Pour son premier exercice en tant que proviseur du LFB, Jean Bastianelli a dû gérer les répercussions pédagogiques et psychologiques de la crise. Et même si l'avenir économique et sanitaire reste incertain, l'établissement a su traverser cette année compliquée le mieux possible. De bonne augure pour l'avenir. Interview.
Quel est le bilan de cette dernière « année Covid » au LFB ?
Jean Bastianelli : Nous avons perdu quelque 150 élèves, soit 5 % des effectifs. Cela s'explique en grande partie par le départ de familles qui ont dû quitter Barcelone et l'Espagne à cause de la crise. En effet, les deux tiers des élèves qui ne se sont pas réinscrits cette année sont Français. Mais d'autres parents aussi ont fait le choix de changer de système éducatif. Aujourd'hui, nous préparons la prochaine rentrée, et nous observons que certaines familles réfléchissent à réinscrire leurs enfants au LFB... Peut-être l'horizon économique et sanitaire s'éclaircirait-il ? C'est en tout cas un peu rassurant. À ce stade de l'année, je perçois donc une dynamique nouvelle, mais il est évidemment bien trop tôt pour préjuger de l'avenir, dans un contexte qui reste évidemment très incertain et fluctuant.
Quelles sont les répercussions de cette crise ?
C'est avant tout une question d'organisation, avec la mise en place d'un protocole qui est assez compliqué, tant au niveau du fonctionnement que de l'utilisation des équipements ou encore du nettoyage ou de l'aération des classes. Il y a encore l’utilisation des masques et ses conséquences, la gestion des groupes d'élèves pour assurer une traçabilité et repérer les « cas contact » lors d'un éventuel test positif au Covid 19, et tous les confinements : cas positifs, cas contacts, précaution). Tout cela est extrêmement lourd, mais le dispositif a bien fonctionné depuis la rentrée de septembre dernier et nous n'avons pas eu à déplorer de « cluster » au sein de l'établissement. En revanche, cela se répercute sur le plan humain : c'est très contraignant et usant pour les élèves, pour les professeurs, toutes les équipes... et pour le proviseur.
Je suis impressionné par l’engagement remarquable des équipes
Comment les professeurs vivent-ils la situation ?
C'est compliqué et éprouvant, car ils doivent « jongler » entre tous types d’organisation des cours. De fait, certains groupes d'élèves sont au lycée, d’autres suivent les cours de chez eux. Il en va ainsi lorsque les classes sont confinées, ou encore dans le cas des classes de Première et Terminale, qui, en Catalogne, travaillent la moitié du temps à distance. Il faut aussi gérer l'imprévu lorsque certains élèves sont confinés individuellement ; ou lorsque des professeurs sont confinés et assurent les cours en télétravail ; bref : tous les cas de figure sont possibles ! Mais je suis impressionné par l’engagement remarquable des équipes dans ce contexte. Et, malgré les inquiétudes qui ont pu être vécues, je suis content de constater que les programmes ont pu être avancés. Même si c'est au prix, je le répète, de gros efforts et de grande fatigue.
Sur un plan personnel, comment jugez-vous votre première année au LFB ?
Je suis d'abord extrêmement content d'être ici, et je ne regrette pas mon choix, bien au contraire ! Lors de ma présidence des conseils de classe de Terminale, j'ai constaté avec satisfaction les potentialités des élèves, qui, à l’issue de leur parcours au LFB, pourront clairement poursuivre leurs études dans des établissements prestigieux, en France ou en Espagne – ou parfois ailleurs ! J'ai découvert à la fois de très belles personnalités et de très beaux talents, chez les élèves et dans toutes les équipes. Je retrouve tout l’intérêt et tout le potentiel d’un contexte international et d’une ouverture aux langues et aux cultures. Ce qui me fait dire que le LFB est véritablement un lycée d'excellence.