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Nicolas Bourriaud : l’artiste, anthropologue et sauvage

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prise de la page Facebook de l'Institut français du Liban
Écrit par Rémi Nassiri
Publié le 1 octobre 2018, mis à jour le 1 octobre 2018

Dans le cadre du cycle Débat d’idées organisé par l’Institut français, le critique d’art contemporain était de passage au Musée Sursock, à Beyrouth pour une conférence sur sa conception de l’artiste. 

 

Le 21 septembre, vous avez donné une conférence intitulée « L’Artiste, anthropologue et sauvage ». Quel est l’objet de cette réflexion ?
Cette réflexion part d’un constat et d’une prise de conscience globale, sur l’importance du fait scientifique qu’est l’anthropocène, relatif à l’impact des activités humaines sur la planète, davantage que tout autre phénomène naturel. C’est une prise de conscience de la responsabilité humaine dans l’évolution de la Terre.

Dans ce contexte, j’ai voulu parler de la position ambiguë de tout artiste, à la fois immergé dans son oeuvre et obligé d’en faire un commentaire ou une critique, donc de prendre une distance.
L’artiste est à la fois l’anthropologue de son époque, et en même temps un sauvage dans la mesure où il invente des règles spécifiques, une civilisation propre à chacun. L’intitulé de la conférence décrit ce va-et-vient, cet espace intermédiaire entre l’homme de la société et l’homme extérieur à celle-ci.

 

L’artiste doit-il devenir anthropologue ou l’est-il naturellement ?
Il l’est, mais il y a différents degrés et de multiples conceptions. Par exemple, l’œuvre de l’artiste libanais Walid Raad, consiste en une forme muséale de collecte, voire d’invention de document archéologique. La découverte et l’invention se mêlent. L’artiste peut alors utiliser la figure de scientifique pour créer. Léonard De Vinci, artiste ou scientifique ? L’art permet de redessiner les frontières, l’artiste peut toutes les questionner. Il n’y a pas d’interdit disciplinaire.

 

Vous participez à la Biennale d’Istanbul 2019. Quel est ce projet et en quoi consiste votre rôle ?
Je suis le commissaire de l’exposition. L’intérêt particulier d’Istanbul est que par rapport à d’autres biennales comme celle de Venise ou Sao Paulo, elle est très personnelle. Le curator est appelé à déployer son univers sans interférence. Cela repose sur la création intégrale d’un projet. C’est assez excitant.

 

Avez-vous d’autres projets pour l’année à venir ?
Je mets en œuvre des expositions toute l’année à Montpellier au Montpellier Contemporain (
https://lapanacee.org/), une structure que j’ai créée l’année dernière. Elle regroupe l’école des Beaux-Arts de la ville, le centre d’art La Panacée et le futur Musée des Collections qui ouvre en juin prochain. La structure en 3 parties regroupe toute la chaîne de l’art, de la formation à la collection. Il s’agit des premiers équipements contemporains à Montpellier. Début juin 2019, débute une exposition intitulée « 100 artistes dans la ville ». Il s’agira d’une biennale à ciel ouvert.

 

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