Après l'hommage rendu aux dix soldats de l'armée libanaise kidnappés par l'EI à Ersal en 2014, l'enquête diligentée sur les circonstances de leur enlèvement et leur mort en captivité relance le débat sur les responsabilités politiques.
Qui sont les responsables du rapt des soldats par le groupe Etat islamique et de leur décès ? C'est la question qui agite la classe politique libanaise après l'hommage rendu aux martyrs de l'armée, dont les dépouilles avaient été rendues après l'accord scellé entre le Hezbollah et l'EI à l'issue de l'offensive lancée contre le groupe jihadiste des deux côtés de la frontière libano-syrienne.
Les uns reprochent au pouvoir en place au moment des faits de ne pas avoir lancé l'armée contre les islamistes, considérés comme de simples opposants au régime syrien de Bachar el-Assad, qui s'étaient installés sur les contreforts de la Békaa.
L'opposition reproche aujourd'hui au pouvoir d'avoir privé l'armée d'une victoire totale contre l'EI et laissé le Hezbollah négocier avec l'EI, dont les combattants ont été évacués avec la Syrie, échappant ainsi à la justice.
Les familles des militaires tués, admirablement représentées par Hussein Youssef, le père d'un des soldats, renvoient, elles, dos à dos le gouvernement en 2014 et le Hezbollah.
Qui sont les responsables de ce fiasco
C'est dans ce contexte que le parquet a diligenté une enquête sur l'ensemble de cette séquence tragique.
Lors des funérailles nationales, le président Michel Aoun avait dénoncé "les positions floues de certains responsables de l'époque", en allusion notamment au gouvernement de l'ex-Premier ministre Tammam Salam, sous le mandat du président Michel Sleiman.
En réaction aux critiques portant sur la mansuétude supposée de M. Salam et de la communauté sunnite à l'époque, son successeur, Saad Hariri, lui a rendu il y a quelques jours une visite médiatisée pour lui apporter son soutien.
Le Liban est censé appliquer une politique de distanciation des conflits dans la région. Difficile de la mettre en oeuvre lorsque les formations proches de Damas et leurs opposants cohabitent au sein du même gouvernement.