Construire son CV pour chercher un emploi dans un pays qui n’est pas le sien, après plusieurs années "ailleurs", amène à réfléchir sur son parcours, ses atouts, ses changements d’étapes. Cela implique tellement d’éléments différents selon les personnes qu’on ne peut pas généraliser. Mais on va quand même essayer.


En commençant par deux cas particuliers : Caroline et Katherine.
Elles débarquent en Espagne et souhaitent se remettre à travailler. En apparence, leurs situations sont comparables. Mais le changement n’est jamais le même. C’est ce qui en fait sa complexité, sa créativité et sa gaieté.
Des cas particuliers comparables
Les maris de Caroline et de Katherine sont cadres dans de grandes entreprises internationales. Caroline en est à son troisième déménagement et à son troisième bébé. Katherine affiche un record de six pays sur quatre continents avec deux enfants. En moins de quinze ans, les enfants sont nés, ont grandi, ont changé… Elles ont été trop occupées pour travailler.
Aujourd’hui, les enfants ne sont plus des bébés et l’Espagne marque un retour en Europe. C’est l’occasion de reprendre une activité.
Elles sont françaises, proches de la quarantaine, et ont travaillé avant l’expatriation. Barcelone, c’est un peu un retour au pays. Toutes deux sont cadres et ont connu des moments glorieux comme des passages plus difficiles.
La comparaison s’arrête ici.

Être ou ne pas être ce qu’on faisait autrefois
La première question est de savoir s’il faut repartir de ce qu’on faisait autrefois ou s’appuyer sur ce qu’on a vécu ailleurs. Ou bien tout recommencer. Cette question offre de multiples réponses. Une autre consiste à déterminer s’il faut s’adapter au marché et accepter ce qui vient, ou si les exigences ont encore du sens.
Caroline a suivi son mari. La vie du couple n’a pas toujours été facile. Il est satisfait du soutien qu’elle lui a apporté et, du coup, ne se pose pas de questions. Elle, en revanche, ressent un déséquilibre dans les choix de chacun : elle a beaucoup donné et revendique désormais une priorité que son mari comprend mal. Elle a essayé de travailler en Espagne, sans succès.
Katherine a choisi depuis longtemps de s’éloigner du monde du travail après une expérience douloureuse. L’expatriation est tombée à point nommé. Cette expérience, inoubliable, lui a permis de vivre pleinement ailleurs. Le retour en Europe la rapproche de sa famille, sans qu’elle ait jamais rêvé de rentrer. Ce changement ouvre la question : souhaite-t-elle, oui ou non, retravailler ? Une idée qui plaît à son mari.
Que faire avant de rédiger son CV
Avant de concevoir son CV, il faut ordonner ses idées. On peut proposer quatre étapes :
La décision : être sûr de vouloir –ou non– retravailler. Il faut clarifier les "parasites" de la décision. 😊
La nouvelle valeur : définir sa valeur ajoutée après plusieurs années loin du marché, mais riches d’expériences diverses.
La disponibilité : être prêt pour un travail différent. Si l’on cherche à reproduire ou à fuir son passé, on ne sera pas engagé.
Le projet : construire un vrai projet, validé et confronté au marché que l’on souhaite intégrer. L’idée d’un nouveau job n’est pas un projet professionnel.
Caroline devra clarifier le regard de sa famille sur son projet professionnel et tirer les leçons de ses premiers échecs en Espagne. Elle devra travailler sur la complémentarité de ses expériences passées et valoriser ses parcours internationaux. Son CV devra refléter une évolution relationnelle grâce à cette dimension.
Katherine, elle, devra revisiter les moments difficiles de son dernier poste et redonner du sens à son projet professionnel en Europe. L’analyse de ses compétences lui permettra d’élaborer un nouveau projet en Espagne. Elle découvrira que le marché l’attendait.
Dessiner son CV, ou l’art d’imaginer un travail différent
Une fois tout cela clarifié, on peut concevoir un CV, en évitant de commencer par la maquette, et surtout en acceptant de tout recommencer sans rien oublier.
Premier papier : lister les besoins, douleurs et envies de l’entreprise idéale. Les écrire en vrac, reformuler, rêver un peu.
Deuxième papier : retracer son parcours en pensant à ces besoins. Relire, peaufiner, corriger.
Troisième papier : écrire les mots-clés, les tags de l’identité professionnelle que l’on souhaite demain (cinq ou six maximum).
Il ne reste plus qu’à chercher dans son histoire les arguments pour séduire l’entreprise visée, puis à créer la maquette de sa nouvelle identité.
Enfin, validez avec trois amis en leur demandant : "À quoi sert ce CV ?" Vous pouvez aussi tout confier à ChatGPT et lire ses suggestions. Si vos amis et ChatGPT vous renvoient vos mots-clés, c’est gagné.

Conclusion : la créativité du CV en expatriation
En arrivant en Espagne, mieux vaut éviter de simplement traduire son CV et de se précipiter sur LinkedIn. Il faut d’abord produire quelque chose d’important pour soi. Sinon, c’est l’échec assuré : on ne sera pas prêt à chercher du travail, ni même à savoir comment le présenter.
Caroline est aujourd’hui cadre en business development, en lien avec les unités européennes d’une organisation technologique. Katherine coordonne une équipe de huit consultantes offrant des services à des professionnels de dix-huit pays.
La construction d’un CV d’expatrié ne peut être un simple résumé du passé. Il y a eu une rupture. Il faut lui donner du sens, car l’histoire d’un nouvel arrivant, c’est toujours une nouvelle histoire.

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