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Pourquoi les indépendantistes ont perdu la majorité au parlement ?

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Écrit par Léa Surugue
Publié le 11 octobre 2018, mis à jour le 14 octobre 2018

En désaccord sur la nomination de députés pour remplacer Carles Puigdemont et Antoni Comín (en Belgique), Jordi Sánchez, Jordi Turull et Josep Rull (en prison), les indépendantistes catalans d’Esquerra Republicana de Catalunya et Junts Per Catalunya ont perdu la majorité. Cela n’a pas empêché le vote d’une résolution "abolissant la monarchie".

 

Tout au long de la semaine écoulée, les lignes de fracture sont apparues clairement entre la gauche indépendantiste d’Esquerra Republicana de Catalunya (ERC) et le parti Junts Per Catalunya (JxCat) de Carles Puigdemont. Le divorce est d’ailleurs consommé le 9 octobre : les indépendantistes ont perdu leur fragile majorité au parlement. Retour sur un nouvel épisode de ce feuilleton politique.


4 voix non comptabilisées et stratégies opposées

Au départ, c’est une décision de justice de la Tribunal Suprême de suspendre les droits politiques de 4 députés de JxCat, poursuivis pour délit de rébellion, qui est à l’origine de ce nouveau rebondissement. Il s’agit des députés Carles Puigdemont toujours en fuite en Belgique et de Jordi Sànchez, Jordi Turull et Josep Rull, placés en détention préventive.

Alors que le parlement a repris ses sessions suite aux vacances parlementaires, Junts Per Catalunya a maintenu sa position de ne pas nommer de remplaçants à Puigdemont et aux trois autres députés. Par conséquent, leurs votes ne peuvent donc pas être comptabilisés lors des séance plénières.

"Ils refusent de nommer des remplaçants parce-que ce serait obéir à la justice espagnole. Leur logique est de se présenter contre la légalité espagnole, donc ils refusent de se soumettre à la décision de justice, quitte à perdre la majorité", souligne Montserrat Baras, professeure de sciences politiques et de droit à l'Université Autonoma de Barcelone.

Par ailleurs, le Bureau du Parlement a décidé de ne pas autoriser le vote par procuration pour ces quatres parlementaires. Une vraie division apparaît désormais entre ERC et JxCAT, alors qu’ils semblent de plus en plus poursuivre des strategies differentes. Alors que ERC et Roger Torrent, le président du parlement, prônent un retour à un indépendantisme modéré et respectueux des lois espagnoles, Carles Puigdemont et les autres députés de JxCat continuent à défier les institutions et à rejeter la légalité espagnole.

"ERC et Torrent souhaitent le dialogue. Ils ont vu que les stratégies employées jusqu'à maintenant sont un échec. Ils veulent former une majorité plus sociale et tenter de discuter, ce qui accentue les divisions avec JxCat", ajoute Baras.


Un nouveau rapport de force

Avec les voix en moins de ces quatre députés, les forces indépendantistes se voient privées d’une majorité. Disposant préalablement de 70 voix (la majorité absolue étant à 68), ils n’en n’ont désormais plus que 65 (61 sans compter la CUP qui dit faire partie de l’opposition). Les forces souverainistes et anti-indépendantistes disposent également de 65 voix.

Conséquence de ce nouveau rapport de force : un certain nombre de résolutions a été bloqué au cours de la semaine. Cela a particulièrement été le cas lorsque la CUP a émis une proposition qui proclamait "le droit inaliénable de la Catalogne à l'autodétermination". JxCat, ERC et CUP ont voté en faveur du texte et dans des conditions normales, la résolution aurait été approuvée. Mais sans les quatre voix des députés accusés et celle d’Antoni Comín (ERC), également réfugié en Belgique, les indépendantistes n’avaient plus que 65 députés pour voter la résolution, exactement comme l’opposition qui a voté contre.

Une résolution réclamant un référendum négocié a en revanche pu être votée grâce au soutien de la CUP et des députés d’En Comú-Podem. Plus récemment, le 11 octobre, le parlement a également approuvé une résolution condamnant le roi et son positionnement dans le "conflit catalan" et demandant l’abolition de la monarchie. Celle-ci a pu être votée là aussi avec l’appui de En Comú-Podem. Pedro Sánchez a d’ores et déjà affirmé que son gouvernement prendrait toutes les mesures légales à sa disposition pour protéger la constitution et la monarchie.

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