Le nombre de vendeurs qui pratiquent le "top manta" ne cesse d’augmenter dans le centre de Barcelone ces dernières semaines. Les commerçants locaux craignent cette concurrence à l’approche des fêtes.
Ces dernières semaines, le phénomène du "top manta" a encore pris de l’ampleur à Barcelone. Le terme fait référence à la couverture -"manta" en espagnol- sur laquelle des objets vendus à la sauvette, dans la rue, sont exposés. Et il désigne donc la vente de produits en tous genre, des DVD aux lunettes de soleil, en passant par les casquettes, la plupart du temps falsifiés, par des vendeurs ne disposant d'aucune autorisation pour exercer leur activité. Le "top manta" ne peut être dissocié de l'immigration clandestine d'une part, pùisque c'est une des rares activités que les sans-papiers peuvent exercer pour gagner de quoi vivre, ni des mafias qui profitent de ce système d'autre part, en fournissant de marchanises les vendeurs.
Augmentation exponentielle
Ces derniers jours, dans le centre de Barcelone, et notamment sur la Plaça Catalunya, le nombre de ces vendeurs a massivement augmenté. Alors qu’habituellement une vingtaine d’entre eux étaient présents dans ce lieu de passage très connu de la capitale catalane, le journal La Vanguardia rapporte qu’une centaine de vendeurs avaient notamment installé leur marchandise sur la place dimanche 11 novembre. Un nombre qui se maintient depuis une semaine.
Comme sur le front de mer barcelonais, le "top manta" semble donc maintenant bien installé dans le centre ville. De quoi susciter les inquiétudes de certains habitants, soucieux de l’image négative que la pratique peut véhiculer à l'extérieur. Cet été en effet, l’agression d’une touriste américaine pour un vendeur ambulant a beaucoup fait parler dans les médias étrangers.
Des commerçants soucieux
Mais les commerçants aussi sont inquiets. Comme les entreprises, le "top manta" s’adapte aux saisons. Si le phénomène prend de l’ampleur à quelques semaines de Noël, c’est aussi afin de satisfaire les envies shopping des touristes, et de toutes personnes en quête de cadeaux pour leurs proches.
La plateforme "Affectés par le Top Manta" (‘Afectados por el Top Manta’), qui regroupe autour de 500 organisations citoyennes et de commerçants, s'inquiète de voir l’augmentation de l’offre et des points de vente. Elle dénonce aussi l’inaction des autorités locales et de la maire Ada Colau.
Surtout préoccupés par le fait d'être concurrencé par ces vendeurs ambulants, les commerçants craignent également que le "top manta" ne continue de donner une mauvaise image de la ville et n'éloigne d’elle les touristes qui auraient pu venir consommer chez eux en cette période de fêtes.
D'après eux, le phénomène serait ainsi synonyme de plus de 7 milliards d’euros de pertes par an pour les industries espagnoles concernées, soit une perte directe de 67.000 emplois chaque année.