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Des explosions meurtrières attribuées à Israël frappent les bipeurs du Hezbollah au Liban

L'explosion simultanée mardi à travers le Liban de bipeurs utilisés par le Hezbollah a fait neuf morts et près de 2.800 blessés, dont des centaines de membres du mouvement islamiste libanais, soutenu par l'Iran, qui a accusé Israël d'en être responsable.

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Écrit par AFP
Publié le 17 septembre 2024, mis à jour le 18 septembre 2024

L'explosion simultanée mardi à travers le Liban de bipeurs utilisés par le Hezbollah a fait neuf morts et près de 2.800 blessés, dont des centaines de membres du mouvement islamiste libanais, soutenu par l'Iran, qui a accusé Israël d'en être responsable.

Israël n'a pas commenté ces explosions, survenues dans plusieurs places fortes du Hezbollah quelques heures après l'annonce par ce pays qu'il étendait les objectifs de la guerre contre le Hamas palestinien dans la bande de Gaza à sa frontière nord avec le Liban.

Depuis le début de la guerre, déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sanglante du Hamas contre Israël, la zone frontalière entre Israël et le Liban est le théâtre d'échanges de tirs presque quotidiens entre l'armée israélienne et le Hezbollah, un allié du Hamas, qui ont entraîné le déplacement de dizaines de milliers de civils de part et d'autre.

Une source proche du Hezbollah a annoncé mardi que "des centaines de membres" du mouvement "avaient été blessés par l'explosion simultanée de leurs bipeurs", un système de radiomessagerie, dans la banlieue sud de Beyrouth, dans le sud du Liban et dans la plaine orientale de la Békaa.

Le Hezbollah a affirmé qu'Israël était "entièrement responsable" de ces explosions et assuré qu'il allait "recevoir son juste châtiment".

Le Hamas a dénoncé une "agression terroriste sioniste".

Neuf personnes ont été tuées et près de 2.800 autres blessées, selon le ministère de la Santé, lors de cet incident sans précédent.

- Scènes de chaos -

Des dizaines d'ambulances transportant des blessés ont aussitôt afflué vers les hôpitaux à Beyrouth, dans la Békaa ainsi qu'à Saïda, dans le sud du Liban.

Dans la banlieue sud de Beyrouth, des tentes ont été installées pour accueillir des habitants qui se sont précipités pour donner leur sang.

Des blessés étaient allongés en pleine rue au milieu des embouteillages, ou à même le sol dans un hôpital de la banlieue sud de Beyrouth. Des images vidéo montraient un bipeur explosant dans les mains d'un homme en plein marché.

"De ma vie, je n'ai jamais vu ça", a témoigné à l'AFP Moussa, un habitant de la banlieue sud, qui a demandé à être identifié par son seul prénom. "Ca a explosé d'un coup (...) j'ai trouvé devant moi des gens allongés par terre", a-t-il raconté.

Parmi les morts figure une fillette de dix ans tuée par l'explosion du bipeur de son père, ainsi que le fils d'un député du mouvement.

L'ambassadeur d'Iran à Beyrouth, Mojtaba Amani, a été blessé, a annoncé la télévision iranienne.

Quatorze membres du Hezbollah en Syrie ont également été blessés par l'explosion de leurs bipeurs, selon une ONG.

Le ministre de l'Education libanais, Abbas Halabi, a annoncé la fermeture mercredi des écoles et des universités, pour condamner "cet acte criminel commis par l'ennemi israélien".

Les Etats-Unis, premier allié d'Israël, n'étaient "pas au courant" à l'avance des explosions, a affirmé le département d'Etat, en exhortant l'Iran à éviter tout acte qui aggraverait les tensions dans la région.

L'impact de ces explosions sur les communications du Hezbollah n'était pas clair dans l'immédiat.

Une source proche du mouvement a indiqué à l'AFP que "les bipeurs qui ont explosé concernent une cargaison récemment importée par le Hezbollah de 1.000 appareils", qui semblent avoir été "piratés à la source".

"D'après les enregistrements vidéo (...), un petit explosif de type plastic a certainement été dissimulé à côté de la batterie (des bipeurs) pour un déclenchement à distance via l'envoi d'un message", a estimé sur X Charles Lister, expert au Middle East Institute (MEI).

Ce qui signifie pour lui que "le Mossad (service secret extérieur israélien, en charge des opérations spéciales, ndlr) a infiltré la chaîne d'approvisionnement".

Cette série d'explosions marque une "escalade extrêmement inquiétante", a affirmé l'ONU.

Dans ce contexte à hauts risques, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken est attendu mercredi en Egypte pour discuter d'une nouvelle proposition de compromis en vue d'un cessez-le-feu à Gaza et d'une libération des dizaines d'otages qui y sont retenus, selon le département d'Etat.

- "Action militaire" -

Israël avait annoncé mardi sa décision d'étendre les buts de la guerre jusqu'à la frontière israélo-libanaise, afin de permettre le retour des déplacés. Les principaux objectifs affichés jusqu'à présent de la guerre à Gaza étaient la destruction du Hamas, au pouvoir depuis 2007 dans le territoire palestinien, et le retour des otages.

"Le cabinet politique et de sécurité a mis à jour les buts de la guerre, afin d'y inclure le retour en toute sécurité des habitants du nord (d'Israël) chez eux", a déclaré mardi le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Lundi, lors d'une rencontre avec un émissaire américain, Amos Hochstein, le ministre de la Défense israélien, Yoav Gallant, avait averti qu'en l'absence de solution diplomatique, "le seul moyen restant pour garantir le retour des habitants du nord d'Israël dans leurs foyers" serait "une action militaire".

Mardi, une frappe israélienne à Blida, dans le sud du Liban, a fait trois morts selon les autorités libanaises, l'armée israélienne affirmant avoir tué des membres du Hezbollah. Le mouvement libanais a annoncé des tirs contre des positions militaires dans le nord d'Israël.

L'armée israélienne a affirmé que plusieurs drones venant du Liban avaient été interceptés alors qu'ils tombaient dans une zone dégagée.

Mardi soir, la compagnie aérienne allemande Lufthansa a annoncé la suspension, au moins jusqu'à jeudi, de ses vols de et vers Tel-Aviv et Téhéran. Air France, pour sa part, a annoncé la suspension de ses liaisons avec Beyrouth et Tel-Aviv, également jusqu'au 19 septembre inclus.

Le 7 octobre 2023, des commandos du Hamas ont mené une attaque sans précédent sur le sol israélien, qui a entraîné la mort de 1.205 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres officiels qui inclut les otages tués en captivité.

Sur les 251 personnes enlevées pendant l'attaque, 97 sont toujours retenues à Gaza, dont 33 ont été déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a promis de détruire le Hamas, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que l'Union européenne et les Etats-Unis.

Son armée a lancé une offensive qui a fait au moins 41.252 morts, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza, qui ne détaille pas les combattants et les civils tués.

Le chef du Hamas, Yahya Sinouar, a assuré lundi que son mouvement était "préparé" à "mener une longue guerre d'usure" contre l'armée israélienne.

Mardi avant l'aube, des frappes aériennes israéliennes ont ciblé le territoire palestinien assiégé, faisant au moins sept morts dont trois dans une maison de la ville de Gaza, dans le nord, selon la Défense civile.

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Publié le 17 septembre 2024, mis à jour le 18 septembre 2024

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