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Au Liban, la dévaluation de la livre ne semble pas prête de s'arrêter

Dans un bureau de change, un homme tient différentes coupures de Livres libanaises. Dans un bureau de change, un homme tient différentes coupures de Livres libanaises.
Dans un bureau de change, un homme tient différentes coupures de Livres libanaises.
Écrit par Rédaction LPJ Beyrouth
Publié le 14 avril 2021, mis à jour le 15 avril 2021

En mars dernier, la Livre libanaise atteignait de nouveau un triste record. Le dollar s’achetait jusqu’à plus de 15.000L.L. sur le marché noir. Face à un dollar toujours plus cher localement, personne ne semble pouvoir arrêter la spirale de l’inflation. 

 

Au Liban : trois valeurs, un refuge

Au Liban, on compte trois valeurs essentielles quant au taux de la livre. Normalement indexé à 1500L.L. pour un dollar, la Livre Libanaise continue de suivre son cours fixe à l’international depuis plus de vingt ans. Les banques, sous l’autorité de la Banque du Liban (BDL), ont limité les actions en dollar de leurs déposants afin de sauvegarder les capitaux en devises encore présents dans le pays. Les banques privées délivrent depuis le 21 avril 2020 des sommes en livre sur le taux de 3.900L.L. pour un dollar. Ensuite, c’est sur le marché noir que les prix varient constamment. 

Généralement, les fluctuations de la livre sur le marché parallèle (là où s’achète et se vend le dollar à des prix illégaux) sont liées aux nouvelles du pays. Toutes mauvaises nouvelles, généralement relayées par la presse, entachent d’une manière ou d’une autre le prestige de l’État et c’est le cours de sa monnaie qui prend les coups. Entrave à la formation du gouvernement, mises en examens de hauts-fonctionnaires, agression d’un État voisin, affrontements de miliciens, etc. etc… tous ces événements contribuent à la dévaluation de la livre libanaise. 

À contrario, lorsque les médias laissent entrevoir la possibilité d’un apaisement politique, le cours redescend et renforce la confiance des agents économiques. Les changeurs et les commerçants jouent chaque jour sur les taux pour espérer gagner au change. Bien que la pratique soit pourtant interdite par les autorités, certaines boutiques ne se fient plus qu'au taux du marché noir et favorisent ainsi l'inflation par l'augmentation de leur prix de vente. 

Depuis le mois de mars, la monnaie locale a subitement connu une forte dévaluation. Depuis, les cours varient inlassablement entre 14000 et 11000 livres libanaises pour un dollar seulement, cette fois-ci rien ne permet d’expliquer clairement le bond qu’a connu le cours de la monnaie. Tout porte à croire que les taux sont finalement manipulés sur les différent sites et applications smartphones. En mars 2020, Ogero (l’un des principaux fournisseurs internet du pays) avait bloqué l’accès à une trentaine de sites favorisant la spéculation de la livre.  

 

La Banqueroute Centrale  

Au-delà des spéculations dues à ces plateformes numériques, la BDL, principale garante de la monnaie nationale, a joué un rôle non négligeable dans la dévaluation de la monnaie. En augmentant les injections de liquidités dans le circuit, la masse monétaire en circulation dans le pays a plus que triplé, favorisant encore plus l’inflation des prix. 

Banque du Liban's latest balance sheet shows that BDL has increased the lira in circulation by LL5,585,069,671,000 in just three months

The total lira in circulation has reached LL36,502,791,283,000. The amount is 5.5 times higher than in October 2019 #PrintBabyPrint pic.twitter.com/DSpWD8tt3Y

— تبع الExcel (@OmarTamo19) April 9, 2021

 

Au Liban, le rôle principal de la Banque Centrale consiste théoriquement à injecter assez de dollars sur le marché réel et continuer de subventionner, en période de crise, les produits de première nécessité, directement importés. Cependant, à mesure que les fonds souverains de la Banque Centrale ne s’amenuisent, les subventions sur les produits comme la farine ou le pétrole menacent de cesser sur le long terme. Selon les sources citées par le quotidien l’Orient-le-Jour le 10 mars dernier, les réserves de la BDL graviteraient autour de 16 milliards de dollars en devises étrangères. Cependant ce chiffre correspond aux réserves brutes, les réserves nettes sont, elles, négatives. 

En outre, il parait difficile d’imaginer que des dollars en espèces soient encore injectés par la Banque centrale pour finalement réussir à stopper l’augmentation de son taux. 

Une chute libre de la livre libanaise 

L’explosion du port de Beyrouth le 4 août dernier avait eu pour incidence de hausser le cours de livre à près de 9.000L.L. pour un dollar. On comptait ce jour-là, l’une des plus fortes dévaluations de la monnaie depuis le début de la crise. Désormais les chutes de la livre ne sont plus contraintes à aucun évènement et menacent constamment de troubler l’économie. 

Le nœud du problème libanais reste encore la formation urgente du cabinet ministériel capable de sortir le pays de la crise. Pour l’instant, le gouvernement démissionnaire continue d’expédier les affaires courantes, tandis que le Président de la République, Michel Aoun et le nouveau Premier ministre désigné Saad Hariri, se disputent l’attribution des portefeuilles ministériels.  

 

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Publié le 14 avril 2021, mis à jour le 15 avril 2021

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