Même s'ils sont particulièrement silencieux, vous avez surement du remarquer ces scooters verts-bleu pour leur couleur et leur design rétro en vous promenant dans Barcelone. À la fois pratiques et esthétiques, ils incarnent une nouvelle façon de se déplacer dans la capitale de la Catalogne et sont en plus dirigés par des Français. Rencontre avec Luc Ougeot, l'un des quatre fondateurs de la startup française YUGO.
Ville qui bouge et engagée dans le développement durable, Barcelone est sans cesse à la recherche de nouvelles façons de concevoir la mobilité, chose que Luc Ougeot et ses trois amis ont bien compris en proposant une alternative à la fois écologique et sympathique pour se déplacer dans la capitale de la Catalogne. "YUGO, c'est un concept de scooter sharing électrique en libre service, un peu à la manière du Bicing. Mais le gros avantage, c'est qu'il n'y a pas de station". En effet, qui n'a pas perdu patience en rentrant de sa journée de travail ou de soirée et en ne trouvant aucun emplacement libre pour garer son vélo ou sa voiture? Avec YUGO, tout est automatisé et passe par son smartphone. Cette technologie intelligente permet, via une application, de localiser le scooter le plus proche de vous et de le réserver pour 15 minutes. Une fois le scooter trouvé, il ne vous reste plus qu'à le débloquer, prendre votre casque (deux sont à votre disposition) et allumer le véhicule. Sans clé? Oui, tout passe une nouvelle fois par l'application. Vous serez ensuite facturé 0,19 euros par minute jusqu'à votre point d'arrivée où vous devrez fermer votre session, en déposant votre scooter là où vous le souhaitez. "YUGO ne se veut pas être la seule manière de se déplacer, mais propose une alternative. Moins cher que le taxi et équivalent au métro, cela vous permet de varier les plaisirs".
Cette idée de scooters verts "est avant tout une aventure humaine et familiale". Elle a émergé lorsque les quatre fondateurs (Luc, son frère et deux de leurs amis) étaient ensemble à Munich après des études en école de commerce. À ce quatuor, s'ajoutent deux autres personnes, ingénieurs, jumeaux des deux amis de Luc, qui ont notamment monté tout le système intelligent de YUGO. Proches de l'industrie automobiles où ils ont travaillé pour de grandes marques allemandes (BMW, Audi), l'idée a émergé suite à leur fréquente utilisation de Drive Now, un concept de car sharing. "Mais on s'est rapidement rendu compte que c'était plus cher et surtout qu'il était très difficile de trouver un emplacement pour garer sa voiture. On s'est alors dit que le scooter pouvait être l'alternative parfaite pour développer le concept. Et Barcelone s'est imposée à nous à la fois pour le temps (plus de 300 jours de soleil par an) mais aussi pour la forte culture du deux roues que possède la ville". De plus, Barcelone, deuxième ville la plus polluée d'Europe, est depuis quelques années, mais surtout depuis quelques mois, fortement engagée dans le développement durable, d'autant plus qu'une grande partie de la pollution est due au trafic.
Partis de rien, ils se sont installés à Barcelone en mettant en place un site web destiné à présenter leur idée et à entrer en contact avec des clients potentiels pour échanger sur ce qui pouvait leur plaire dans le concept. "On a acheté le premier scooter en décembre 2015 pour faire des tests. C'était surtout une période où on entrait en contact avec les utilisateurs. En février 2016, on a acheté trois scooters. On a ouvert le service sur une grande zone car sinon ça n'avait pas d'intérêt, ce qui nous a demandé beaucoup d'implication!". En effet, les utilisateurs pouvaient réserver le scooter mais il était rare qu'il soit proche d'eux. L'équipe se chargeait alors, via Whatsapp, de rentrer en contact avec eux et de leur amener le scooter dans un intervalle d'un quart d'heure. "C'était contraignant mais on a vite remarqué que le concept plaisait, ce qui nous a conduit en avril à acheter une vingtaine de scooters tout en procédant de la même manière afin de bien répartir les engins dans la ville. On a passé un été sur nos scooters pour contrôler la répartition, recharger et changer les batteries et à la fin de la période, on a fait notre première levée de fonds à laquelle ont participé deux investisseurs français". Aujourd'hui, la flotte s'élève à 60 scooters avec des ajouts fréquents ce qui leur permet de passer moins de temps sur le terrain et plus dans la gestion, notamment pour améliorer la technologie et l'application. Ils ont aussi pu embaucher de nouvelles personnes afin de renforcer l'équipe, notamment pour changer les batteries.
C'est en effet là que réside la véritable ingéniosité de la startup: cette technologie permettant de tout faire via son smartphone. "Les scooters nous arrivent "nus" et après, c'est à nous de les programmer pour en faire un service de mobilité intelligente". Après la réception des scooters de leur fournisseur allemand, il faut compter entre trois semaines et un mois pour qu'ils soient opérationnels (implantation de la technologie, formalités administratives...). "Avec ça, on espère pouvoir changer la vision des gens sur la mobilité, même si ça n'a pas toujours été simple. Les gens sont souvent sceptiques sur l'autonomie, la puissance des scooters. De plus, l'autre problème pour nous, c'était de pouvoir présenter un véhicule à la fois écologique et beau, fun, qu'on prenne plaisir à conduire. C'est pour ça qu'on a choisi ce design rétro, parce qu'on croit pertinemment que c'est avant tout une histoire de plaisir. Le même type de service existe à Paris avec les voitures, mais c'est juste un moyen de se déplacer car elles ne sont pas belles. Là, tu profites vraiment de ton déplacement". De même, YUGO cherche à donner une autre vision de la propriété. "Dans une ville comme Barcelone, c'est compliqué de se garer. Avec ces scooters, tout est bénéfique: pas de frais d'entretien, pas de problème pour le ranger, le recharger et l'assurance est comprise. On essaye de montrer aux gens que la propriété n'est pas la seule solution et que la location peut être beaucoup plus rentable".
