Le tourisme est de retour à Barcelone. Il insuffle un vent de joie pour les professionnels du secteur, mais soulève aussi de nombreuses critiques.
Après la Semaine Sainte, l'heure est au bilan pour les professionnels du tourisme à Barcelone : la ville a atteint 90% d'occupation hôtelière, bien que les visiteurs asiatiques ne soient pas encore revenus. Une situation qui semblait presque oubliée après deux années de pandémie. La mairie de Barcelone s'est dite très satisfaite de cette récupération, reconnaissant qu'après "une profonde crise économique, l'apport des visiteurs est important pour la récupération de la ville".
Retour des touristes : soulagement ?
Si les professionnels du tourisme peuvent enfin souffler en observant le retour des touristes étrangers, d'autres craignent que la ville n'ait pas tiré les leçons reçues lors de la pandémie. La préoccupation principale : que toute l'économie locale se tourne encore une fois en exclusivité vers le tourisme étranger, au détriment du bien-être des locaux, avec des boutiques de souvenirs à tous les coins de rues.
Selon Jordi Rabassa, conseiller municipal du quartier de Ciutat Vella, le retour du tourisme de masse à Barcelone "n'apporte rien de positif ni pour les voisins ni pour l'économie de proximité". Il s'est même plaint de "foules insupportables de visiteurs" au cours du week-end dernier. Des déclarations qui ont fait bondir les professionnels du secteur, qui y voient de la "tourismophobie" et regrettent le manque de considération à leur égard après deux années de grandes pertes économiques.
... ou mauvais signe ?
En l'absence de visiteurs étrangers durant la pandémie, la ville a en effet appris à valoriser l'économie de proximité et la diversification, nécessaires pour maintenir un équilibre économique et préserver le niveau de vie des habitants. Le tourisme et la spéculation immobilière avaient créé un déséquilibre et une crise du logement pour les locaux.
Avec le retour des touristes et de l'intérêt pour la ville, les plateformes civiques et les associations de voisins veulent éviter les mêmes erreurs. L'association Barcelona Futur a organisé une réunion avec les principaux représentants du secteur pour réclamer la fin des locations touristiques illégales, prévenir les problèmes qui peuvent surgir et les situations à éviter. En ligne de mire, les appartements et chambres touristiques non déclarées, mais aussi toutes les activités illégales qui se nourrissent du tourisme : les vendeurs de boissons à la sauvette, les "bici-taxis", les top manta, étcétera.
Décentraliser le tourisme
Selon l'agence catalane du tourisme, Barcelone est tout à fait capable d'accueillir tous les visiteurs qui veulent y venir. La ville ne semble pas vouloir renoncer à son attractivité touristique, bien au contraire. Le département tourisme de la mairie de Barcelone mise sur une dé-massification du centre-ville et une réorganisation des sites les plus visités pour tenter de réguler le tourisme. La municipalité veut d'une part réorganiser les flux de visiteurs, pour éviter les effets de masse sur les sites les plus touristiques comme la Sagrada Familia par exemple ; et d'autre parte libérer les zones surexploitées en créant de nouvelles attractions touristiques pour les visiteurs.
La Casa Batlló est un exemple de bonne pratique et l'une des attractions touristiques les plus populaires de Barcelone. Le bâtiment, qui fait partie du Patrimoine mondial de l’UNESCO, constitue l’une des attractions culturelles et touristiques les plus prisées, en accueillant 1 million de visiteurs par an. Sensibilisé à la question du tourisme de masse, l'espace a remporté en 2022 le prix du tourisme durable remis par le consortium du tourisme de la ville de Barcelone, pour son engagement en la matière et sa capacité à promouvoir la durabilité du patrimoine culturel à l'échelle environnementale, économique et sociale.