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Menacés à Barcelone, Uber et Cabify résistent à Madrid

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Photo by Lexi Ruskell on Unsplash
Écrit par Victoria Philippe
Publié le 24 janvier 2019

Les chauffeurs de taxi de Barcelone ont convenu ce jeudi de mettre fin à la grève entamée il y a six jours pour exiger plus de réglementation du secteur de la location de véhicules avec chauffeur (VTC), tandis qu'à Madrid, les manifestations se sont intensifiées.

 

Les chauffeurs de taxi de Barcelone ont mis fin dans la nuit de mercredi à jeudi à la grève qu’ils menaient depuis six jours pour exiger des restrictions à l’activité des VTC, après un vote serré en assemblée générale.
"La grève est levée à partir de six heures" du matin, a annoncé sur son compte Twitter la section barcelonaise du syndicat Elite taxi, qui dénonçait la concurrence selon lui "déloyale" des véhicules de transport avec chauffeur (VTC) de type Uber ou Cabify.

Le syndicat a indiqué que sur 4.474 chauffeurs ayant voté, 2.508 avaient décidé la fin de la grève entamée le 18 janvier, tandis que 2.177 auraient voulu la prolonger. Ainsi, les chauffeurs de taxi de Barcelone ont mis fin à la grève et ont repris le travail, mais dans un climat de division au sein du collectif.


Barcelone, laboratoire de la future (non) cohabitation taxis-VTC ? 

Dévoilée vendredi, une nouvelle réglementation devait obliger les usagers d’Uber ou Cabify à réserver au moins 15 minutes à l’avance. Un délai jugé bien trop insuffisant par les taxis qui réclamaient une réservation avec 12 ou 24 heures d’avance.

Mardi, le gouvernement régional avait déclaré qu’il laisserait aux municipalités la possibilité d’allonger le délai obligatoire de réservation "jusqu’à un maximum d’une heure", selon une porte-parole. La maire de Barcelone Ada Colau avait indiqué mercredi que ce délai d’une heure allait être appliqué dans la métropole catalane.

La nouvelle réglementation catalane interdit aussi la géolocalisation pour les VTC, ce qui signifie que les usagers ne pourront plus trouver la voiture la plus proche grâce à l’application. 

Dans un communiqué, l’association Unauto VTC a critiqué "une mesure sans précédent" et confirmé que "les restrictions annoncées supposent la disparition, en Catalogne, du secteur des VTC (…) et la destruction de plus de 3.000 emplois", tout en assurant "étudier toutes les mesures légales pour lutter contre cette régulation injuste, dictée par le secteur du taxi et encouragée sous des menaces inacceptables dans un Etat de droit".

Après avoir pris connaissance des mesures, les employeurs du VTC, Uber et Cabify ont menacé de quitter la capitale catalane. "Si les restrictions aux VTC annoncées hier (mardi) par la Generalitat sont finalement approuvées, nous ne pourrons pas continuer à fournir notre service UberX à Barcelone", a dit un porte-parole d'Uber, appelant à prendre en compte "les milliers de conducteurs et d'usagers des VTC en Catalogne".


La grève illimitée se poursuit à Madrid 

Tous les regards se portent à présent sur Madrid, où les chauffeurs de taxi ont commencé, lundi 21 janvier, une grève générale à durée indéterminée. Dans la capitale, le gouvernement régional a annoncé qu’il "ne cédera pas". "Je ne suis pas disposé à légiférer pour expulser un secteur" a déclaré le président conservateur de la région de Madrid, Angel Garrido, à la sortie d’une réunion houleuse avec les chauffeurs de taxi. 

Les associations de taxis ont assuré leur volonté de faire une "longue" grève jusqu'à ce qu'elles atteignent leur objectif de réglementation du VTC. Ils ont organisé des actions de protestation ce matin et ont de nouveau coupé la M-40 dans les deux sens et bloqué l'accès à Ifema à l'occasion de l'inauguration de Fitur (Foire internationale du tourisme). L'action a nécessité l'intervention des forces de sécurité qui ont inculpé les manifestants et arrêté l'un d'entre eux.

Les chauffeurs de taxi de Madrid ont convenu en assemblée de continuer à se concentrer à Ifema pour exiger une régulation automatique du service de location de véhicules avec chauffeur (VTC) et ils réaliseront une grande marche lente sur la M-40.  Le porte-parole de la plateforme de Caracol, Daniel Velilla, a précisé que cela avait été décidé lors de l'assemblée, celle-ci se déroulera à 18h00. 


L’Espagne n’est pas un cas isolé en Europe

La tension qui existe entre les chauffeurs de taxi et le VTC n’est pas unique à l’État espagnol. En Europe, chaque pays a sa propre réglementation en matière de coexistence entre les chauffeurs de taxi et les conducteurs de VTC. Dans la plupart des cas, il y a déjà eu des différends.

Uber, la plateforme de transport privé la plus répandue en Europe, était présente dans 65 pays en 2018 et dans plus de 650 villes.
En 2017, la Cour de justice de l'Union européenne a conclu que les services de transport tels qu'Uber devaient être réglementés comme des taxis. L'Europe s'est alors positionnée en faveur des chauffeurs de taxi. La Cour a estimé qu'Uber était comparable à un service public et devait donc être soumis à des réglementations et à des licences 

En France, la coexistence entre véhicules VTC et taxis est similaire à celle de l'Espagne, au point que les chauffeurs de taxi ont annoncé des mobilisations vendredi prochain. À Paris, il y a deux fois plus de taxis que de véhicules privés avec chauffeur. En outre, la France est l’un des pays pionniers à vouloir faire avancer le précontrat minimum de 15 minutes à l’avance, mais le Conseil d’État ne l’a jamais approuvé.

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