À Barcelone, un quart des touristes logent dans des appartements Airbnb, privant ainsi le marché locatif traditionnel de près de 10.000 logements. Cette situation alimente une crise du logement majeure, avec des loyers en forte hausse et des habitants contraints de quitter la ville.


La capitale catalane fait face à une crise immobilière alimentée par le tourisme de masse et l’explosion des locations de courte durée, principalement via Airbnb. Les loyers à Barcelone ont bondi de près de 68% en dix ans, avec une moyenne de 1. 200 € par mois en 2025, tandis que le pouvoir d’achat, lui, stagne. Pour de plus en plus d’habitants, il devient impossible de se loger dans leur propre ville, où environ 13. 000 logements sont exploités sous licence touristique alors que l’offre de longue durée chute. Cette pression touche tous les quartiers, des plus centraux jusqu’en périphérie, provoquant une “expulsion silencieuse” des résidents historiques.
Lassitude et colère des Barcelonais
Le mal-être est massif : selon un sondage réalisé en 2025 par OuiFind, 73,8% des Barcelonais déclarent que la hausse des loyers est leur principal problème urbain, devant l'insécurité et la pollution. Un autre baromètre, publié par Cartoimmo en décembre 2024, indique que 70% des résidents estiment que “le tourisme de masse dégrade la possibilité d’habiter à Barcelone”. Près de 60% soutiennent l’interdiction à venir des nouvelles licences de location touristique, prévue par la mairie pour 2029, dans l’espoir de voir ces logements réaffectés aux Barcelonais.
La parole de terrain, relayée par Manel Martinez, vice-président de l’association des voisins de la Barceloneta, est sans appel : « Des logements qui servaient à loger des familles sont devenus des Airbnb, souvent illégaux, avec des loyers inaccessibles. Des rues entières ont changé d’âme. On a vu partir des voisins, des commerces de proximité, remplacés par des boutiques pour touristes. ». Cette mutation inquiète la population : “Les habitants de Barcelone ont le droit de vivre dignement, d’avoir un logement et de se promener dans leur quartier sans se sentir étrangers chez eux.”, témoigne le même habitant.
Vers la fin des licences touristiques
La mairie a pris une décision drastique : ne plus renouveler, à partir de 2028, aucune licence de location touristique de courte durée. Ainsi, près de 10.000 appartements devraient repasser dans le parc résidentiel dès 2029, dans l’objectif de desserrer l’étau sur les habitants et d’enrayer la flambée des prix.
Cette interdiction s’accompagne d’un ultimatum à Airbnb pour retirer les annonces illégales, et d’amendes pouvant atteindre 60.000 € contre les propriétaires contrevenants. D’après Euronews, “la plupart des Barcelonais ne regretteront pas les locations touristiques”, beaucoup jugeant que leur disparition aidera à restaurer la vie de quartier et à calmer la spéculation locative.
Reste à savoir si ces mesures suffiront à restaurer l’équilibre dans une ville dont l’identité même est menacée, comme le rappelle Manel Martinez : « Si on détruit la vie locale, même le tourisme finira par s’effondrer, car il n’y aura plus rien d’authentique à découvrir ».
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