Jeudi 10 janvier, l’ex Premier Ministre français Manuel Valls, les académiciens Santiago J. Castellà et Joan Francesc Pont Clemente se sont rencontrés pour débattre autour du thème de la laïcité à la Real Academia Europea de Doctores. Un événement organisé et modéré par Richard Onses, avec le soutien de l’UFE.
Environ 220 personnes, majoritairement des Français, ont assisté au débat, qui détaché de toute ambition politique était tourné vers l’enjeu de société qu’est la laïcité. Le candidat à la mairie de Barcelone Manuel Valls n’aura donc pas évoqué l’actualité catalane ou espagnole, encore moins barcelonaise, pour se ceindre à la thématique de la conférence, "étudier les différentes évolutions de la laïcité en France et en Espagne d’un point de vue humaniste" comme l’a exprimé le modérateur le Dr. Richard Onses.
Manuel Valls a ainsi commencé par rappeler le seul fondement de la laïcité, c’est-à-dire la loi de 1905, celle de la séparation des Eglises et de l'Etat. Il a ensuite présenté les piliers sur lesquels elle repose : "la liberté de conscience, qui signifie que les credo sont libres, mais n'engagent que leurs fidèles, et l'égalité des droits, qui empêche tout privilège public envers un credo particulier". Dans ce même sens le Dr. Joan Francesc a évoqué le principe de laïcité comme étant "le moteur de l’émancipation des citoyens pour qu’ils puissent exercer leur liberté de conscience et s’autodéterminer en tant que personne".
Interesante coloquio en la @raedacademy: 'Laicidad. Dos caminos diferentes en #Francia y #España con valores comunes’ . Un debate en clave humanista que he compartido con Santiago J. Castellà, Joan Francesc Pont Clemente y @onses . ¡Una gran iniciativa! pic.twitter.com/hANCiPLHBS
— Manuel Valls (@manuelvalls) 10 janvier 2019
Diversité et coexistence
Diversité et coexistence se sont rapidement imposés comme thèmes phares du du colloque. "Toutes les sociétés sont plurielles et hétérogènes, elles sont très diverses et, par conséquent, elles ont besoin de règles qui régissent la coexistence entre différentes identités culturelles, ethniques et religieuses", a exprimé le Dr. Santiago J.Castellà. Ce à quoi le Dr. Joan Francesc a rajouté que "ce respect des croyances est ce qui permet à une société de se définir par la coexistence".
Manuel Valls a également insisté sur l’importance de la neutralité du pouvoir politique, le contraire pouvant entraîner de graves dommages pour la société : "D'une part, la liberté de conscience, les critères, l'autonomie de jugement de tous les citoyens sont endommagés, tant pour ceux qui communient avec le credo dominant que pour les autres ; et d'autre part, une situation de privilège est créée qui provoque une division intolérable entre citoyens de première classe et citoyens de seconde classe".
La France, un modèle pour l’Espagne ?
Pour le Dr. Santiago J. Castellà, "l’expérience de la France est intéressante, comparée à celle de l’Espagne". À la différence de la France où la laïcité fait partie des valeurs fondatrices de la République, en Espagne la laïcité se présente moins comme un principe véritable. "La France a connu un développement très différent de celui de l'Espagne car sa révolution laïque a suivi la Révolution française. D'autre part, en Espagne, les hétérodoxes, les hérétiques, les francisés... ont toujours été réprimés et font partie d'un tiers de l'Espagne, de l'Espagne qui aurait pu être et ne l'a jamais été, de l’Espagne qui pourrait mener à la coexistence civile entre différents peuples".
Le combat d’une vie
Depuis son passage à la mairie d'Evry, Manuel Valls a fait de la défense de la laïcité une de ses priorités politiques. En effet, comme il a pu l’exprimer à plusieurs reprises l’ancien Premier Ministre a fait de la laïcité "le combat de [s]a vie". Comme il l’a rappelé au cours du débat, pour lui la laïcité "n’est pas la négation du fait religieux, ni une forme d’anti-religion ou d’hostilité à l’égard des cultes (...), c’est la liberté de croire ou de ne pas croire, la liberté de conscience".