Le commandant de la Force Commander Reserve, le lieutenant-colonel français Frédéric Edel, explique l’origine et les missions de ce bataillon de 800 hommes placé sous les ordres directs du chef de la Force intérimaire des Nations unies.
Qu’est-ce que la FCR ?
Créée en mars 2011, la Force Commander Reserve est la force d'intervention de la FINUL. Dédiée aux missions urgentes, la FCR est une unité de la taille d'un bataillon directement sous les ordres du commandant en chef (force commander) de la FINUL et capable d'intervenir dans toute la Zone bleue. Forte de 800 hommes, la FCR, composée d'une compagnie d'infanterie et d'une unité de cavalerie, compte 650 militaires français et 150 soldats finlandais. Les hommes de la FCR sont basés à Deir Kifa et le commandement de la FINUL se trouve à Naqoura.
Quelles sont ses missions militaires ?
La FCR épaule les contingents qui contrôlent chacun un secteur de la Zone bleue dans leur travail de tous les jours. Depuis 2011, il y a eu plusieurs interventions, mais très peu au titre de la réserve d’intervention. Nous avons deux modes d’action. Nous effectuons des patrouilles servant à montrer aux parties libanaise et israélienne que la FINUL sécurise la ligne bleue et le sud Litani. Dans les villages ou sur la Ligne bleue, ces patrouilles à pied, en véhicule ou en hélicoptère, ont un pouvoir dissuasif et un impact politique important. Puis, nous participons à la montée en puissance des Forces armées libanaises (FAL) par le biais d’entraînements conjoints.
Quelles sont les relations entre la FCR et l’armée libanaise ?
Nos intérêts convergent. Notre but est qu'ils prennent en compte l'ensemble de l'aire d'action dans laquelle évolue la FINUL pour qu'à terme la présence de la force onusienne ne soit plus nécessaire. Le contingent français est le seul à effectuer la totalité de ses patrouilles et ses entrainements avec les FAL depuis 2012. Nos entrainements conjoints incluent le secourisme de combat, le tir, le combat en général et des domaines plus techniques. Chaque mois, la FCR participe à la formation de 300 soldats libanais. Ils nous font souvent remonter de nouveaux besoins. Ils sont demandeurs, le travail est fluide.
Comment décririez-vous vos relations avec les habitants du Liban-Sud à l’intérieur de la Zone du sud Litani ?
La relation avec la population dépend des contingents. Pour le contingent français, tisser des liens est relativement facile. Dans chaque village, quelqu'un parle français et chaque famille connait quelqu'un qui vit en France. Nous avons des liens davantage privilégiés que les contingents venus d’autres pays.
Dans le cadre de notre mission, nous effectuons des actions civilo-militaires (CIMIC) qui répondent à plusieurs besoins. On ne peut pas travailler dans un environnement que l'on ne maitrise pas, avec une population hostile. Nous devons faire accepter notre présence. Nous essayons de faire en sorte que nos actions convergent avec les intérêts de la population.
Quel type d’actions civilo-militaires menez-vous ?
A titre d’exemple, nous ne pouvions pas nous installer à Deir Kifa sans aider les communes environnantes. Nous avons une station de pompage d'eau et nous en rejetons une partie. Nous avons proposé aux maires de créer de grandes citernes dans lesquelles nous pourrons stocker de l’eau propre, prioritairement pour les agriculteurs. Les dispensaires de Naqoura et Alma Ashab tenus par les civils sont en étaient demandeurs d’un appui. Nous avons proposé l’aide de notre corps médical français. Nous intervenons aussi dans l'éducation en période scolaire. Nos militaires donnent des cours de français ou soutiennent simplement les instituteurs dans une multitude d'écoles. La population demande surtout une présence et pas forcément de gros projets.
Ces dernier mois, certains incidents ont été enregistrés…
Il peut y avoir des violations graves de la Ligne bleue, notamment dans le cadre de la construction du mur frontalier par les Israéliens. Si ces derniers venaient à ne pas respecter le tracé officiel, les FAL se déploient et préviennent la FINUL qui s'interpose. Des experts-observateurs des trois partis mesurent et décident de la continuité des travaux.
Le dernier incident grave remonte au 4 août dernier où une patrouille slovène et italienne s'est faite agressée par la population d'un village dans la zone ouest. Des armes de la FINUL ont été saisies par la population, leurs véhicules attaqués à coup de marteaux et de tirs puis incendié pour l’un d’entre eux. Le motif de l’incident reste inconnu. Des enquêtes pour comprendre ce qui s’est passé sont en cours, que ce soit par la FINUL et les FAL.
La FCR et, plus largement, la FINUL, est très imprégnée par la France…
Le contingent français de la FINUL compte 800 hommes, dont 750 au sein de la FCR puis intégrés à l’état-major de la FINUL dont le chef d’état-major est français. Les soldats français interviennent au sein de la force onusienne dans le cadre de l'opération Daman. 35 000 militaires français ont fait partie de la FINUL depuis sa création en 1978, dont 153 ont été tués.