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"Venir en Espagne réaliser sa PMA est une démarche émotionnellement lourde à assumer"

Stephanie ToulemondeStephanie Toulemonde
Écrit par Vincent GARNIER
Publié le 14 mai 2023, mis à jour le 14 mai 2023

Stéphanie Toulemonde est coach à Barcelone, spécialisée sur l'accompagnement des femmes confrontées aux enjeux de l'infertilité. Dans le cadre de son accompagnement, elle traite l'impact émotionnel que peut représenter pour les candidates à la maternité, le cycle qu'elles sont amenées à se soumettre.

 

 

Les Françaises représentent environ 40% des femmes étrangères ayant eu recours à un traitement de Procréation Médicalement Assistée (PMA) dans une clinique espagnole, selon la Société européenne d'embryologie et de reproduction humaine. A la proximité du pays et à son expérience en la matière, s'ajoute côté français une législation moins favorable malgré la nouvelle loi de bioéthique, un tabou persistant et surtout des délais encore beaucoup trop longs, avec des listes d'attente pouvant aller jusqu'à 3 ans pour les dons de gamettes.

 

Ainsi, quand l'horloge biologique ne saurait attendre, bien des femmes sont forcées de se tourner vers des solutions plus agiles, et pas forcément par plaisir. Dans le cadre d'une PMA organisée dans une clinique privée en Espagne, le monitoring de la stimulation ovarienne se fait à distance, avec contrôle du gynécologue en France. Seule la fécondation à proprement parler recquiert le déplacement de la patiente au sein de la clinique, de l'autre côté de la frontière. "C'est un traitement lourd, qui implique l'auto-administration quotidienne de piqûres, qui n'est pas toujours facile à gérer émotionnellement, qui plus est quand tout se déroule à distance", observe Stéphanie Toulemonde

Attention à bien vous entourer car il y a énormément d'intermédiaires qui prennent des commissions auprès des cliniques

Cette coach installée à Barcelone, spécialisée dans l’accompagnement des femmes, fondatrice de l'association She Oak ayant pour vocation d'aider les personnes ayant des problèmes de fertilité, s'est fait une certaine réputation auprès des candidates françaises à la PMA, en Espagne. "Je recommande aux femmes souhaitant franchir le pas de contacter au moins 2 ou 3 cliniques, pour bien comparer les offres et choisir celle qui correspond le plus à leurs attentes", déclare-t-elle.

 

Si la procréation médicalement assistée représente un business particulièrement lucratif, avec un nombre d'acteurs ayant explosé sur les 15 dernières années, pour les clientes des cliniques le côté humain de la démarche reste essentiel, au-delà des chiffres. Or les chiffres existent, avec les coûts et les taux de réussite -ou d'échec- associés, mais aussi les rémunérations des doneuses. L'aspect financier cohabite donc avec une expérience humaine transcendantale, dans une démarche qui conditionne la future maternité des patientes, et où il leur faudra gérer la frustration, la peine, l'angoisse et l'attente, selon les cas. 

Les taux de réussite sont de l'ordre de 60% à 65% dans le cas du don d'ovocytes

"Une fécondation in vitro (FIV) avec les gamettes du couple a un taux moyen de réussite de l'ordre de 25%. Il s’agit d’une moyenne qui varie évidemment selon l’âge et les possibles pathologies des patients", explique Stéphanie Toulemonde. "En cas d'insémination, avec introduction des spermatozoïdes et stimulation ovarienne, ce taux est ramené à 10-15%, car il n'y a pas de sélection d'ovules", développe-t-elle. Or les statistiques sont bien meilleures dans le cas du don d'ovocytes. Sans surprise d'ailleurs, puisque la principale cause de l'infertilité est liée à l'âge et que les doneuses en Espagne doivent légalement avoir entre 18 et 35 ans. "Elles ont en réalité 20-25 ans, ce qui correspond au zénith de la fertilité", décrypte la coach. Avec des taux de réussite de l'ordre de 60% à 65% par transfert, la technique est beaucoup plus efficace. "Emotionnellement, c'est plus lourd", avertit néanmoins Stéphanie Toulemonde, "avec un sentiment d'échec souvent fort, l'impression de faillir à sa famille, mais aussi parfois la peur de ne pas (ou moins) aimer l'enfant, voire d'être rejetée par lui".

 

En Espagne le don d'ovocytes est rémunéré et n'a pas l'obligation d'être effectué dans un centre public, contrairement à ce qui a cours en France. Les doneuses reçoivent une compensation financière de l'ordre de 900 à 1000€. Il s'agit pour elles de passer par un protocole particulièrement lourd, qui inclut in fine une anesthésie générale pour extraire les ovocytes. "Pour cette raison, les cliniques communiquent sur le fait que la vraie motivation des doneuses n'est pas l'argent, mais leur souhait d'aider les couples", relève Stáphanie Toulemonde. Quant aux cliniques elles-mêmes, elles factureront des services comprise entre 3.000 et 10.000€, selon la nature des prestations.

Le côté humain de la démarche reste essentiel et il faudra gérer la frustration, la peine, l'angoisse et l'attente, selon les cas. 

A signaler que les patientes résidentes en France peuvent bénéficier d’une prise en charge par la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM), même pour un traitement effectué à l’étranger, s’il fait partie des 4 traitements de FIV remboursés et avant les 42 ans résolus de la patiente, et ce, à hauteur de 1.550€. "Attention, il y a énormément d'intermédiaires qui prennent des commissions auprès des cliniques", avertit encore la fondatrice de She Oak. "Ayez donc soin de bien vous entourer", recommande-t-elle.

 

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