Après avoir remporté le prix du jury du Festival de Cannes en mai dernier, le film de la réalisatrice libanaise Nadine Labaki est en lice pour les Oscar, aux Etats-Unis et les César, en France, ainsi que pour les Bafta, en Grande-Bretagne, dans la catégorie du meilleur film étranger.
Les deux académies du cinéma l’ont annoncé la semaine dernière. Pour la 44e cérémonie des César, qui aura lieu le 22 février à Hollywood, "Capharnaüm" est sélectionné dans la catégorie meilleur film étranger face à six autres films "Three Billboards : Les Panneaux de la vengeance" de Martin McDonagh (États-Unis, Royaume-Uni), "Cold War" de Paweł Pawlikowski (Pologne), "Girl" de Lukas Dhont (Pays-Bas, Belgique), "Hannah" de Andrea Pallaoro (Italie), "Nos batailles" de Guillaume Senez (Belgique, France) et "Une affaire de famille" de Hirokazu Kore-eda (Japon).
Pour la 91e cérémonie des Oscars, le 24 février, le film libanais concourt dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère. Quatre autres films sont aussi en compétition, notamment Roma qui avait déjà coiffé au poteau Capharnaüm lors des Golden Globes début janvier.
Depuis début janvier, le film de Nadine Labaki est aussi en lice, dans la catégorie du meilleur film en langue non anglaise, pour la cérémonie de la British Academy of Film and Television Arts (Bafta) qui aura lieu le 10 février à Londres. En face, on retrouve les films "Roma" et "Cold War" ainsi que deux autres films.
Le tabou des réfugiés
"Capharnaüm" raconte l’histoire d’un jeune réfugié syrien, Zain, âgé de 12 ans vivant dans la misère et qui porte plainte contre ses parents pour l’avoir mis au monde. Dans son périple, Zain va faire la connaissance de Rahil, une Ethiopienne, comme lui immigrée et sans papiers, et de son bébé Yonas, dont il va s’occuper comme un grand frère. Dans ce film, Nadine Labaki s’attaque au sujet tabou des réfugiés dans la société libanaise.
Comme dans la plupart de ses films précédents, la réalisatrice a choisi des acteurs non professionnels. Les personnages de Zein, Sahar, Mayssoun sont des enfants des rues et l’interprète de Rahil est elle-même une immigrée sans-papiers. Il y a donc du vécu dans les faits et gestes des acteurs. Nadine Labaki réussit à faire se confondre fiction et documentaire, sans que l’un ne prenne le pas sur l’autre.
Sur son compte instagram, la réalisatrice a annoncé que les petites filles Cedar at Farah, interprètes de Sahar et Mayssoun, avaient enfin pu être scolarisées grâce à la renommée du film qui a permis de trouver des donateurs avec le soutien d’ONG. De son côté, le petit Zain, de son vrai nom Zain Al-Rafeea, vit maintenant en Norvège avec sa famille qui a obtenu le statut d’asile politique après avoir passé six ans dans des camps de réfugiés syriens au Liban.
2018 a déjà été une année riche en récompenses pour "Capharnaüm". Au festival de Cannes en mai dernier, le film reçoit le prix du jury et pour sa première édition le prix de la citoyenneté. En août, il remporte le prix du public lors du Frestival international du film de Melborune ainsi qu’au festival du film de Sarajevo, en Bosnie-Herzégovine. Le jeune Zain a quant à lui été primé meilleur jeune acteur au New Mexico Film Critics en décembre.
L’année dernière, le film "L'insulte" du réalisateur libanais Ziad Doueiri était lui aussi nommé aux Oscars dans la catégorie meilleur film en langue étrangère mais n’avait pas remporté le prix.