Lancé le 20 avril dernier, le site GlobalGeoNews est une initiative de l’agence de reportage BEW, dont la ligne éditoriale couvre les grands enjeux géopolitiques de la Méditerranée et du Proche et Moyen Orient. Ancrée à Barcelone et tenue par des professionnels du reportage de guerre, l’agence révolutionne l’information géopolitique avec cette nouvelle plateforme interactive, destinée aux entreprises en quête d’analyses pointues. Le site a notamment reçu le label French Tech. Retour sur les concepts porteurs du projet avec Emmanuel Razavi, grand reporter et co-fondateur de GlobalGeoNews.
Une idée qui naît de deux personnes, Emmanuel Razavi et Thomas Barbier, et de la volonté de monter leur propre titre de géopolitique. Mais dans un domaine où les revues papiers sont déjà très nombreuses, les instigateurs du projet ont souhaité explorer un nouveau format, quelque chose qui fasse sens, et surtout qui serve aux entreprises. Déjà sollicité par de nombreuses entreprises ou expatriés lui demandant de raconter la réalité du terrain, le grand reporter est habitué à livrer de précieux conseils, du plus simple (comme ne pas montrer ses semelles dans le monde arabo-musulman) au plus complexe. Il décide donc d’en faire un concept, qui se retrouve dans l’esprit de la plateforme GlobalGeoNews.
Des situations extrêmement complexes que l’on simplifie au maximum pour faire gagner du temps aux entreprises
En effet, avec ce projet Emmanuel Razavi lie ses deux passions : le monde de la Méditerranée et de l’Orient, et celui de l’entreprise. "Je me considère autant entrepreneur que grand reporter, car en réalité j’ai les deux casquettes". Sur abonnement, le site constitue la première plateforme d’informations géopolitiques dédiée aux entreprises. Très ergonomique et didactique, il leur permet de comprendre les enjeux des situations politiques et sociales en quelques minutes. Les vidéos, toutes très courtes, sont classées de manière instinctive : par thématiques, par zones géographiques grâce à une carte interactive, ou par intervenants, avec la catégorie "3 questions à…" où un expert résume l’essentiel en quelques minutes. Au-delà de rappeler les bases, "ce sont des situations extrêmement complexes que l’on simplifie au maximum pour faire gagner du temps aux entreprises". En effet, cela est capital pour mieux connaître les pays où elles sont amenées à commercer, à investir ou à envoyer. "Le monde change, tout va plus vite, donc il faut évoluer avec lui. En moins de 5 minutes, les entreprises peuvent se faire une idée de la situation géopolitique d’un pays et prendre des décisions en conséquence", analyse Emmanuel Razavi. Et tout cela dans un format agréable à regarder. En effet, ces professionnels du reportage comptent sur leur savoir-faire de l’image pour se différencier des grandes agences de presse géopolitique anglo-saxonnes et devenir d’ici cinq ans une véritable alternative européenne.
Mais si GlobalGeoNews se distingue dans la forme, c’est aussi et surtout dans le fond que réside l’intérêt de la plateforme. En effet, les agences anglo-saxonnes sont assez dogmatiques et orientent souvent l’information en fonction de la ligne politique de leur pays. BEW au contraire, est totalement indépendant, avec des contributeurs de tous les bords politiques et un seul parti pris, celui des faits. Au total ils sont une quarantaine, déployés un peu partout dans la zone, à participer à la création du contenu. Pour la plupart, ce sont des pointures dans leur domaine, comme Frédéric Encel ou Alexandre Del Valle, les grands géopoliticiens du moment. Dans la liste des correspondants, les chevronnés du métier côtoient les jeunes talents, et les reporters de terrains côtoient les chercheurs. C’est cela qui fait la force du site : il réussit à réunir les reporters qui ramènent l’information et les chercheurs qui la décryptent. GlobalGeoNews représente donc un juste milieu entre la recherche géopolitique et le grand reportage : deux domaines qu’a connus Emmanuel Razavi et qu’il voulait lier dans un outil évolutif.
L’autre grand principe de la plateforme est de ne pas réagir émotionnellement, comme beaucoup de sites d’information. Il y a toujours de l’information en instantané et actualisée sur le site car les correspondants sont sur place, dans des endroits où les chercheurs ne peuvent pas aller, mais tout en prenant le temps nécessaire à l’analyse. Tout cela dans le but de partager une vision plus "européenne" du reportage géopolitique et donner un autre point de vue aux entreprises.
Barcelone, un carrefour de la Méditerranée
En effet, Emmanuel Razavi insiste sur l’ADN franco-européen de son agence BEW. Et son installation à Barcelone n’est pas un hasard. La ville catalane est une grande capitale méditerranéenne, qui représente pour lui un carrefour des cultures, de par sa proximité du Maghreb. "C’est un véritable point de rencontre entre l’Europe et l’Orient", ce qui correspond plutôt bien au nom de l’agence, BEW : "Between East end West". Mais Barcelone est aussi en vogue dans le milieu des reporters, qui ont tendance à venir s’installer à Barcelone depuis deux ans. Et si l’agence a peut-être ouvert la voie, c’est surtout la situation de carrefour géopolitique de la ville, la proximité de l’aéroport et le siège de l’Union pour la Méditerranée qui expliquent ce phénomène.
Emmanuel Razavi, quant à lui, est intégré et impliqué dans la communauté française de Barcelone. Membre du réseau français de La Peña Business Club, il y a lui-même bénéficié des précieux conseils stratégiques et juridiques, qui l’a aidé dans la réalisation du projet GlobalGeoNews. Il est resté fidèle à l’organisation, où il intervient lors de conférences ou de présentations de ses livres.
La géopolitique commence avec des rencontres humaines
Même si le site est destiné aux entreprises et sur abonnement, un accès aux grandes écoles et laboratoires de recherche grâce à un tarif spécifique est aussi envisagé. Dans les projets de développement dans les prochains 18 mois, Emmanuel Razavi évoque l’extension de la plateforme à l’Afrique et à l’Amérique du Sud, qui sont incontournables dans le domaine géopolitique. En attendant, le choix a été fait de se lancer tout d’abord au Moyen-Orient pour faire ses preuves, avec de très bons correspondants dans les zones couvertes. "Se constituer un réseau solide de collaborateurs prend du temps, il a fallu deux ans pour trouver tous les correspondants avant de se lancer dans la création du site", décrypte Emmanuel Razavi.
Mais au-delà de l’entrepreneur, Emmanuel Razavi est surtout un passionné. Amoureux de l’Afghanistan et du Liban, il admire la somme de culture incroyable de ces pays mais surtout leur population. "Ce sont des peuples qui ont connu la guerre en faisant preuve de résilience. Moi-même je suis dans la résilience, rien ne m’abat, vivre à leur contact m’a donné la culture de faire face quoi qu’il arrive". Et cette passion, tous les collaborateurs de la plateforme la partagent : les reporters ont tous déjà vécu et travaillé sur le terrain, qu’ils connaissent par cœur. "La géopolitique commence avec des rencontres, des rencontres humaines, qui sont toujours des moments d’échange", raconte le Franco-iranien.