophone et anglophone birmanophile ou tout simplement curieux , un essai instructif sur la gestion de la diversité ethnique et religieuse, comme facteur déterminant de la trajectoire historique du pays et un documentaire en ligne qui met les projecteurs sur des figures de la société civile birmane aussi captivantes qu’attachantes.    

Causerie au sommet à l’IFB
"Discuter et échanger opinions et idées sur la diversité en Birmanie, d’une manière constructive”, tel est l’objectif affiché sur le document de préparation qui a été distribué aux participants du débat du 18 mars. Pour Carine, “ce débat sera l'occasion de revisiter la diversité, dans un contexte assez différent de celui de la réalisation de One Myanmar. Plus d'un an après les élections, nous souhaitons explorer la façon dont les activistes, artistes, hommes et femmes politiques approchent cette question, dans un cadre résolument plus démocratique". Les participants, tous Birmans, ont été sélectionnés à cette fin, et pour leur implication dans la promotion de la diversité sous différents angles. Chaque panéliste présentera brièvement son expérience de la diversité en Birmanie et la façon dont cela a façonné la transition politique, avant de laisser la parole à l’auditoire. Autour de la même table, l’IFB accueillera donc un ancien prisonnier politique devenu analyste politique, un photographe et documentariste, une défenseure des droits des femmes… Tous tenteront de discuter identité, sous un autre prisme que celui des conflits ethniques et religieux ou "replis identitaires", à l’usage galvaudé. "Les conflits internes qui opposent les groupes ethniques minoritaires à l'armée birmane sont trop rapidement catégorisés comme le résultat de velléités identitaires", nous dit Carine. "Or, la plupart sont nés il y a des décennies, suite à l’indépendance du pays et sont avant tout liés à des revendications politiques basées sur l’accès aux ressources, bien que ce soit souvent l’aspect ethnique qui transparait au premier abord". Mais on ne vous en dit pas plus.
Alors, à vos agendas : ça se passe le samedi 18 mars à 17h.
Et d’ici là, à vos écrans, pour assouvir votre curiosité www.one-myanmar.com

Retrouvez le blog de Justine: http://justine.hugues.fr/
Vendredi 10 Mars 2017 (www.lepetitjournal.com/Birmanie) Justine Hugues

 

 

 

 

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Publié le 9 mars 2017, mis à jour le 9 février 2018

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