L'implantation de la startup à Barcelone semble donc être une réussite pour ces Français. "Je ne sais pas si c'est plus difficile en France, ce qui est sur, c'est que monter son entreprise est compliqué. Il y a toujours des problèmes, des urgences à gérer, c'est un peu les montagnes russes mais c'est aussi ce qui en fait une vraie expérience professionnelle". S'installer est une chose, se faire connaître en est une autre. Luc Ougeot et ses amis ont notamment pu compter sur la communauté française installée à Barcelone. "C'est vrai qu'au départ, on s'est pas mal appuyé sur l'écosystème français qui nous a bien aidé". La French Tech dont ils sont partenaires ou encore La Peña, groupe d'entrepreneurs au sein duquel ils ont trouvé deux investisseurs, les ont aidé à avancer. "Depuis quelques mois, nous sommes aussi membres de The Family, une communauté de startups basée à Paris qui accompagne les différentes entreprises. On est devenu l'une des premières startup françaises à l'étranger à être membre de cette communauté". Si l'écosystème français est une des bases de leur développement, ils cherchent désormais à élargir leur champ d'action et leur influence, d'autant plus que la majorité de leurs clients sont espagnols. "On doit avoir 60% des utilisateurs qui sont espagnols et 40% d'étrangers. Il y a beaucoup d'expatriés ou d'étudiants. Comme ils ne savent pas combien de temps ils vont rester, ils préfèrent louer un scooter plutôt que d'en acheter un. Avec ça, on peut une fois de plus inculquer une nouvelle façon de concevoir la propriété qui, à nos yeux, est dépassée ".
Et maintenant que le projet s'est stabilisé, quelles sont les ambitions de YUGO? "Pour l'année 2017, on veut vraiment confirmer sur Barcelone en augmentant la flotte. On veut aussi s'étendre à Madrid en priorité, ce qui devrait être le cas au printemps normalement avec une petite flotte de 25 à 30 scooters en reproduisant le même schéma qu'à Barcelone sans les erreurs!". C'est donc vers une dynamique d'expansion que se dirige l'entreprise avec ensuite la volonté d'étendre le service sur Valence ou encore Séville. Toutefois, l'équipe centrale devrait rester sur Barcelone, avec l'installation provisoire d'un ou de deux membres sur Madrid afin de mettre en place le service et de gérer les débuts: "On va chercher à le développer de la même manière qu'à Barcelone en recrutant une petite équipe avec des citymanagers, des personnes pour s'occuper de la répartition des scooters et d'autres pour les batteries".
A terme, les ambitions de YUGO sont plus élevées, et surtout, les fondateurs ne se mettent pas de barrière: "Comme nous sommes propriétaires de la technologie, il est possible de mettre en place le service partout mais surtout sur tout type de véhicule. Si on veut se développer sur Oslo, le scooter ne sera pas porteur. Mais on peut imaginer le faire sur des voitures électriques par exemple et comme ça atteindre des marchés dans toute l'Europe". S'ils sont conscients que la concurrence est rude en Europe où des services du même genre existent déjà (Drive Now en Allemagne, Autolib à Paris), ils possèdent toutefois certains avantages. "Le monde de la mobilité change très vite, c'est une vraie course contre la montre, d'autant plus que les grands groupes automobiles s'y mettent aussi. Mais, ils sont très lents. Avec notre système, on dispose d'une plus grande flexibilité qui nous permet une réaction et une adaptation beaucoup plus rapide". En résumé, YUGO n'est pas seulement un scooter électrique, c'est avant tout une technologique innovante et intelligente.
Quand vient la question du regard porté sur le travail accompli, Luc sourit: "Déjà, c'est une aventure humaine géniale. On est frères ou amis et le faire ensemble, c'est super. On a du mal à se rendre compte de tout ça et en même temps, on en est très fiers". Surtout, il insiste sur la réactivité que cela lui a apporté. "À tout problème, il y a une solution. Alors oui, on a connu des moments très compliqués, mais on a surtout appris qu'il ne faut jamais baisser les bras et qu'il faut être capable de s'adapter. Et surtout, on a acquis une vraie expérience entrepreneuriale".
Pour devenir utilisateur de YUGO, rendez-vous sur le site internet de l'entreprise pour votre inscription. Vous seront demandées des informations personnelles, votre numéro de carte bancaire, la photo de votre passeport ou de votre carte d'identité ainsi que celle de votre permis de conduire. Si habituellement, l'inscription coûte 29,90 euros, elle sera gratuite pour les lecteurs du petitjournal.com en passant par le lien FREEYUGO, avec en prime 30 minutes d'utilisation gratuite. Vous serez ensuite débités 0,19 euros par minute de trajet. N'hésitez plus et rejoignez la famille YUGO !
Plus d'information sur le site web de YUGO ou sur sa page Facebook.
Propos recueillis par Clémentine COUZI (www.lepetitjournal.com - Espagne) Vendredi 3 février 2017
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