Installé à Barcelone, Vincent Lefebvre met la pâtisserie française à l’honneur avec ses macarons artisanaux. Sa Maison, lancée en ligne il y a un an, connaît un succès croissant et prévoit d’ouvrir une boutique en 2026.
Passionné de pâtisserie française, Vincent Lefebvre n’a franchi le pas qu’en 2024. Après des études de commerce et une carrière en finance, il crée une agence de communication politique à Paris qu’il dirige pendant dix ans. En 2021, l’opportunité de suivre son épouse à Barcelone lui offre le déclic pour se réinventer. Passant son temps libre à créer des macarons, il se lance petit à petit sur le marché local, plutôt faible dans la capitale catalane, et crée sa boutique en ligne, Maison Lefebvre.
Le site Maison Lefebvre a ouvert ses portes en avril 2024. Pourquoi avoir choisi de proposer des macarons français à Barcelone ?
Mon amour pour la pâtisserie française existe depuis longtemps, j'ai toujours fait des macarons, que ce soit pour moi, pour mes amis ou pour la famille. Et, comme j'avais plus de temps en arrivant à Barcelone, j'ai commencé à en faire de plus en plus. Certaines personnes ont alors commencé à me dire que je devrais me lancer sur le marché. Sans aucune prétention, j'ai considéré que la qualité ici n'était pas superbe. Donc, il y avait de la marge pour un produit vraiment réalisé de façon artisanale.
Le macaron est une mignardise très réputée en France. Jouez-vous sur le savoir-faire à la "française" pour vous différencier ?
Oui, j'en profite car dans l'esprit des Catalans, le macaron est très français. Évidemment, je joue sur cette image. Ici, c’est plutôt une production industrielle, et ça se sent dès la coque : la texture est différente, plus moelleuse. Moi, je mise sur le côté luxe et sur le savoir-faire français, qui reste très reconnu à l’étranger. Ça plaît forcément aux locaux, et j’imagine que ça fait aussi plaisir aux Français.
"Je commence à atteindre mes limites, il va falloir que j'embauche quelqu'un"
Et justement, ce produit est-il populaire à Barcelone ?
Ce qui est assez drôle, finalement, c’est que les grands-parents ne connaissent pas forcément. La génération d’en dessous un peu, et les enfants, eux, connaissent tous. Je pense que c’est parce qu’ils ont voyagé, et qu’aujourd’hui on a accès à beaucoup plus d’informations. Le nombre de fois où je vois des enfants tirer leurs parents par le bras pour acheter des macarons, c’est assez incroyable. Et je crois que le plus beau compliment qu’un Espagnol puisse me faire, c’est de me dire : “J’avais déjà goûté et je n’aimais pas, mais j’ai mangé un des tiens et finalement j’adore.”
Maison Lefebvre n'a pas de boutique physique sur Barcelone. Comment fonctionnez-vous ?
On propose de la vente en ligne, avec des formats de trois à vingt macarons. L'objectif, initialement, c'était plus de vendre aux particuliers et d'ouvrir une boutique assez rapidement. Le premier pas a finalement été de créer un site web marchand. Donc aujourd'hui, on est surtout sur du buisness entre entreprises et le projet de boutique s'est décalé dans le temps. Pour l'instant, je suis tout seul. Mais là, je commence à atteindre mes limites entre la production, la logistique et la partie administrative. Il va falloir rapidement que j'embauche quelqu'un.
Vos macarons sont populaire auprès de nombreuses marques barcelonaises. Est-ce une manière de faire connaître la maison ?
Il y a beaucoup de belles entreprises à Barcelone qui considèrent que le macaron est un produit parfaitement cohérent avec l'image de marque qu'ils veulent développer. Le secteur médical et celui du luxe sont deux secteurs avec une clientèle assez aisée et me commandent le plus de produits. Effectivement, le bouche-à-oreille et le fait que je n'ai pas une concurrence énorme sur Barcelone fait que 90% de mes clients entrent de manière naturelle. J'ai beaucoup de chance pour l'instant.
"Tous les produits que j'utilise viennent de producteurs locaux"
Quels sont les secrets de fabrication de Maison Lefebvre ?
Chez nous, tout est 100% naturel. On dispose de 14 saveurs. Je vais prendre l'exemple du macaron citron vert menthe qui me plaît beaucoup. Les gens à chaque fois me disent : "J'ai l'impression de boire un mojito". En réalité, j'achète la menthe, j'achète le citron vert, je le presse et je le zeste. Cela veut dire que je le récupère dans son entièreté. Je respecte les produits au maximum.
Vos recettes sont élaborées à partir d'ingrédients français ?
Non, tous les produits que j'utilise sont locaux ! Pour le macaron à la noisette par exemple, j'achète les noisettes à un producteur catalan, pas très loin d'ici. Leur particularité est qu'elles sont vendues sans leurs coquilles, car sinon ça me prend un temps considérable de les retirer. On dit qu'elles sont émondées. Ensuite, je les mixe et je crée ma propre pâte de noisettes pour faire la ganache.
Vous racontiez que votre projet d’installation a pris plus de temps que prévu. Quels ont été vos freins ?
C'est la seconde fois que je monte une entreprise dans ma vie. Sur des petites structures comme ça qui démarrent, il y a toujours un plan initial. Très rapidement, il est complètement chamboulé car tout n'est pas "étudiable", c'est de l'ajustement en permanence. Il y avait une vraie problématique financière au départ, entre la location de la boutique, les charges, les investissements. Et il y a aussi le temps. Développer la partie buisness entre entreprises pour l'instant, va me permettre d'avoir une assise et une sécurité financière plus importantes.
Quels sont objectifs pour 2026 ?
Continuer de grandir. Continuer d'avoir une croissance telle que je l'ai aujourd'hui. Continuer de donner du plaisir à des clients parce que je considère aussi que j'accompagne mes clients à chaque fois, aussi bien en amont qu'après. Et surtout, avoir les moyens qui me permettront de créer la boutique, en 2026 je l'espère.
Sur le même sujet
L'annuaire 
