Une étude de Fondation BBVA souligne les traits les plus marquants des Espagnols face à leurs voisins européens allemands, britanniques, italiens et français. Rien de surprenant de constater par exemple l’esprit fortement revendicatif des Français qui, par contre, votent moins que les Espagnols.
L’enquête, menée auprès de 7.500 personnes des cinq pays les plus peuplés de l'Union européenne, propose une sorte de cartographie des valeurs et des attitudes vis-à-vis de divers sujets comme la politique, l’économie, les médias ou l’environnement.
De cette analyse, il ressort des traits communs mais aussi de fortes disparités entre les pays. Ainsi, il existe une confiance généralisée à l’égard des professionnels liés à l’État (police, juges, militaires et fonctionnaires), à l’exception de la classe politique, envers laquelle les citoyens manifestent une forte désaffection. En Espagne, cette méfiance est encore plus forte, avec un 3,2 sur une échelle de 0 à 10 contre 4 dans les autres pays. Ceci explique sans doute le fait que les Espagnols aient le sentiment qu'il existe un niveau de corruption très élevé (8,5 sur une échelle de 0 à 10 par rapport à 6,5 de moyenne dans d'autres pays).
En définitive, la classe politique est perçue comme un collectif plus attentif à ses propres intérêts qu'à ceux de la société, et la majorité estime que les partis politiques ne les représentent plus de manière adéquate (55% en Espagne contre 69% en France). Pour les Français, une majorité claire partage même l'idée selon laquelle la société a besoin de dirigeants qui ne viennent plus de la politique traditionnelle.
Les Espagnols sont ceux qui votent le plus aux élections législatives et européennes
Certainement dû au fait que la démocratie espagnole est plus jeune -le 1er vote aux législatives a eu lieu il y a 42 ans-, les Espagnols sont ceux qui votent le plus aux élections législatives et européennes, alors que l’abstention est nettement plus forte en France. Quant aux facteurs qui déterminent le vote, il est curieux de constater qu’autant pour les Espagnols que les Français, le programme politique et l’idéologie l’emportent sur les compétences professionnelles et de la capacité de gestion de l’économie. Les Britanniques sont ceux qui attachent le moins d’importance au programme politique et le plus aux compétences professionnelles. Enfin, les Espagnols montrent une orientation plus à gauche que les quatre autres pays analysés, avec un segment d’extrême gauche qui double le même groupe dans les autres pays.
Outre le vote, il existe d’autres façons de faire entendre sa voix, telles que les manifestations, signatures de pétitions ou boycott de produits. Cette participation varie selon les pays, mais les Français sont de loin les plus actifs. Ainsi, 42% ont déjà boycotté un produit alors qu’en Espagne, ce pourcentage n’est que de 10%. De manière générale, 64% des Français ont déjà participé à une cause, quelle qu’elle soit, face à 36% pour les Espagnols. Autrement dit, deux tiers des Espagnols n’ont jamais collaboré à aucune action de la sorte.
La majorité des citoyens expriment un niveau élevé d'identification et de fierté d'appartenir à leur pays et à ses symboles, même si en Espagne, l’écart entre les segments politique "droite" et "gauche" est particulièrement marqué. Par ailleurs, en Espagne, beaucoup se déclarent d’abord de leur région, alors qu’en France, -et elle se démarque particulièrement sur les autres pays- les personnes interrogées se sentent avant tout françaises. Ville ou région passent après.
La majorité de la population perçoit comme bénéfique l'appartenance de son pays à l'Union Européenne, même au Royaume-Uni, pourtant immergé dans le Brexit. Cette perception est particulièrement forte en Espagne, qui fait partie de l’UE depuis 1986, avec plus de 15 points au-dessus de la moyenne des quatre autres pays.